Artiste/Groupe:

Soilwork

CD:

Verkligheten

Date de sortie:

Janvier 2019

Label:

Nuclear Blast Records

Style:

Death Mélodique

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16.5/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Il y a eu du changement chez Soilwork ces dernières années. En 2015, le bassiste Ola Flink (un des plus vieux membres du groupe) a quitté le navire. L'année suivante, c'est l'excellent Dirk Verbeuren qui s'est vu offrir la chance d'aller battre chez Megadeth. Et maintenant, le groupe se retrouve à nouveau sans bassiste car Markus Wibom (qui remplaçait Flink depuis 2015) préfère se consacrer aux joies de la paternité... Récemment, on a senti le leader / chanteur Björn Strid et le guitariste David Andersson très investis dans leur autre groupe The Night Flight Orchestra (deux albums et deux tournées en deux ans, pas mal). Croyez-vous que tout cela a fini par affaiblir l'entité Soilwork ? Avez-vous peur que Verkligheten s'affirme comme la représentation d'un combo à bout de souffle, à cours de temps ou d'inspiration ? N'ayez crainte, une seule écoute suffit à se rassurer : les Suédois sont en forme et ils ont des choses à dire ! 

L'intro qui porte le titre de l'album est une invitation au voyage et nous met sur une fausse piste. L'ambiance est paisible, un brin mélancolique, la guitare slide et le piano créent une atmosphère planante et onirique... je m'imagine sur le bord d'une route traversant un désert sous une nuit étoilée... Que se passe-t-il ? Mais tout d'un coup déboule Arrival et là, ça sonne comme du pur Soilwork ! Gros blasts effrénés, grosses guitares, solos techniques finement ciselés et mélodies épiques portées par un chant alternant entre le caverneux belliqueux et une voix claire sur le refrain. Ce titre sonne bien et moderne, il n'aurait pas dépareillé sur les sorties récentes du groupe. La suite de l'album va osciller entre morceaux au style assez familier et autres pistes où Soilwork, bien qu'il demeure tout à fait reconnaissable, s'amuse un peu plus avec différentes influences et sonorités afin de faire évoluer sa musique.

Bleeder Despoiler ralentit le tempo mais reste percutant. Direct, court, agressif (surtout au niveau du chant sur les couplets) mais toujours mélodique. Voilà une compo qui ne se présente pas comme la plus aventureuse de ce nouvel opus mais qui tient bien la route. Dès la piste suivante, les Suédois commencent à se montrer un peu plus joueurs. Car si Full Moon Shoals propose du mid-tempo soutenu par un riff bien heavy, le refrain - très accrocheur - est plus proche de la pop (!)... alors que le break libère une énergie nettement plus thrashisante. Et sur The Nurturing Glance, dont le son de guitare sur l'intro évoque le début de The Ride Majestic, le riff sonne carrément comme du heavy des années 80, on croirait presque entendre du Accept. Les leads de guitare et le chant de Strid en revanche nous rappellent qui on est en train d'écouter. Pas de confusion possible, rassurez-vous. Un peu plus tard sur l'album, d'autres chansons se plairont à nous amener sur des territoires plus rock et très mélodiques. Je pense surtout à Stålfågel, single absolument imparable qui peut surprendre par sa mélodie, sa rythmique et sa ligne de chant d'un autre temps... mais aussi à You Aquiver, un morceau bien rythmé et entraînant qui reste metal mais dont le jeu de batterie et le refrain flirtent avec le disco. Surprenant.

Verkligheten serait-il alors l'album le plus mélodique et accessible de la carrière de Soilwork ? Peut-être bien. Mais attention, cela ne veut pas dire qu'il soit dénué d'énergie. Non, rassurez-vous, on ne retombe pas dans les travers un peu mous ou monotones d'albums comme Figure Number Five ou Sworn To A Great Divide. Il y a de l'accroche mélodique à foison, c'est indéniable... mais les Suédois décochent du riff implacable, de sacrées accélérations (bonjour les blast beats du batteur Bastian Thusgaard) et font souvent preuve d'un dynamisme salvateur. Et surtout, ils nous font voyager en mêlant à leur mélodeath des influences variées qui viennent enrichir le propos et contribuent à faire de cet album une expérience plus intéressante et fun. Evidemment, ceux qui souhaiteraient que Björn et ses copains leur refassent vivre les heures plus belliqueuses du début des années 2000 (The Chainheart MachineA Predator's Portrait) devront se faire une raison (il serait temps). Cependant, on retrouve tout de même des titres bien speed et puissants comme le groupe en propose depuis son retour aux affaires sérieuses (= sur les trois albums précédents). La très bonne When The Universe Spoke et l'excellente Needles And Kin (un des meilleurs titres de ce disque avec, comme invité de luxe, Tomi Joutsen d'Amorphis) sont là pour en attester. Et bien sûr (est-il vraiment nécessaire de le rappeler ?), Björn excelle dans différents styles de chant, le niveau technique est remarquable, les solos de guitares d'Andersson et Coudret toujours aussi excellents et la production est à l'avenant.

Un peu plus digeste, varié et aéré que ses deux prédécesseurs (que j'aime beaucoup, ce n'est pas la question), ce Verkligheten est un voyage remuant et fun que je réécoute chaque jour avec grand plaisir. Soilwork a réussi à réaliser un disque qui sonne comme une continuité de ses efforts récents mais contient suffisamment de petites évolutions et surprises pour ne pas lasser celui qui connaît déjà bien son travail. Je n'en demande pas plus. Si, du live ! Et ça tombe bien, le groupe s'apprête à sillonner l'Europe en compagnie d'Amorphis (qui a quand même sorti un des meilleurs albums de 2018). Trois dates sont prévues en France (à Paris, Toulouse et Lyon) début février. 2019 commence bien ! 

Tracklist de Verkligheten : 

01. Verkligheten
02. Arrival
03. Bleeder Despoiler
04. Full Moon Shoals
05. The Nurturing Glance
06. When The Universe Spoke
07. Stålfågel
08. The Wolves Are Back In Town
09. Witan
10. The Ageless Whisper
11. Needles And Kin
12. You Aquiver

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !