Ce premier album de Sirenia, paru en 2002, est l'oeuvre de Morten Veland, guitariste et chanteur de Tristania, groupe qu'il venait de quitter et avec lequel il avait sorti deux albums essentiels du style : Widow's Weeds et Beyond the Veil. On pouvait donc s'attendre à quelque chose de grand... et on n'a pas été déçu !

On est évidemment très proche musicalement de son ex-groupe dans la mesure où il en était le principal compositeur. D'ailleurs, si ce sont bien les fameuses divergences musicales qui ont été évoquées lors de la séparation d'avec Tristania, c'est un peu difficile à admettre tant on est ici dans la continuité de Beyond the Veil et aussi assez proche du World of Glass de Tristania, sorti quelques mois avant ce premier album de Sirenia et auquel il n'a pourtant pas participé.
Morten Veland, véritable homme à tout faire sur cet album, s'est tout de même entouré de quelques musiciens dont une chanteuse, française s'il vous plaît (l'album a été enregistré en France, aux fameux Sound Suite Studios de Terje Refsnes) : Fabienne Gondamin, qui apporte une véritable fraîcheur aux compositions par son chant aérien. Elle apparaît au milieu du premier titre de l'album et là, on se dit "bon sang, pourvu qu'elle intervienne souvent sur cet album". Heureusement, c'est ce qu'elle va faire, même si l'on peut remarquer sur ce premier album que les voix féminines n'ont pas la place qu'elles auront sur le reste de la discographie du groupe. Ici, ce sont les voix masculines qui dominent. Mais quand elle est là, Fabienne ne passe pas inaperçue. Sa voix très douce contraste parfaitement avec les growls profonds de Morten (Manic Aeon). On a notamment une belle démonstration de son talent sur la ballade In Sumerian Haze, seul titre où elle joue le rôle principal. Et je pense sincèrement qu’elle parvient sans mal à faire oublier Vibeke Stene, l’ancienne complice de Veland au sein de Tristania. Veland la remercie d'ailleurs dans les crédits pour sa "divine voice". Tu m'étonnes... Quelle dommage qu’il n'ait pas pu (ou voulu) faire appel à elle pour la suite... Elle restera la première chanteuse non officielle du groupe. Les chanteuses étant le problème récurrent pour le groupe car Sirenia a eu bien du mal à garder les mêmes d’un album à l’autre. On y a cru pourtant avec Ailyn arrivée pour l’album The 13th Floor et qui a réussi à enregistrer quatre albums d’affilée mais la malédiction semble continuer...
Pour les voix masculines justement, Morten a reçu l’appui de deux chanteurs pour les voix claires : Kristian Gundersen et le regretté Jan Kenneth Barkved (ce dernier a participé aussi à quelques albums de Tristania). Les growls étant assurés par Morten lui-même. Le second morceau de l'album, Sister Nightfall, voit tout ce beau monde à l'oeuvre.
L'esprit est toujours bien lourd, à la limite du Doom (Meridian, At Sixes and Sevens) mais des mélodies efficaces nous amènent quelques refrains bien sentis, faciles à fredonner (Lethargica, On the Wane, A Shadow of Your Own Self) et qui restent bien dans la tête. Voix masculines claires et féminines, growls de mister Veland, arrangements symphoniques et choeurs monstrueux. Ajoutons aussi un violon qui vient faire quelques apparitions en solo, tout comme à l'époque de Tristania (On The Wane, In A Manica, Manic Aeon, In Sumerian Haze...). Voilà la recette magique de cet album.
Rien est à jeter, de la première à la dernière note de ce disque. La prod' est énorme (Terje Refnes a fait un boulot fabuleux sur ce disque).

A peine un an après l’album de Tristania, ce premier album de Sirenia remettait les pendules à l’heure. Morten Veland, sans Tristania, montrait qu’il avait encore un bel avenir devant lui. Pour les fans, finalement, cette séparation fut une véritable aubaine puisqu’elle permit de voir débouler deux excellents albums à la place d’un. Quelquefois, les séparations, ça a du bon…
N'ayez aucun doute, ce At Sixes And Sevens est un must du Dark Metal gothique.

Tracklist de At Sixes And Sevens :

01. Meridian
02. Sister Nightfall
03. On The Wane
04. In A Manica
05. At Sixes And Sevens
06. Lethargica
07. Manic Aeon
08. A Shadow Of Your Own Self
09. In Sumerian Haze