Artiste/Groupe:

The Soundbyte

CD:

Solitary IV

Date de sortie:

Juin 2017

Label:

ToT Records

Style:

Post Rock

Chroniqueur:

dominique

Note:

16/20

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Il est extrêmement difficile d’aborder l’évaluation d’un disque, ou plutôt d’un projet, comme ce Solitary IV de The Soundbyte. Comment en effet mesurer la valeur d’une œuvre avec une échelle metal alors que cette œuvre peut être considérée comme bien plus que ça ou alors comme tout autre chose ? Utiliser notre référentiel guitare-basse-batterie ? Non, pas viable. Utiliser un référentiel voix et structure musicale ? Encore raté. Reste l’ambiance. Oui, celle-ci est en ligne, pour autant que l’on considère que l’univers post-rock se concentre autour de teintes gris-sombre et d’atmosphères torturées et éthérées.

Non franchement, le travail du trio Trond Engum (guitare et électronique), Rune Hoemsnes (batterie/percussions) et Kirsti Huke (voix) est réellement à part. Il faut dire que, si les deux compères masculins ont un passif Doom metal avec The 3rd And The Mortal, Kristi, elle, est plus connue pour son travail jazz expérimental. Ce côté recherche est peut-être ce qui les a rapprochés ; après-tout, le sieur Trond Engum possède un doctorat en musicologie qui le rend certainement ouvert d’esprit à certaines expérimentations.

Quoi qu’il en soit, le trio norvégien fournit avec ce Solitary IV une œuvre inclassable, oscillant en concerto symphonique, musique sérielle et post rock shoegazien. L’ambiance générale et le ton du disque est immédiatement donné avec Fanfare. C’est volumineux, bruité et étrange. Finalement très proche d’une bande son de film genre 2001 l’Odyssée de l’Espace ou encore Orange Mécanique. Cette atmosphère se poursuit avec l’hypnotique et répétitif Descending. Après une intro tout en bruits, les guitares volumineuses, la rythmique entre cymbales claires et bruitages et ses voix aiguës donnent du volume. Le titre a quelque chose d’inquiétant, d’émotionnel. North est un des titres les plus accessibles. Il est parfaitement construit, avec une guitare qui donne une rare musicalité sur ce disque. C’est langoureux, groove et malsain à la fois. Un ovni parfaitement en ligne avec le reste de l’album, que David Lynch pourrait utiliser pour donner l’identité musicale à un de ses films. Lamentation est électro. Mais pas l’électro dansante de maintenant. Non, celle plus pointue de Tangerine Dream ou de Jean-Michel Jarre. Structuré par la batterie martiale, et soutenu par des guitares presque pleureuses (d’où le titre ?), le titre est sombre, plus rock sur sa seconde partie, mais toujours musicalement dépressif.

Floating ne pourrait certainement pas porter un autre nom. Le titre est totalement décalé, proche de certains titres extrêmes des albums Kid A ou Amnesiac de Radiohead. La voix a capella plane sur une tessiture sonore qui va progressivement laisser la place à la batterie. Le titre s’étend tout en lenteur, avec des guitares minimalistes qui servent à donner l’imaginaire de volume, d’immensité marine. Avec Estranged, on est plus proche d’un concerto de Pierre Boulez que du metal. Place aux bruits et aux chuchotements avec chant des sirènes en fond. Pour une fois, même la batterie s’est retirée. Un titre expérimental, dissonant et probablement trop « light » pour l’audience de ce site. Les guitares sont de retour en force pour Solitary, le dernier titre de l’album. Même si sa structure reste étrange, quasi immatérielle, les consonances rock plus lourdes aident à apprivoiser le morceau. Les guitares sales, écorchées, permettent à l’album de se terminer sur une note un poil plus classique.

Au final un album rare et à écouter. En tout cas pour ceux qui ont l’envie de découvrir quelque chose de très différent, une œuvre ciselée et construite de main de maitre par The Soundbyte.

 
Tracklist de Solitary IV :

01. Fanfare
02. Descending
03. North
04. Lamentations
05. Floating
06. Estranged
07. Solitary