Sivyj Yar

Artiste/Groupe

Sivyj Yar

CD

From The Dead Villages' Darkness

Date de sortie

Octobre 2014

Label

Avantgarde Music

Style

Pagan Black Atmosphérique

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

16/20

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C H R O N I Q U E

Un petit village russe. Une femme au foulard transporte de l’eau dans une ambiance douce et paisible, son ombre s’étire sur une datcha en toile de fond.

Il n’y a aucun doute, c’est bien le nouvel album de Сивый Яр (alias Sivyj Yar). Si vous ne connaissez pas encore le groupe, sachez que c’est une formation russe dirigée en solo par Vladimir depuis 2006, avec trois albums respectivement sortis en 2009 (Нощь), 2011 (Двоеверство) et 2013 (The Dawns Were Drifting As Before), et un quatrième qui sort dans les bacs cette année, intitulé -pour sa traduction anglophone- From The Dead Villages' Darkness.

La recette est somme toute assez similaire au précédent opus, du Black Pagan dans le plus pur style atmosphérique. Une première piste très succincte fait figure d’introduction, mais sans laisser le temps de construire une véritable ambiance. C’est dommage, mais on se rattrape sur la suivante. Now Only Abyss Hears Us est une piste de plus de huit minutes, très entraînante, avec des guitares aux relents de Post-Metal (cf. My Grande Finale), et la fameuse voix Screamo/Black de Vladimir, qui nous assène à chaque coup de batterie un cri des plus perforant.

Les mélodies nous emportent dans des imaginaires aux couleurs surannées, vieux villages russes qui pourraient faire penser à ceux qu’utilise parfois le cinéaste Tarkovski dans ses films (Le Miroir et Le Sacrifice). Mais on n’a pas le temps de rêver qu’on enchaine très rapidement avec la piste éponyme From The Dead Villages' Darkness. C’est encore plus long, plus strident, plus criard et sans doute aussi plus émotionnel que la précédente. Si la voix de Vladimir semble parfois difficile à accrocher, les longs passages instrumentaux ainsi que les ambiances créées à l’aide de samples permettent de s’en détacher un peu, tout en construisant une atmosphère rurale réussie. D’un point de vue thématique d’ailleurs, on pourrait rapprocher Sivyj Yar des groupes comme Grift, Stilla et Saiva du label Nordvis Production. Du Pagan Black d’inspiration rurale, poésie mélancolique d’une paysannerie disparue. C’est une tendance que j’apprécie beaucoup dans le Black Metal actuel, comme un nouvel élan de créativité dans une sphère pourtant ontologiquement très refermée sur elle-même.


Viennent ensuite Distant Haze Was Arising et With The Birds Farewell Song, deux pistes construites à peu près sur le même format. La première fait ressentir l’influence Post-Metal, que j’évoquais au départ, de manière encore plus évidente, dans les guitares vibrantes à la Junius. La seconde est sans doute plus racée atmosphérique, avec une voix qui semble entonner un serment en russe. Le ton est plus languissant, dans une montée crescendo, où la voix de Vladimir n’intervient qu’au climax d’une piste d’une tristesse sans souffrance.

Sivyj Yar
réussit un pari difficile : combiner Black Metal -dépressif dans la voix, atmosphérique dans les ambiances-, aux guitares typées Post-Metal dans les mélodies. From The Dead Villages' Darkness est donc un album de qualité, assez créatif et somme toute satisfaisant. Mais il y a toujours un petit quelque chose qui me gêne, et c’est encore une fois le temps trop court de l’album, qui, s’il avait été poussé plus longtemps, aurait contribué à un sentiment de plénitude absolue -qui est malheureusement encore à l’état d’esquisse dans cet opus-. Mais ça viendra, j’en suis sûr ! Pour l’instant, laissez-vous charmer par cette mélancolie russe, de cette datcha cachée au fond d’une forêt aux atours mystérieux…



Tracklist de From The Dead Villages' Darkness :


01. Blackened fields weep afar
02. Now Only Abyss Hears Us
03. From The Dead Villages' Darkness
04. Distant Haze Was Arising
05. With The Birds Farewell Song
06. Silky Grasses Wilted

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