Artiste/Groupe:

Svart Crown

CD:

Abreaction

Date de sortie:

Mars 2017

Label:

Century Media Records

Style:

Black/Death

Chroniqueur:

hourkach

Note:

16.5/20

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Quatre ans après le terrible Profane, les Niçois de Svart Crown remettent enfin le couvert avec un nouvel opus intitulé Abreaction. En seulement quatre ans, de nombreux événements sont arrivés pour le combo français avec une signature chez le géant allemand Century Media, l'explosion de sa notoriété grâce à de nombreuses prestations scéniques remarquées et un changement de line-up conséquent. Exit Ranko derrière les fûts et Clément Flandrois à la guitare, respectivement remplacés par un duo de Kevin, Paradis et Verlay. Rassurez-vous, ces deux changements n'affectent en rien la qualité intrinsèque de Svart Crown car le Sieur JB Le Bail veille au grain et continue de mener son groupe d'une main de maître. C'est donc avec une certaine confiance et une faim de loup que j'attaque désormais l'écoute de ce nouvel entremet niçois...

Abreaction débute avec un Golden Sacrament d'une lourdeur abyssale. Le rythme est lent, l'atmosphère pesante et les chuchotements du frontman inquiétants. Le morceau monte petit à petit en puissance grâce aux hurlements de plus en plus prononcés de JB Le Bail, à l'atmosphère de terreur laissée par les guitares et aux roulements de toms tribaux exécutés par le batteur. Cette ambiance fait immédiatement son effet et joue parfaitement son rôle de rampe de lancement pour un deuxième titre, bien plus destructeur. La première moitié de Carcosa ne laisse en effet aucune place à la demi mesure avec ses blasts endiablés et ses riffs acérés. Ne pensez pas pour autant que Svart Crown bourrine sans la moindre réflexion car le déluge d'agressivité s'efface progressivement au profit d'une cadence très lourde agrémentée de chants liturgiques. Le résultat est monstrueusement bon et renforce la dimension malsaine d'un Carcosa sacrément ravageur !
Après ces deux premiers titres, l'impression est déjà bonne car Svart Crown ne se repose pas sur ses acquis et prend des risques en introduisant des ambiances et des sons jamais explorés jusqu'alors. The Pact: To The Devil His Due poursuit l'oeuvre de destruction entamée lors des deux premiers morceaux en renouant avec un Death plus traditionnel mais toujours pourvu d'influences ou d'atmosphères monastiques. La compo mise tout sur la lenteur et l'impact des grattes et permet un mariage parfait avec les deux premiers déluges écoutés. Svart Crown ne se repose pas sur ses lauriers en enchaînant sur un Upon This Intimate Madness implacable. Après de nombreux blasts et des leads destructurés, le tempo s'alourdit et des riffs sombres viennent soudainement me détruire les cervicales avec un rythme mid-tempo tout simplement jouissif. L'ombre de groupes tel que Behemoth ou surtout Immolation plane sur cette chanson et figure incontestablement parmi les meilleurs titres de l'album. En parlant d'influences, Khimba Rites me fait de suite penser à du Gojira avec ses riffs mélancoliques, son ambiance cosmique et une voix de JB Le Bail plus éraillée que jamais. Je sentais déjà l'influence de Gojira sur les premiers morceaux de Abreaction mais Khimba Rites franchit encore un palier et sonne presque ici comme un clin d'oeil au groupe landais. Quoi qu'il en soit, Svart Crown me fout ici encore une grosse claque et continue de me surprendre avec des morceaux sacrément travaillés et des influences toujours aussi surprenantes.
Après un interlude acoustique de quelques minutes (Tentacion), Svart Crown revient nous pilonner le cerveau avec deux nouvelles tueries intitulées Orgasmic Spiritual Ecstasy et Transsubstantiation. A l'image des titres précédents, l’ambiance et les thématiques centrales de ces morceaux tournent toujours autour du vaudou et des rituel africains. JB le dit d'ailleurs lui même : "il règne ici une ambiance pessimiste et très rampante qui colle à merveille avec les riffs de grattes complexes et dissonants". JB se régale toujours autant avec ses backing growls ou ses cris torturés et Kévin Paradis calme tout le monde avec son jeu de baguettes d'une précision chirurgicale.

Abreaction me porte l'estocade avec deux dernières chansons toujours aussi inspirées et brutales. Le morceau instrumental Lwas placé entre ces deux dernières claques est presque salvateur car les multiples changements de rythmes et les passages lourds viennent définitivement anéantir mon âme. Une ultime accélération titanesque derrière les fûts et voilà Nganda qui disparait brutalement en laissant des incantations tribales achever de la plus belle des manières cet opus.

Au final, Svart Crown sort des sentiers battus en proposant un album aux multiples facettes et aux nombreuses atmosphères religieuses voire mystiques. Personne ne peut sortir indemne d'une telle écoute car Abreaction bouscule les codes établis en brisant nos certitudes sur le style musical proposé. JB Le Bail ne se repose jamais sur ses acquis et prouve une nouvelle fois toute l'étendue de ses talents dans la composition et l'écriture de nouveaux méfaits toujours plus vicieux et violents. Le chemin parcouru depuis la sortie de Ages Of Decay en 2008 est gigantesque et Svart Crown mérite amplement sa place en live aux côtés de monstres tels que Deicide ou Morbid Angel.

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Tracklist de Abreaction :

01. Golden Sacrament
02. Carcosa
03. The Pact: To the Devil His Due
04. Upon This Intimate Madness
05. Khimba Rites
06. Tentacion
07. Orgasmic Spiritual Ecstasy
08. Transsubstantiation
09. Emphatic Illusion
10. Lwas
11. Nganda