Serj Tankian

Artiste/Groupe

Serj Tankian

CD

Harakiri

Date de sortie

Juin 2012

Label

Serjical Strike Records

Style

Metal Alternatif

Chroniqueur

Didier

Note Didier

17/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Serj Tankian est un génie ! J'exagère ? Moi ? Bon ok, alors disons un surdoué, artistiquement parlant, qui non content d'avoir fondé et mené le groupe légendaire System Of A Down, s'est aussi lancé dans une carrière solo, pour laquelle il aligne les excellents albums comme d'autres enfilent des perles. Et oui, pour les largués de la vie, c'est déjà le troisième album du bonhomme. Je me moque mais nous autres, auxportesdumetal, avions chroniqué le premier (Elect The Dead) puis sa version symphonique, mais zappé le second (Imperfect Harmonies). Donc on ne la ramène pas.

Le petit dernier, Harakiri, est un petit bijou, disons-le de suite, tant pis pour le suspense. Serj est un chanteur incroyable dont la voix se reconnait en un quart de seconde. C'est aussi un compositeur hors normes, un génial inventeur de mélodie. Il ne semble avoir aucune limite, de sorte que tout, avec lui, semble possible et des choses qui auraient pu paraître totalement ridicules chez un autre frôlent le génie musical chez lui. C'est comme ça, et ce n'est pas donné à tout le monde.

Sur cet album l'Arméno-Américain (né à Beyrouth et arrivé à l'âge de huit ans en Amérique) s'est encore entouré de son live band, surnommé FCC (Flying Cunt Of Chaos) et composé de Mario Pagliarulo (basse), Erwin Khachikian (claviers), Troy Zeigler (batterie), Dan Monti et Jeff Mallow aux guitares. Tout a été composé, arrangé et produit par Serj en personne sur son propre label.  Les thèmes abordés sont toujours sensibles et très engagés. Des dictateurs à l'écologie, en passant par le conflit israélo-palestinien ou la télé-réalité. 

L'album attaque avec Cornucopia, où il souligne les mauvais traitements que nous faisons subir à la Terre. C'est assez violent, un chouïa grossier, comme aime le faire Serj, l'activiste à la langue bien pendue. Musicalement c'est excellent, original, fort, notamment le break "Don't you think we are extraordinary beings?" de toute beauté. Ca sonne comme du bon SOAD, ça aurait pu sortir sous ce nom, ça n'aurait choqué personne. Figure It Out, qui déboule ensuite à 120 km/h, s'en prend aux CEO (PDG chez nous) des grands groupes technologiques, responsables de tous les maux. Une fois de plus, il case un refrain parlé absolument génial et tout à fait hors du commun, ce mec est dingue, mais génial. La batterie de ce morceau est superbe, notamment sur le petit break basse / batterie au milieu. Dans la catégorie OMNI (Object Musical Non Identifié), voilà Ching Chime. On pourrait penser au début que c'est un gag au niveau de la musique (orientale) et du chant (burlesque ?). Au final c'est un morceau très sérieux, avec un refrain énorme, qui traite d'un sujet grave (un dealer de drogue il me semble). Des instuments et des chants orientaux, dans le break, donnent une touche très exotique au morceau. Fallait oser, Serj l'a fait. Butterfly est à mon avis le meilleur morceau de l'album avec Occupied Tears. Serj y chante brillamment, il est touchant, parle cru (ça va être censuré tous ces jolis petits mots aux US) et vous balance une dose massive d'émotion qui ne peut laisser insensible. Harakiri est un morceau plus calme, où Serj fait une grosse démonstration de ses capacités de chanteur. Le refrain de la ballade est très sympa, assez classique et sur le couplet une jolie voix de femme vient dédoubler la sienne. Occupied Tears est une des pièces maîtresses de cet album. Encore une fois, l'activiste Serj s'emporte sur le sujet du conflit israélo-palestinien, il prend parti, donne son avis, interpelle l'auditeur, fustige le statu quo actuel et la mauvaise foi ambiante : un morceau qui bouscule vraiment par les textes mais aussi par la musique avec ce break jazzeux au beau milieu du morceau. Deafening Silence est un morceau calme, une ambiance étrange aux sonorités électros, chanté magnifiquement bien, qui montre encore une facette de la machine créatrice Serj Tankian. Une douce voix de femme l'accompagne (son épouse Ange, me dit-on, mais cela ne nous regarde pas). Dans un petit break un peu reggae, il chante style Sean Paul, avec un gros accent jamaïcain, avant de revenir au thème principal. Etrange ce contraste, fallait encore oser. Pas metal pour un sou, c'est encore un superbe morceau. Pas très metal non plus, l'intro de ce Forget Me Knot (attention jeu de mot !), pourtant le refrain est plus violent, formant un tout très agréable. Dans le texte, Serj balance quelques belles formules type : "You speak to millions but you're talking to no one" ou encore "You seek all opinions but listen no no one",  pas sûr de comprendre à qui le morceau s'en prend, l'écriture est assez complexe. Par contre on comprend très bien que la télé-réalité n'est pas sa tasse de thé, car avec Reality TV, ce genre de niaiserie est habillée pour l'hiver, le Serj n'est pas tendre, il ne mâche pas ses mots. On s'excite pas mal pour terminer l'album avec un excellent Uneducated Democracy, qui se paye les dirigeants politiques actuels en les comparant à des dictateurs passés et actuels. Le clip que l'on peut voir sur internet est enrichissant. Le style est encore assez SOAD, bref et efficace. On termine avec Weave On, pêchu, punk rockisant, encore proche de SOAD, avec un refrain entêtant, qui déménage et qui est chanté avec plusieurs voix (de Serj). Le morceau avait été co-écrit avec Steven Sater pour sa comédie musicale rock Prometheus Bound.

Alors là, je dis bravo, respect. Serj Tankian est un boss, il sort là son meilleur album solo, et un album aussi frais et original que les albums de System Of A Down, qui manque cruellement à tout le monde aujourd'hui. Faudra peut-être se décider sur le sort de SOAD un de ces jours, car Serj a annoncé un calendrier de sorties d'expériences musicales diverses et variées, où n'apparaît jamais rien sous le nom System Of A Down. En attendant on se console facilement avec cet album riche et original auquel vous vous devez de jeter une oreille experte.

 

Tracklist de Harakiri :

01. Cornucopia
02. Figure It Out
03. Ching Chime
04. Butterfly
05. Harakiri
06. Occupied Tears
07. Deafening Silence
08. Forget Me Knot
09. Reality TV
10. Uneducated Democracy
11. Weave On

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