Artiste/Groupe:

The Algorithm

CD:

Compiler Optimization Techniques

Date de sortie:

Novembre 2018

Label:

Apathia Records

Style:

Electro Metal

Chroniqueur:

dominique

Note:

16/20

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Il est toujours plaisant d’entrer dans des territoires inconnus, de sortir de sa zone de confort pour découvrir d’autres aspects de cette musique que nous appelons metal. Moi, je ne suis pas un grand fan de la musique électro en général ; toutefois depuis quelque temps je me suis penché sur le passé, l’historique de cette frange musicale en revenant à ses sources tant germaniques (Tangerine Dream) que françaises (Jean-Michel Jarre). Ce voyage, à défaut de transformer complètement ma vision, m’a permis de mieux appréhender, comprendre et apprécier le genre. Grâce à l’apport de groupes metal progressifs comme TesseracT, Animal as Leader ou Monuments, j’ai progressivement intégré des aspects plus électros à ma vision du metal. Avec The Algorithm je passe de l’autre côté du miroir ; en gros, j’intègre des éléments metal à une base électro. Et, alors que j’ai longtemps pensé que ceux qui faisaient de la Musique Assistée par Ordinateur (MAO) n’étaient pas de vrais musiciens, je dois reconnaître que le travail de Rémi Gallego me donne à réfléchir. Compiler Optimization Techniques est en fait plus que de la musique. C’est une rencontre espace-temps de la science et de l’art.

Le quatrième album de ce Français exilé en Allemagne est une nouvelle évolution : après l’acclamé Polymorphic Code, le critiqué Octopus4 et le réconciliateur Brute Force, The Algorithm poursuit son travail avec l’hyper electro metal de Compiler Optimization Techniques. Rien d’étonnant que Rémi Gallego et son essentiel compère Jean Ferry à la batterie aient pris racine dans le terreau allemand pour produire un tel album. Pas sûr en effet que le sol français contienne encore assez de nutriments pour permettre à ce genre de disque de voir le jour. Les cinq titres sont puissants, hypnotisants, et rendent les quarante-quatre minutes d’écoute à la fois faciles et épuisantes. Le titre d’ouverture, Cluster, est une bombe de près de douze minutes. Il guide l’auditeur dans une course poursuite haletante. Entre la phase où l’on ressent un danger imminent et la zone où notre propre vulnérabilité semble réduite, ce titre est une sorte de cinématique. Il met également en valeur l’adéquation entre des instruments classiques, guitare et batterie, et les loops électros de synthés et autres séquenceurs. Brillant.
Fragmentation est plus lunaire. Il faut attendre la troisième minute pour voir entrer en scène le son lourd de la guitare, et d’enchaîner finalement avec une partie plus rythmée au consonnances aliénantes. Le transfert régulier des parties rythmiques et mélodiques entre instruments et sons électros est intéressant. Superscalar débute comme un titre électro trance. Il laisse pourtant assez vite une place assez grande pour une batterie martiale. Certainement pas le titre le plus facile pour moi, notamment pour son côté ultra binaire. Il permet toutefois de mettre en valeur le travail à la guitare de Rémi grâce à la couche électro de fond. La rupture spatiale du milieu permet au titre de rentrer dans une seconde phase électro plus travaillée. Et croyez-moi ou non, mais il y a du R2-D2 dans ce titre ! Binary Space, le premier extrait de l’album, est un exemple intéressant de ce que le travail de The Algorithm peut donner. Sons trans-metal lourd, parties électro-mélodiques plus joueuses. Ce titre tout en ruptures est un résumé de Compiler Optimization Techniques. Hypnotisant et musical, il accompagne l’auditeur dans un jeu vidéo dans lequel il est le héros. Intéressant. L’album se referme sur les sons électros old school de Sentinel Node. Comme pour Fragmentation, le titre oscille entre différents univers. Il offre au début des sons très eighties d’abord spatiaux puis heavy metal. Il fait passer ensuite l’auditeur par une partie metal progressive résolument moderne, avant de retourner dans son environnement de base. Déstabilisant mais stimulant.

Avec Compiler Optimization Techniques, The Algorithm confirme tout le bien que l’on peut penser de ce groupe inventif. Comme tout bon fripier vintage, les membres du groupe savent où piocher des éléments intéressants, ils savent les retravailler et les assembler pour les remettre au goût du jour et les exposer aux yeux de tous. Vous me trouver trop clément ? Prenez le temps d’écouter cet album, si possible en boucle. Et vous verrez que même si vous êtes fan du trio guitare, batterie et basse, vous vous laisserez quand même headbanger sur la musique produite.

 

Tracklist de Compiler Optimization Techniques :

01. Cluster
02. Fragmentation
03. Superscalar
04. Binary Space
05. Sentinel Node

 

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