Artiste/Groupe:

Them Moose Rush

CD:

Don't Pick Your Noise

Date de sortie:

Mars 2018

Label:

TMR Records

Style:

Rock Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

17.5/20

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Le hasard fait parfois bien les choses. Sous l’avalanche de promos reçues, le tri et le choix des groupes que l’on chronique tient parfois de la loterie. Celle-ci nous fait parfois souffrir, souvent rater des perles ou alors confirmer des acquis lorsque l’on veut rester en terrain connu. Et puis, quand les astres sont alignés, cette garce de chance vous fait écouter des trucs improbables sur lesquels, si vous n’aviez jugé que votre bon sens, vous n’auriez même pas jeté un œil. Et là bam, une baffe bienvenue vous frappe et vous rappelle que tout ce que vous croyez savoir est faux. C’est à ce point de notre histoire que se présente le trio croate Them Moose Rush. Après un premier album sorti en 2013, les voilà qui sortent ce mois Don’t Pick Your Noise, un second LP aussi déstabilisant que lumineux. S’ils se présentent eux-mêmes comme un groupe de rock progressif, il serait presque réducteur de cataloguer cet album comme seulement progressif ; il est bien plus que ceci, c’est un terrain de jeu où la règle principale serait de ne pas suivre les règles. Pas de bienséance, pas de fil rouge, Don’t Pick Your Noise est à l'image de ses créateurs : créatif et récréatif.

Tout y passe. C’est un melting-pot post-Punk-Rock-Blues-Metal. Comme le nom du groupe le suggère, c’est une ruée vers l’inconnu. Enfin, l'inconnu, pas vraiment. Tout d’abord, il y a la voix du chanteur guitariste Nikola Runjavec qui fait étrangement penser à celle de Jack White. Après il y a définitivement une touche de folie à la System Of A Down que je n’avais pas eu l’impression de ressentir depuis longtemps. Et puis il y a les influences que l’on croit reconnaitre : Red Hot Chili Peppers, The Talking Heads ou KingBathmat. Eclectique.

Le disque s’ouvre sur Voodoo Stones, une mise en bouche ethno-rock, rythme lent, construction simple voix et instruments qui se superposent progressivement tout au long de la minute quarante du titre. Dumadu Honey est post punk, entre metal et doom. Vedran Marinko Komlen à la batterie nous fait visiter les lieux. Tout en rupture, en dissonances, le titre s’avale sans aucun effort. Oui, il y a de l’âme de SoaD dans ce groupe, je le dis. Le lien avec l’ouverture de Sea Quince est naturel, presque invisible. Ce titre devient pourtant beaucoup plus groove par la suite, presque jazzy par moment. Si Branimir Kuruc à la basse prend sa place, la folie latente de Nikola Runjavec n’est jamais très loin. Ce type doit être un peu psychopathe sur les bords. Un super titre qui donne une bonne impression du travail du groupe. Don’t Pick Your Noise, sous ses allures et ses tonalités post punk un peu sombre et dissonantes, révèle de vraies consonances des RHCP par le travail à la basse et à la guitare de Branimir et de Nikola. Stupid Face est très rock. Un beau rock très bien travaillé comme saurait le faire Jack White. Le couplet répétitif et oppressant, ouvre sur un refrain gai (tout en opposition avec ses paroles…) et hyper musical. C’est limite psychédélique, un vrai régal.

Lethal Dose of Pretty, c’est du rock progressif comme je l’aime. La partie rythmique est remarquable. C’est groove, presque funk par moment, mais toujours rock en fond. Musical et varié, ce titre vaut à lui seul le détour. Anoie est plus expérimental. C’est dissonant dans son ouverture avec une loop de synthé spatial et des guitares distordues. Ce titre devient très rock progressif anglais vers la seconde minute, et se permet d’intégrer des touches reggae et punk. Il ouvre parfaitement la voie à Dreydribble. Dans la même lignée, ce titre fait penser au travail des KingBathmat. Peut-être le morceau le plus raisonnable de l’album. Radio Violence est un titre déjanté, qui oscille entre rock et punk. Les ruptures rytmiques me font penser ici encore au travail de création d’un Serge Tankian. Ce titre est jovial, presque trop facile à aimer. Nevermind Openmind lui aussi à des influences de l’ex-leader de SoaD. Plus musical, il a une tessiture beaucoup plus rock psychédélique que les autres morceaux de l’album. Il offre également une jolie liaison avec le dernier titre de l’album, Whim. Les atmosphères, les rythmiques, les voix tout dans ce titre fait penser aux meilleurs groupes rock progressif anglais, KingBathmat en tête. Un excellentissime titre de fin, le plus long de l’album. Ce détail, qui n’en n’est pas un d’ailleurs, permet également de mettre en valeur l’intelligence du groupe dans le travail de construction de l’album et dans la gestion de la longueur des titres. Don’t Pick Your Noise n’a pas de longueur. Les titres punk sont plus courts, les titres rock progressifs, plus longs.

Comme je l’ai dit, cet album est créatif et récréatif. Il combine efficacement les ambiances passées avec une modernité surprenante. Les musiciens semblent prendre un plaisir enfantin dans leur processus créatif. Il n’y a qu’à voir leurs vidéos. Avec des titres faciles à aborder et à absorber (Radio Violence), une créativité qui ne semble pas avoir atteint ses limites et une envie presque téméraire d’oser de nouvelles choses, Them Moose Rush a, je l’espère, de beaux jours devant lui.

 

Tracklist de Don’t Pick Your Noise :

01. Voodoo Stones
02. Dumadu Honey
03. Sea Quince
04. Don't Pick Your Noise
05. Stupid Face
06. Lethal Dose of Pretty
07. Anoie
08. Dreydribble
09. Radio Violence
10. Nevermind Openmind
11. Whim