Artiste/Groupe:

Textures

CD:

Phenotype

Date de sortie:

Février 2016

Label:

Nuclear Blast

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Lurk

Note:

18/20

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En génétique, le phénotype est l'expression observable du génotype, il correspond aux caractères physiques d'un individu, mais aussi à certains traits comportementaux. Il découle directement du génotype et c'est grâce à lui qu'un certain Mendel à révolutionné notre connaissance de la vie, en observant ses petits pois. 

Cette dualité, Textures semble l'avoir bien comprise avec son projet ambitieux inspiré par ce concept. En effet, Phenotype est le premier album d'un diptyque dont Genotype sera la suite. L'un a pour ambition de présenter Textures sous tous ses aspects actuels, et faire ainsi une sorte de liste de ses caractères extérieurs propres. Genotype quant à lui est prévu comme une pièce unique présentant l'essence même à l'origine de cette musique. L'un est donc plus découpé et accessible que l'autre, en théorie. Nous en saurons plus à la sortie l'an prochain du deuxième opus, mais penchons-nous sans plus attendre sur le premier :

C'est Oceans Collide qui ouvre le bal sans préambule sur l'aspect le plus violent de la musique de Textures. Le chant hurlé associé à une section rythmique syncopée et des mélodies alambiquées nous balance quelques patates de forains dans la face, avant de s'offrir quelques passages en chant clair plus éthéré. Derrière la violence, il y a une sensation d'étrangeté qui se distille, due à une progression d'accords peu commune. 

Harmonies d'un autre monde

New Horizons enchaîne après un final intense et propose tout de suite une version beaucoup plus accessible de Textures : refrain très accrocheur en chant clair, structure plus lisible, mélodies lumineuses, breakdowns meurtriers. C'en serait presque caricatural si ce n'était réalisé avec une élégance et une virtuosité à toute épreuve. Le chant est magistral, les paroles inspirantes, c'est sans surprise que ce morceau a servi de single.

Grosse rythmique syncopée, oppressante, c'est l'ouverture de Shaping A Single Grain Of Sand. Cet aspect brut de décoffrage alternera avec quelques passages plus aériens portés par un chant onirique faisant dans le trait de génie progressif avant de laisser la place à un pont plus "metal traditionnel" enchaînant sur une fin de morceau toute en violence.

Puis l'une des pièces les plus marquantes de l'album commence : Illuminate The Trail propose, sept minutes durant, une alternance magistrale entre toutes sortes d'ambiances et sonorités exquises. La violence jouissive du départ évolue progressivement vers des mélodies plus sucrées, synthé et guitare se tirant la bourre. Le chant est varié et quelques lignes résonnent dans ma tête des heures durant, dans un bonheur douillet.
"Beauty is in the eye of the beholder"
Le pont aérien mène l'auditeur sur la pente de la progression dans une montée en puissance fascinante à écouter.
"Always question everything"
Le final est parfait.

Après ceci, Textures nous surprend avec un morceau/solo de batterie, quelque chose que je n'ai entendu dans aucun album récent. Celui-ci est construit de manière à enchaîner de manière fluide avec le morceau suivant, encore une fois en montée en puissance. Définitivement, Phenotype propose beaucoup de dynamique avec des hauts et des bas transportant l'auditeur dans un voyage mouvementé.

C'est donc Erosion qui succède à Meander. Ici, les grooves s'enchaînent sur fond de nappes aériennes. Les rythmiques sont fascinantes à suivre, le chant va de moment de grâce en moment de grâce… C'est encore une démonstration de versatilité qui se réalise dans vos oreilles ébahies.

The Fourth Prime propose quant à lui l'un des riffs les plus marquants de l'album, servant de base cyclique à un groove imparable, il laisse de la place à un chant d'un autre monde. Cet aspect direct trouve son opposé dans les "couplets" déstructurés, changeants et imprévisibles.

Tranquillement, l'album approche de sa fin et Zman offre un court interlude au piano avant de laisser sa place à Timeless. Et ce morceau clôt l'album comme tout bon album se doit de finir, avec élégance et un sentiment d'accomplissement profond, proche de la détente post-orgasmique. 

Avec cet album, Textures nous sert une œuvre variée, riche. Son assimilation demande quelques écoutes, mais passé ce délai, Phenotype tournera en boucle dans votre tête, pour sûr ! La place de Textures est bien confirmée au sein de la sainte trinité du prog extrême :

La sainte trinité du prog

 

Tracklist de Phenotype :

01. Oceans Collide
02. New Horizons
03. Shaping A Single Grain Of Sand
04. Illuminate The Trail
05. Meander 
06. Erosion
07. The Fourth Prime
08. Zman
09. Timeless