Artiste/Groupe:

Thin Lizzy

CD:

Thunder And Lightning

Date de sortie:

1983

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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Quelle tristesse ! Jeune fan de Hard Rock à l'époque, c'est au moment où je découvre Thin Lizzy avec son album Life que le groupe tire sa révérence... définitivement.
En me penchant un peu plus tard sur les albums studio du groupe, celui qui m'a le plus marqué (et de loin) est celui-ci, le dernier. Les autres m'ont moins accroché l'oreille à l'époque (c'est venu plus tard) pour une raison très simple : j'étais fan des groupes de la NWOBHM et Thunder And Lightning est définitivement l'album de Thin Lizzy qui s'en rapproche le plus. Les Irlandais avec cet album avaient considérablement durci le ton.

En effet, avec les deux albums précédents, Chinatown et Renegade, Thin Lizzy donnait l'impression de courir après les jeunes loups de la New Wave Of British Heavy Metal mais sans toutefois y parvenir, autant sur le plan de la niaque que du son. C'est peut-être bien l'arrivée au sein du groupe du guitariste John Sykes qui a changé la donne. Il faut dire qu'il remplace Snowy White, un guitariste plus influencé par le Rock que le Metal. John Sykes, lui, débarque de Tygers Of Pan Tang, un des nombreux groupes de la NWOBHM justement. Et celui-ci, même s'il est arrivé un peu tard pour prendre part au processus de composition (il livre tout de même Cold Sweat, le titre le plus fougueux de cet album avec le titre éponyme), amène un nouveau son à Thin Lizzy, plus tranchant, plus dans la mouvance de l'époque. Il amène aussi sa vivacité et sa jeunesse (il a à peine vingt-quatre ans alors) qui fait un grand bien au groupe.
Au niveau de la composition puisqu'on l'évoque, Thunder & Lightning est un vrai travail de groupe. Tous les membres participent à sa conception. Ainsi Scott Gorham co-signe deux titres, le batteur Brian Downey en co-signe deux autres dont l’énergique Thunder And Lightning, alors qu’il n’avait rien composé pour le précédent album. Le claviériste Darren Wharton, enfin considéré comme un membre à part entière, est de nouveau pas mal sollicité (quatre des dix titres) mais c'est évidemment et comme d’habitude Phil Lynott, crédité sur tous les morceaux, qui livre le plus gros travail. Et le bougre est en forme. En témoignent les deux titres qu'il a écrits seul, le superbe Holy War et le tubesque Baby Please Don't Go (très bon morceau mais largement supplanté par sa version live présente sur Life qui est fabuleuse). C'est amusant ce titre d’ailleurs, c’est à se demander s’il ne lui aurait pas été inspiré par le single écrit par John Sykes l'année précédente, Please Don't Leave Me, (au niveau du thème, pas musicalement), single sur lequel Phil avait posé sa voix et qui fut à l'origine de la rencontre des deux hommes.

L'album s'ouvre sur une tuerie : Thunder And Lightning. Un riff mordant, un Phil Lynott bien agressif avec un débit de paroles impressionnant, une rythmique qui tabasse, des solos de folie (guitare et synthé). La claque d'entrée ! On se calme un peu avec This Is The One, un titre groovy à souhait, porté la belle voix de Phil Lynott. Il donne immédiatement envie de bouger, ce morceau ! Puis on a droit à une ballade avec plein de synthés mais c'est plutôt une réussite (Sun Goes Down), magnifiée par la voix inimitable et chaude d’un Phil décidément très en forme. The Holy War est un autre joyau de cet album, aux guitares mélodiques et au refrain qui reste en tête. C’est la basse qui porte le titre et qui lui donne son groove, irrésistible encore une fois.
Cold Sweat ouvrait énergiquement la seconde face du vinyle comme Thunder And Lightning ouvrait la première. Energique, oui, mais sachez que sa version live sur Life est bien plus incisive. Someday She Is Going to Hit Back avec ses voix doublées fait le boulot mais n’est pas aussi génial que tout ce qui a précédé. Pour les paroles, Phil ne s’est pas trop foulé non plus puisqu’il répète le titre sur une bonne partie du morceau. On leur pardonnera donc cette petite baisse de régime, d'autant qu'on enchaîne avec le tubesque Baby Please Don’t Go déjà évoqué, au refrain particulièrement entraînant. Un des meilleurs morceaux de cet album, à mon humble avis. Puis viennent encore deux titres à ne pas zapper : Bad Habits possède encore un groove endiablé et l’album se termine sur un Heart Attack bien percutant. Cruelle ironie du sort, ce dernier refrain de ce dernier album où Phil chante "I’m dying of a heart attack", quand on sait qu’il est mort suite à une insuffisance cardiaque...
Bref, il s’agit d’un sans faute pour le groupe irlandais. Reste la pochette de l'album qui n’est vraiment pas terrible et ce sera le seul reproche que l’on pourra faire à ce Thunder And Lightning qui nous balance effectivement le tonnerre et les éclairs.

Thin Lizzy avec cet album se replace dans la course et n'a plus grand-chose à envier aux concurrents. Le succès est d'ailleurs au rendez-vous, c'est leur meilleure vente depuis Black Rose, l'album se classe même quatrième des charts anglais et trois singles en seront extraits. Ce qui est dommage, comme dit en préambule, c’est que ce fut le dernier album de Thin Lizzy, Phil Lynott disparaissant moins de trois ans plus tard, alors qu’il parlait justement de la possibilité de réactiver le groupe.


Tracklist de Thunder And Lightning :

01. Thunder And Lightning
02. This Is The One
03. The Sun Goes Down
04. The Holy War
05. Cold Sweat
06. Someday She Is Going to Hit Back
07. Baby Please Don't Go
08. Bad Habits
09. Heart Attack