S'il n'est pas le plus connu de la sphère du metal progressif, Threshold n'en est certainement pas le groupe le moins talentueux, bien au contraire. Depuis presque vingt-cinq ans maintenant, les Anglais n'ont cessé de promener leur musique empreinte d'une certaine classe, sans jamais flancher réellement niveau qualité. Ce qui est une petite prouesse, le groupe sortant aujourd'hui avec Legends Of The Shires son onzième album studio, rien que ça. Changement de taille, exit Damian Wilson, pour un retour au micro de Glynn Morgan, qui officiait à ce poste-là tout au début du groupe. Une chose est certaine, entre ces deux chanteurs et le regretté Andrew «Mac» McDermott, Threshold a toujours su choisir ses chanteurs. 

Et pour la cuvée 2017, le groupe a mis les petits plats dans les grands. Quatre-vingts minutes mais répartis en double album, ce qui permet une digestion bien plus facile de la musique. Et parmi les quatorze titres, on trouvera de tout. Des titres mélodiques, un élan d'agressivité, de la virtuosité et deux titres fleuve. Il y en a pour tous les goûts. Et ça commence fort avec Small Dark Lines, un titre excellent qui représente à lui seul la patte Threshold. C'est plutôt concis (cinq minutes) et pourtant le groupe arrive à imprimer ses propos sans problème. Le solo a juste ce qu'il faut de prog, et le refrain... aux petits oignons et à la mélodie divine. On est déjà conquis. D'autant plus que juste derrière arrive le morceau le plus long avec The Man Who Saw Through Time. Le grand écart ? Pas forcément. Car malgré la longueur du titre, une nouvelle fois Threshold fait montre d'une certaine "facilité" d'écoute, alors que le titre est bien complexe. Une nouvelle fois, la virtuosité des musiciens n'a d'égal que la classe de Glynn Morgan, incroyable de talent lorsqu'il s'agit de faire passer les émotions. Le refrain est une nouvelle fois une petite pépite de mélodicité ; quant aux nappes de claviers et aux solos de guitares, s'ils sont légion sur le titre, c'est parfait, limpide et toujours bien amené.
Autre titre fleuve, Lost In Translation, qui a justement servi de premier single (sympa d'ailleurs la démarche d'envoyer en promo un des gros morceaux de l'album). Même constat que son frère mentionné plus haut, Threshold voit juste en ne se noyant pas dans le non sens. 

Vous êtes en mal d'émotions ? Ecoutez alors Stars And Satellites et son ambiance très typée eighties, ou encore la très belle ballade The Shire (Part 2), tout en acoustique, jamais mièvre, toujours prenante. Une des nombreuses pépites de cet album. Sa petite soeur, State Of Independence, du même acabit, éclabousse l'auditeur de sa beauté, sans jamais faire retomber le soufflet.
L'album se clôture sur Swallowed, autre titré empreint d'une grande mélancolie. Parfait pour terminer ce beau voyage. Mais ne croyez pas que Threshold se ramolit, si vous voulez de l'efficacité, vous aurez de quoi faire. Trust The Process, Subliminal Freeways, Superior Machine et Snowblind sont des bons exemples et convaincront sans mal les plus sceptiques. 

Bref, vous l'aurez compris, nos Anglais nous livrent un album majeur dans leur discographie. Aucune fausse note, aucune longueur à déplorer, Threshold c'est juste la classe à l'état pur et la certitude de tomber sur une musique intelligemment composée et à l'interprétation sans faille. Un album à mettre aussi bien entre les mains des initiés que des néophytes au metal progressif. Tout le monde y trouvera son compte, pour peu que l'on apprécie la bonne musique tout simplement.

Tracklist de Legends Of The Shires :

CD1 :

01. The Shire (Part 1)
02. Small Dark Lines
03. The Man Who Saw Through Time
04. Trust the Process
05. Stars and Satellites
06. On the Edge

CD2: 

01. The Shire (Part 2)
02. Snowblind
03. Subliminal Freeways
04. State of Independence
05. Superior Machine
06. The Shire (Part 3)
07. Lost in Translation
08. Swallowed