Artiste/Groupe:

Them

CD:

Sweet Hollow

Date de sortie:

Septembre 2016

Label:

Empire Records

Style:

Tribute Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

12/20

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Sweet Hollow de Them... Voilà un disque délicat à chroniquer. Et très honnêtement, quand j'ai décidé de me pencher sur cet album, mes dispositions n'étaient pas des plus positives... je me préparais même à me moquer un peu. C'est mal, hein ? Peut-être... mais il faut vous mettre à ma place aussi : il y a plusieurs mois de cela, je tombe par hasard sur la lyric vidéo de Forever Burns... et là, je ne suis pas loin d'être scandalisé. Tous ces musiciens de divers horizons (Mike LePond, bassiste de Symphony X, Kevin Talley, batteur de Suffocation, Markus Johansson, guitariste chez Sylencer, Markus Johansson et Richie Seibel, respectivement gratteux et claviériste de Lanfear, et Troy Knorr, chanteur de Cold Steel) ne se seraient-ils réunis que dans le but de plagier un certain King Diamond ? A l'écoute de Forever Burns, c'est clairement l'impression qui se dégage, non ? Bien sûr, avec un tel nom (Them est un album - et pas le moins connu - de King Diamond) et l'artwork visible sur le net, on l'avait un peu vu venir... mais quand même, cultiver à ce point la ressemblance, ça me laisse perplexe. En faisant quelques recherches, je découvre rapidement que Troy Norr a fondé Them en 2008 et que ce projet n'était, à la base, qu'un tribute band censé reprendre les standards du King en concert. D'accord. Ceci explique donc cela. Mais voilà donc qu'après quelques années passées à chanter les compos d'un autre, Mr. Norr a eu envie d'écrire un vrai album "original" en respectant toutefois le protocole Diamond à la lettre. En gros, le concept : faire du nouveau King Diamond à la place de King Diamond (qui n'a pas sorti d'album depuis 2007, lui). Quelle étrange démarche ! Nous voilà donc encore face à une entreprise nostalgique (le monde artistique en est peuplé, ça en devient inquiétant) qui nous permet de nous interroger sur les concepts d'identité, d'influence, de frontière entre hommage et plagiat... Mais en me lançant dans une écoute approfondie de Sweet Hollow, je me rends vite compte que je ne vais pas pouvoir simplement balayer cet album d'un revers dédaigneux de la main et le crucifier pour le principe. Non, et c'est là que les choses se compliquent un peu.

Bon, vous l'avez deviné, Sweet Hollow est "objectivement" loin d'être mauvais. Là où beaucoup de groupes totalement dépourvus d'ambition ou de personnalité échouent en copiant sur leurs ainés (les récents efforts de Starblind ou Blazon Stone illustrent assez bien cette tendance), Them s'en sort plutôt bien. Parce que, bien que Troy Norr singe complètement son idole (le concept de l'histoire horrifique, le chant entre voix caverneuse et envolées de castra, l'atmosphère étrange et théâtrale...), il a réussi à écrire un album musicalement bien ficelé, prenant et réellement divertissant. Et ça, je ne m'y attendais pas. Est-ce parce que King Diamond n'a rien sorti depuis belle lurette et que Them vient combler un vide ? Est-ce que cela est renforcé par le fait que parmi les six ou sept derniers albums du fameux King, seuls deux ou trois m'ont semblé vraiment réussis ? Peu importe, finalement. Contentons-nous d'observer ce qui nous est donné, et le constat est simple : Sweet Hollow est sacrément catchy et fun ! En plus de cela, il envoie ! Si on enlève l'intro qui mélange instru et narration (Rebirth), The Quiet Room, plage assez calme de moins de trois minutes dont le milieu sonne comme une musique de film de John Carpenter, et le très court interlude instrumental nommé Salve, il reste neuf pistes bien heavy où le tempo est souvent rapide. Je dirais même que, dans l'ensemble, la copie rendue par Them s'avère un peu plus musclée que la (ou les) version(s) originale(s). Des compos comme The Crimson Corpse, Blood From Blood ou The Harrowing Path To Hollow sont musicalement plus proche du thrash que d'autre chose... Bien sûr, il y a souvent des claviers et pas mal de mélodie mais les riffs sont speedés et assassins. Quant à la batterie, elle balaye tout sur son passage. De toute façon, niveau guitares ou section rythmique, c'est le festival. La très bonne performance des musiciens est à souligner. En plus, le son est, lui aussi, impeccable. Quand le tempo ralentit, comme sur Dead Of Night ou FestEvilNorr et ses compagnons nous pondent des mélodies hyper accrocheuses. Le refrain de Dead Of Night est, à ce titre, un modèle d'imparabilité... Difficile de se le sortir de la tête.

Alors, quelle note mettre à un tel disque ? C'est compliqué. Le plaisir immédiat fourni par la galette est indiscutable. L'écriture est de qualité, la production aussi... le niveau des musiciens, n'en parlons même pas... Mais voilà, on en revient toujours à ce petit truc qui dérange : ce groupe n'a pas de personnalité (même si, par moments, la troupe arrive à prendre quelques petites distances avec son modèle). Cela dit, il n'essaie pas de le cacher, on ne pourra pas le taxer d'être malhonnête. A vous de vous faire votre propre opinion et de réserver à Them l'accueil dont vous le pensez digne. Vous en avez marre de ces formations qui refont la même chose que leurs idoles jusqu'à utiliser du papier calque ? Alors, passez votre chemin, parce qu'il y a dans ce Sweet Hollow de quoi vous faire hurler le terme "abusé" plus d'une fois. Vous n'êtes pas réfractaire à cet exercice de style en vogue qui consiste à jouer le rôle d'un autre groupe ? Et vous vous en fichez parce que, ce qui compte avant tout, c'est la qualité de la musique proposée ? Alors vous pouvez laisser sa chance à ce produit bien emballé dont le niveau est plus qu'honorable. Certains diront même que cela faisait bien longtemps qu'on n'avait pas entendu un album de King Diamond aussi sympa...
Et pour la note alors ? Bon sang, je sèche complètement... j'étais parti pour lui en mettre une pas terrible, à cause du plagiat... maintenant, je me dis que l'album est bon et qu'il pourrait presque se prendre un 15 ou un 16. C'est pas facile tous les jours, je vous jure. Allez, je botterais bien en touche mais puisqu'il faut choisir, on va dire 12. Si vous trouvez le principe honteux, retirez quatre points (ou plus), si le concept de tribute band ne vous pose aucun souci, ajoutez-en quatre car Sweet Hollow va vous faire passer un très bon moment. 

Tracklist de Sweet Hollow :

01. Rebirth
02. Forever Burns
03. Down The Road To Misery
04. Ghost In The Graveyard
05. The Quiet Room
06. Dead Of Night
07. FestEvil
08. The Crimson Corpse
09. Blood From Blood
10. The Harrowing Path To Hollow
11. Salve
12. When The Clock Struck Twelve