Smashing Pumpkins

Artiste/Groupe

Smashing Pumpkins

CD

Mellon Collie And The Infinite Sadness

Date de sortie

1995

Label

Style

Rock éclectique

Chroniqueur

Orion

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

Smashing Pumpkins est un groupe qui a toujours été un peu à la marge de la sphère metal. Son nom a pourtant été associé au mouvement grunge, le groupe ayant grandi au même moment que les Nirvana et autres Pearl Jam et sa cote de popularité ayant atteint des sommets grâce à l’un de ses albums les plus rentre-dedans : Mellon Collie And The Infinite Sadness.

Mellon Collie n'est que le troisième album du groupe mais c'est pourtant déjà un double album. Guns N' Roses avait déjà réussi ce pari quelques années avant avec son Use Your Illusion mais celui-ci avait été vendu sous forme de deux albums distincts. Mellon Collie sera lui bien vendu comme un album unique. C’est bien sûr une prise de risque, mais cela montre bien l’ambition de ce groupe ; enfin, surtout celle de son leader, Billy Corgan.
Cependant, ce double album n'était pas quelque chose de calculé à l'avance. Le groupe s'était retrouvé avec suffisamment de morceaux pour faire un quadruple album au moment de l'enregistrement (soit cinquante-sept morceaux). Vingt-huit seront choisis parmi eux pour figurer sur ce double album. Vingt-sept compositions de Billy pour une seule de James Iha, le second guitariste, qui en avait composé pas mal d'autres. Mais selon Billy, les compositions de son acolyte étaient hors contexte.

Mellon Collie (jeu de mots avec "mélancolie" bien sûr), suivi de Infinite Sadness ("tristesse infinie") donne le ton de l'état d'esprit qui règne sur cet album au niveau des textes. Billy Corgan, un personnage aux tendances schizophrènes, marque de son empreinte cet album qui, comme lui, passe d'un état de colère à celui de douceur.
Du coup, l'album est un véritable patchwork musical, empruntant aussi bien aux scènes Metal, Grunge, Alternative, New Wave, Pop ou celle des musiques électroniques. Avec autant de morceaux, il aurait été dommage de proposer toujours la même chose.
C'est le titre éponyme, un instrumental au piano et violon, qui ouvre la première partie de l'album, Dawn To Dusk (le jour) tout en douceur, comme si l'on se réveillait. Il enchaîne avec Tonight Tonight qui met encore l'accent sur des parties symphoniques (titre enregistré avec l'orchestre symphonique de Chicago). Le morceau est assez calme lui aussi, les guitares sont en retrait, même la voix nasillarde de Corgan nous caresse pour le moment dans le sens du poil. Ce démarrage assez cool contraste avec la triplette de morceaux suivants, plus axés guitares : Jellybelly, Zero et Bullet With Butterfly Wings (premier single de l'album qui en comptera cinq). Ces morceaux sont nerveux, avec un chant agressif. Ils sont toutefois entrecoupés par la première véritable ballade de l'album, Here Is No Why, où Corgan évoque la mort de son ami Kurt Cobain. Elle met néanmoins elle aussi les guitares en avant.
To Forgive, ballade également, est nettement plus calme, ce qui contraste encore énormément avec An Ode To No One (dont le vrai titre, dans le livret, est Fuck You, pour vous donner une idée de l’ambiance).
Love sonne carrément indus metal avec ses sonorités et son chant trafiqué. Le titre reste pourtant très mélodique grâce à son refrain. Puis retour à du bizarre avec Cupid De Locke et sa petite mélodie asiatique.
A partir de là et jusqu’à la fin de cette premier partie, l’ambiance est plutôt calme. Galapogos et Muzzle sont des ballades mais dans un genre très différent l’une de l’autre puisque Muzzle est bien plus rock alors que Galapogos était plus atmosphérique. Porcelina Of The Vast Oceans, pièce épique de ce premier CD (plus de neuf minutes) joue sur les contrastes, entre moments très calmes et grosses rythmiques qui viennent fracasser la tranquillité qui s’installait.
Take Me Down, seul titre composé par James Iha et chanté par lui, termine cette première partie en mode acoustique.

Le second album, intitulé Twilight To Starlight (la nuit) est peut-être moins immédiat que le premier, avec des morceaux assez différents du style habituel du groupe, mais tout aussi intéressant au final.
Il démarre pourtant bien dans l’esprit Metal avec Where Boys Fear To Tread et son bon gros riff à la Alice In Chains suivi de Bodies qui est bien hargneux aussi et laisse largement les guitares s’exprimer.
A partir de Thirty-Three, on part dans des sonorités plus expérimentales. In The Arms Of Sleep, belle ballade, sonne assez pop rock des seventies alors que 1979 me fait carrément penser à du The Cure. C’est en outre le single des Smashing Pumpkins qui a connu le plus grand succès, ceci explique peut-être cela.
Tales Of A Scorched Earth nous renvoie sur du Grunge qui arrache façon Nirvana. C’est même sans doute le titre le plus violent du lot, la voix de Corgan est totalement hystérique. Il relance la machine avant un Thru The Eyes Of Ruby encore très teinté seventies par son côté psychédélique.
Stumbleine propose une petite récréation acoustique avant d’attaquer X.Y.U., l’autre moment bien agressif de ce second CD. Là aussi, on sent l’influence des morceaux les plus noisy de Nirvana.
Suivent deux morceaux dans un style totalement différent, comme très souvent sur cet album. Mais c’est justement cette hétérogénéité qui rend cette œuvre unique. On ne sait jamais ce qui nous attend en changeant de piste et très souvent, on est surpris. Comme avec Beautiful par exemple qui est, semble-t-il, inspiré par Prince.
L’album se termine par trois ballades, très différentes l’une de l’autre une fois de plus. Lily est un titre avec piano et batterie jazzy, façon années trente. By Starlight est plus orientée pop rock et Farewell And Goodnight (titre co-écrit avec James Iha) est un morceau acoustique où chaque membre du groupe vient chanter, qui sonne comme une berceuse avec en fond des sonorités qui rappellent plus ou moins le bruit des vagues. Le thème final au piano renvoie à la mélodie du premier morceau.
Au niveau de la composition de cet album, Billy Corgan ne s’est imposé aucune limite et il a fait preuve d’une créativité débordante car tous ces morceaux, aussi différents soient-ils, forment un ensemble parfaitement cohérent et très réussi.

Le but est atteint pour Billy Corgan, son projet de double album, pourtant ambitieux au départ, est un succès (il démarre à la première place du billboard américain, ce qui est assez rare pour un double album). La critique est quasiment unanime (le groupe obtient sept nominations aux grammy awards). Corgan, en toute modestie, qualifiera son œuvre comme étant "le The Wall de la génération X".
Cet album marque toutefois pour son géniteur le sommet de sa carrière artistique car jamais plus Billy Corgan ne sera inspiré comme il le fut lors de la composition de cet album.
Et si l'on associe cet album au mouvement grunge (dans lequel je trouve qu'il a toute sa place), il marque de belle manière la fin de l'âge d'or du style.

 

 

Tracklist de Mellon Collie And The Infinite Sadness :

CD 1 : Dawn to Dusk

01. Mellon Collie And The Infinite Sadness
02. Tonight, Tonight
03. Jellybelly
04. Zero
05. Here Is No Why
06. Bullet With Butterfly Wings
07. To Forgive
08. An Ode To No One
09. Love
10. Cupid De Locke
11. Galapogos
12. Muzzle
13. Porcelina Of The Vast Oceans
14. Take Me Down


CD 2 : Twilight To Starlight

01. Where Boys Fear To Tread
02. Bodies
03. Thirty-Three
04. In The Arms Of Sleep
05. 1979
06. Tales Of A Scorched Earth
07. Thru The Eyes Of Ruby
08. Stumbleine
09. X.Y.U.
10. We Only Come Out At Night
11. Beautiful
12. Lily (My One and Only)
13. By Starlight
14. Farewell And Goodnight

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