Tiamat

Artiste/Groupe

Tiamat

CD

Wildhoney

Date de sortie

1994

Label

Style

Metal gothique et progressif

Chroniqueur

Orion

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

Attention, chef d'oeuvre !
Et virage artistique réussi pour Tiamat qui, jusqu'alors, officiait dans un Death Metal pas forcément très marquant et qui prend ici un tournant gothique prononcé que l’on n’avait pas vu venir, suivant ainsi l’exemple des Anglais de Paradise Lost et de leur magnifique Icon paru l’année précédente.

N’y allons pas par quatre chemins, Wildhoney est l’Album de Tiamat (oui, avec un grand A), celui qu’il faut absolument posséder de ce groupe aux multiples visages. Car oui, Tiamat est un groupe qui ose (ou en tout cas osait) prendre des risques. Le gouffre musical qui existe entre Wildhoney et les albums précédents du combo en est la preuve flagrante. Mais parfois, les risques sont payants. Et c’est le cas ici.

C’est d’ailleurs une pochette très colorée qui nous accueille, à l’opposé des pochettes précédentes (et du style en général). Celle-ci inspire quelque chose de positif. Elle est pourtant l’œuvre de Kristian Whalin, plus connu sous son pseudo Necrolord et qui est, ici, dans un registre bien plus coloré et joyeux que d'habitude.
Et comme la pochette, la musique surprend, surtout si on a connu les albums précédents des Suédois. Loin du Death Metal des premiers jours, c’est une intro bucolique avec chants d'oiseaux qui nous accueille, la musique est douce puis c’est un riff bien lourd qui apparaît. Arrive une voix chuchotée. Les guitares ne sont pas saturées sur les couplets, mais elles le sont sur le refrain où quelques growls font leur entrée, sans pour autant que le tempo ne s'affole. Puis vient un passage en percussions uniquement. Tiamat prend son temps pour construire une véritable atmosphère, s’inspirant du rock progressif.
Le morceau est à peine terminé que le suivant commence (The Ar), avec une mélodie au piano qui sert de pont entre les deux morceaux. Les chœurs majestueux du début du titre qui reviennent régulièrement nous plongent dans un Metal d’inspiration gothique. Le titre est doté d’un bridge limite indus avec ses bruitages de machines. Sur la reprise, la voix chuchotée devient narrative. Puis de nouveau, on passe au morceau suivant sans s’en rendre compte. En fait, dans cet album, quasiment tous les morceaux s'enchaînent (on devrait dire s'emboîtent), reliés parfois par des interludes instrumentaux (25th Floor, Kaleidoscope) si bien que l'on a l'impression d'écouter un seul titre, découpé en dix chapitres.

Il convient à ce stade d’évoquer le rôle important joué par Waldemar Sorychta, l'acteur de l'ombre, qui a non seulement produit l'album mais a aussi joué les parties de synthé et co-composé trois titres, dont l'instrumental 25th Floor qui suit The Ar et qui est d'inspiration très indus lui aussi. Son apport à cette œuvre ne doit pas être minimisé. D’autant qu’à l’époque de l’enregistrement de Wildhoney, Tiamat n’est plus composé que de deux membres permanents : Johan Edlund (voix et guitares) et Johnny Hagel (basse).

Changement de décor ensuite avec le majestueux Gaia et son solo limpide à la David Gilmour. On sent poindre d'ailleurs l'influence Pink Floyd par endroits et notamment sur ce titre, influence qui va prendre une place bien plus importante sur les albums suivants et notamment le déroutant A Deeper Kind Of Slumber qui suivit ce Wildhoney. Le piano tient également, sur ce morceau, une place importante.
Visionnaire est un peu plus teigneux à cause de la voix de Johan qui se fait plus dure, mais le rythme reste très lent. Synthé et guitares construisent la mélodie.
Le petit interlude Kaleidoscope, quelques notes de guitare sous la pluie et l’orage, introduit Do You Dream Of Me?, un morceau très calme, sans guitares saturées où l’influence Pink Floyd se fait de nouveau sentir. On se rend compte également que Johan Edlund est un vrai caméléon vocal.
Planets est un instrumental assez planant (logique, vu le nom du morceau) avec un synthé en première ligne et c’est le titre A Pocket Size Sun qui clôt l’aventure, titre sur lequel Johan est rejoint par une voix féminine narrative (Birgit Zacher). Encore une fois, le style est progressif, voire psychédélique (ce titre parle du LSD apparemment). Ainsi se termine le voyage. Le seul regret que l’on peut avoir à l’écoute de cet album, c’est sa durée (quarante-deux minutes), car on en aurait bien repris une double dose.

Evidemment, on est ici à mille lieues du Death Metal. Certains ont forcément dû être déçus à l’écoute de cet album car le groupe est méconnaissable. Néanmoins, Tiamat n’a jamais autant vendu d’albums qu’avec Wildhoney, qui restera longtemps la plus grosse vente du label Century Media, et il est passé du statut de "groupe noyé dans la masse" à celui de groupe original et novateur.

Le "hic" avec de tels albums, c’est qu’il faut savoir les reproduire ou du moins, rester au même niveau, ce que Johan Edlung n’arrivera pas à faire avec les albums suivants. Entre albums carrément oubliables, simplement passables ou plutôt sympathiques, jamais un seul n’arrivera à la cheville de ce Wildhoney. Un album qui aura aussi une énorme influence sur d’autres groupes extrêmes qui s’essaieront à l’exercice avec plus ou moins de bonheur (Moonspell pour le plus, Rotting Christ pour le moins).

 

Tracklist de Wildhoney :

01. Wildhoney
02. Whatever That Hurts
03. The Ar
04. 25th Floor
05. Gaia
06. Visionaire
07. Kaleidoscope
08. Do You Dream of Me?
09. Planets
10. A Pocket Size Sun

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