Artiste/Groupe:

Sutrah

CD:

Sutrah

Date de sortie:

Janvier 2015

Label:

Autoprod

Style:

Mathcore

Chroniqueur:

Lurk

Note:

16/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Le groupe qui nous concerne aujourd'hui a décidé de ne pas se préoccuper des recettes établies, laissez-moi vous le présenter : Sutrah. C'est un groupe bayonnais formé en 2009, mais dont le premier album éponyme n'est sorti qu'en fin d'année dernière (janvier 2015, selon Bandcamp). C'est un beau bébé autoproduit que je vais vous présenter tout de suite.

L'album commence sur Asided Pits. La machine à riff est tout de suite lancée, mais avec une certaine finesse. On ne rentre pas instantanément dans le bourrinage : le riff de départ tourne plusieurs fois, puis arrive un passage presque ambiant et le morceau commence vraiment. On se rend facilement compte que c'est une production maison, le son n'est pas autant calibré que sur les grosses sorties, mais cela n'empêche pas de savourer tous ses détails ! Au contraire, c'est plutôt très bien exécuté et le son possède son cachet personnel. Avec Asided Pits, le groupe nous présente donc son univers, "axé autour d'un engrenage biomécanique". Univers caractérisé par une dualité constante entre des passages syncopés et des parties ambiantes, avec comme fil conducteur des rythmiques martiales pour le côté "mécanique". Le morceau décrit les paysages désolés d'une planète anciennement habitée, explorée par des astronautes n'y retrouvant que ruines. Si une hargne certaine est transmise par les hurlements saturés du chanteur et les riffs alambiqués, la première partie du morceau s'achève sur une note de désespoir suivie par une outro ambiante faisant la jonction avec…

 

 …Architects. "Clonk, clonk, clonk," entendez les machines qui travaillent, bienvenue dans l'ère de la robotique et sa vision pessimiste. Ce morceau est très direct et brut de décoffrage. On a à peine le temps de le voir passer que First Transmission est déjà lancé. Ce morceau propose un peu plus de mélodie que les précédents. Les machines du morceau précédent, les architectes, ont pris le pouvoir et l'ambiance sur le milieu du morceau est magistralement orchestrée, développant une certaine mélancolie avant de revenir à la force brute. "Embrace The One ! "

Cette dictature des machines a sans doute pris fin, puisque hommes et robots se retrouvent sur le même plan lors de l'exil de la faim, condamnés à remplacer l'eau par le sang pour survivre. C'est sur une introduction ambiante que commence ce morceau, coupée brutalement par l'arrivée d'un riff ravageur. Comme précédemment, on retrouve beaucoup de dynamique avec des temps forts entrecoupés de courts silences mettant en exergue les déchaînements de violence les suivant. Encore une fois, la piste se finit par un passage ambiant magnifique. 

Ignition décrit la mise en marche d'une machine capable de s'auto-alimenter, et son évolution. Le titre est marqué par un chant particulièrement hargneux qui m'a pris aux tripes. Lost 2.0 pourrait en être la suite logique (il faut savoir que, même si tous les morceaux sont inscrits dans le même univers, leurs histoires ne sont pas forcément liées), et raconterait en quelque sorte les désillusions de cette machine. Il y a toujours cette alternance difficilement prévisible entre les parties saccadées et les parties aériennes.

When Giants Pierce Clouds, c'est un morceau entremêlant habilement l'aérien et le pachydermique, méritant ainsi amplement son nom. On peut bien ressentir ici (et quelques autres fois au cours de l'album) l'influence qu'a eu sur eux Gojira, avec un départ assez évocateur. 

Ainsi se finit l'album. Une piste vide de quelques minutes puis des bruitages que j'ai écoutés une fois pour la forme. Nous voilà repus.
Je disais au début de la chronique que le groupe ne se préoccupe pas des recettes établies ; et si je le pense, c'est parce qu'après maintes écoutes, je n'arrive toujours pas à la classer précisément. L'ambiance évoque très fortement le post-hardcore, mais on retrouve beaucoup de structures alambiquées et de riffs presque mathcore, assaisonnés au djent. Ajoutez à cela des influences venues de Meshuggah et Gojira et vous obtenez Sutrah. Je vous conseille vivement ce groupe, il y a du potentiel !

 

Tracklist de Sutrah :

01. Asided Pits
02. Architects 
03. First Transmission
04. Hunger Exile
05. Ignition
06. Lost 2.0
07. When Giants Pierce Clouds