C’est un joyeux foutoir que nous propose TarantisT avec Not a Crime. Un fourre-tout, le genre grosse besace, un sac de femme, dans lequel on peut trouver aussi bien des trucs biens que des trucs bofs. Cette impression est certainement encore renforcée par l’inhérente différence culturelle (TarantisT est un groupe iranien) et par l’accessibilité limitée aux messages vu que le disque est chanté entièrement en perse. Plus que metal, Not a Crime est à considérer comme un album post-punk, regroupant des tonalités metal indus, punk, électro et rock, le tout épicé par la nécessaire touche ethnique. C’est éclectique, pas routinier pour un sou, mais également difficilement saisissable, déroutant et inégal.
Dans le sud de l’Europe, on dit que la piqure de tarentule donne une gigue incontrôlable aux personnes infectées. C’est un peu l’impression que nous donne l’écoute de Not a Crime. Ça bouge et ça saute de manière inopinée. En soit donc, TarantisT, qui a immigré à Los Angeles depuis 2008, est en ligne avec son image. Ce cinquième album du quatuor iranien, le second en perse, semble proposer de possibles ouvertures. Parmi celles-ci, il y a celles précédemment enfoncées par les Clash ou encore celles explosées par Rammstein.
Le titre électro d’intro, Silence Before Storm, ne sert pas qu’à mettre dans l’ambiance ; il souligne le côté insoumis du groupe et il laisse sous-entendre que les sons électros seront régulièrement utilisés tout au long l’album. Hey You est rock punk, teintée Kasabian, mais avec cette voix gutturale caractéristique du groupe. Titre de scène, il est facile à l’écoute, légèrement oriental sans être exceptionnel. Les guitares distordues de l’intro de Not A Crime annoncent une couleur plus intéressante. Le titre, rock metal est bon ; il joue avec les distorsions, entre légèreté et ambiance oppressante. Quelques rappels très « Clashiens » épicent le tout. Intéressant. L’entrée techno-électro de Your Dance, est un peu déstabilisante. Le titre lui-même fait le grand écart entre Rammstein, Depeche Mode et une soirée techno. Un chant asynchrone et refrain puissant rendent le titre plus unique encore. L’atmosphère initiale plus calme et les tonalités orientales ressenties de Disapointment m’ont fait plaisir. C’est rock et assez mélodieux, entêtant parfois ; plutôt sympa au final. Retour de l’électro pour Summer. Mais cette fois un électro très metal indus par ses guitares et son rythme. Le chant clair est nickel et la structure quasi parfaite. Le coté plus mystique de I Become God, rompt le charme. Pourtant le titre reste dans un lignée germanique précédemment sitée. Proche de Früling in Paris, le titre est mélancolique et mélodieux. Les origines perses du groupe ressortent tout en étant agréablement fondues dans les consonances occidentales liées aux guitares. Un bon titre. Reflection est rock dans son son et dans son rythme, avec des coupures plus punk pour les refrains. Les deux couches vocales, claire et gutturale, s’harmonisent assez bien, mais n’arrivent pas vraiment à donner la puissance nécessaire au morceau.
Rain, Pour Down est lourd avec tout ce qu’il faut pour en faire un grand titre de live : Batterie martiale, refrain simple et musique accrocheuse. Jovial. Gros son germanique encore pour Burnt It ; le plaisir à l’écoute me fait dire que le groupe se sent bien dans ce genre d’environnement musical. La double grosse caisse et les riffs de guitares poussent le titre vers un thrash metal de bonne facture. Avec You Were Not, c’est le Disco Queen de Pain of Salvation revisité en version arabisante, qui explose à nos oreilles. Ce que l’on entend, on ne l’accepterait peut-être pas de tous, mais vu les origines du groupe, on applaudit, on remue de derrière et on fait sa danse du ventre. Un pari réussi. Le Slow Pills a des relents de fin de soirée et une ambiance un peu vintage. Guitares langoureuses avec pédale wah-wah, voix légèrement éthérée et solo de guitare seventies en font un package intéressant. Vay Az To (Drunk version) est une seconde version trop similaire de Burnt It pour que je m’y étende. Soldiers est un titre de fin solide. Certainement pas le meilleur de l’album, mais la brutalité et la longueur du titre (moins de deux minutes) lui confèrent un plus intéressant.
Bref, les cinquante minutes de ce Not A Crime sont au final assez intéressantes. La langue perse n’est peut-être pas la plus facile pour ce genre de musique, mais TarantisT ne s’en sort pas si mal et délivre une galette qui mériterait au moins un détour curieux de la part de nos lecteurs les plus aventureux.
Tracklist de Not a Crime :
01. Silence Before Storm (Intro) 02. Hey You 03. Not a Crime 04. Your Dance 05. Disappointment 06. Summer 07. I Become God 08. Reflection 09. Rain, Pour Down 10. Burnt 11. City 12. You Were Not 13. Pills 14. Vaay Az to (Drunk Version) 15. Soldiers