Sólstafir

Artiste/Groupe

Sólstafir

CD

Ótta

Date de sortie

Août 2014

Label

Season of Mist

Style

Metal/Post-Rock islandais

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

17/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

L’Islande est un pays qui m’a toujours fasciné. Coincé entre l’Europe moderne et le vieux Groenland, cet ilot de terre sauvage est surprenant à tout point de vue. La musique qui s’en échappe l’est encore plus. Et, je ne sais pourquoi, c’est l’une des seules au monde qui transpire avec autant d’intensité l’âme de son pays d’origine, sans pour autant que cela soit un but recherché explicitement par ses groupes. Prenez un Sigur Rós ou un Sólstafir par exemple, on a l’étrange impression que, malgré les styles musicaux qui les séparent, une identité commune semble les regrouper. Bref, il y a quelque chose de singulier et de magique dans la musique islandaise, qui continue de me fasciner malgré les innombrables écoutes que j’ai pu faire de ces deux groupes.

Si le temps où Sólstafir pratiquait du Black Metal est révolu, j’ai suivi l’évolution des Islandais sans jamais remettre en question leurs multiples revirements. L’identité du groupe est restée sur chaque album, c’est indéniable. Le sera-t-elle sur le nouvel opus ? Gageons que oui.

Ótta est donc le titre du nouveau Sólstafir. Héritier direct du précédent Svartir Sandar, Ótta joue dans du Metal aux fortes sonorités Post-Rock. On retrouve avec un plaisir non dissimulé le timbre de voix si particulier de Aðalbjörn Tryggvason, les guitares planantes de Sæþór Maríus Sæþórsson, avec quelques petites nouveautés comme un piano au phrasé mélancolique et répétitif, qui joue admirablement bien son rôle sur l’éponyme Ótta ou encore Miðaftann. L’album s’ouvre d’ailleurs sur la magnifique Lágnætti, qui regroupe à elle seule toutes les qualités du groupe : passages lents, mélancoliques et emplis de tristesse, aux fulgurances des guitares et la montée en puissance de la batterie de Guðmundur Óli Pálmason, qui poussent la mélodie -oserons-nous dire solstafirienne- à son apogée. Les Islandais n’ont rien à envier aux passages psyché-progressifs de Pink Floyd de ce côté là ! La suivante n’est pas moins bonne, dans le ton d’ailleurs de l’ex-mythique Fjara. On dirait que Sólstafir soigne avec beaucoup de précision ses secondes pistes : Í Blóði Og Anda, Köld puis Fjara et maintenant Ótta...

Le concept de l’album semble quant à lui s’articuler autour du symbolique Vieil Homme Et La Mer d’Hemingway, c’est-à-dire sur le combat majestueux entre l’homme et la nature, dévoilé implicitement par la très belle pochette de l’album (photographie signée Ragnar Axelsson). Mais l’inspiration est aussi à aller chercher dans les vieilles traditions islandaises, pour qui le temps (les vingt-quatre heures d’une journée) était divisé en huit parts de trois heures chacune. La première piste symbolise donc l’aube tandis que la dernière le crépuscule, avec une évolution montée crescendo, climax puis descendante sur tout l’opus. Car la force de Sólstafir réside indéniablement dans sa maîtrise incroyable du rythme et des mélodies planantes. Toujours aussi époustouflant.

Difficilement comparable aux anciens albums, Ótta tire pourtant admirablement bien son épingle du jeu. Les Islandais continuent de nous envoûter au son d’une musique proche de la « pensée magique », mystique, indomptable qui anime encore chacun de nous, malgré le monde moderne qui nous entoure…



Tracklist de Ótta :


01. Lágnætti
02. Ótta
03. Rismál
04. Dagmál
05. Miðdegi
06. Nón
07. Miðaftann
08. Náttmál

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !