Scorpions

Artiste/Groupe

Scorpions

CD

Tokyo Tapes

Date de sortie

1978

Style

Hard Rock

Chroniqueur

Didier

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

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C H R O N I Q U E

Cet édition spéciale Scorpions me donne enfin l’occasion de parler d’un des joyaux de ma CD-thèque, à savoir Tokyo Tape s de Scorpions (version import Japon s’il vous plait). C’est un double CD, sorti en 1978 et, franchement, si vous voulez savoir ce qu´était le Scorpions Epoque I, c’est l’album à posséder impérativement. La mode à la fin des années 70 était aux gros live enregistrés au Japon, et Scorpions ne déroge pas à la règle. Cet album a été enregistré au Sun Plaza Hall de Tokyo, où ils jouèrent 3 soirs de suite (seules les 2 et 3ème soirées ont été enregistrées). C’est dans la carrière du groupe, un album charnière, puisque c’est le dernier où apparait Ulrich Roth, qui quittera ensuite le groupe pour former son groupe solo Electric Sun. Il avait annoncé son départ bien avant la tournée, ce qui rend l’album encore plus étonnant, car l’entente du groupe semble parfaite. Il sera remplace par Matthias Jabs (après plus de 140 auditions) pour le reste de la carrière de Scorpions avec le succès que vous connaissez (Epoque II).

Mais en 1978, c’est bien Ulrich Roth le boss. Il faut écouter les 3 premiers morceaux du disque 1 pour comprendre en quelques secondes le génie du garçon. Que cela soit sur All Night Long , Pictured Life , ou Backstage Queen , il illumine totalement le son du groupe sur scène. Autant je trouve que les albums dont sont extraits ces morceaux ( Virgin Killer , In Trance , Taken By Force ) ont pris un petit coup de vieux aujourd’hui, par rapport principalement au son de l’époque, autant je trouve que ce live est mo-nu-men-ta-l, et n’ a pas pris une ride. Ulrich ressort complètement du mix, de l’ intro au solo, souvent multiples, que, tout au long des morceaux, avec ses petits phrasés géniaux réalisés (sans trucage) avec sa guitare et sa pedale wha-wha. Le boss, je vous dis ! Le solo final de Backstage Queen par exemple, est tout simplement génial. Pour le reste c´est aussi très bon, grosse rythmique de Hermann Rarebell derrière ses futs et de Francis Buchholz à la basse. Rudolf Schenker balance (déjà/toujours) ses riffs acérés au volant de sa Flying-V préférée, tandis que Klaus Meine chante à merveille, apostrophant le public en Japonais à coups de "Domo Arigato". Sur l’intro de Polar Night , Ulrich part dans un duo groovy avec juste Herman à la batterie, et en usant de sa pédale wha-wha. On réalise tout à coup que le bougre chantait aussi certain morceaux à cette époque à la place de Klaus, chose qui n’est jamais plus arrivé dans l’Epoque II des Scorpions. Je dois reconnaitre que si, à la guitare, Ulrich fait des merveilles, au chant par contre, il n’est pas à la hauteur de Klaus. Sur ce Polar Night , le chant et la guitare font penser sans aucune hésitation à du Jimi Hendrix. Je pense que ca doit être une énorme influence pour Ulrich, qui fait vraiment hurler, pleurer, gémir sa Strato à la manière du maitre Jimi. En écoutant ça on se dit quand même que le gars se transcende totalement sur cet album. Justement le morceau suivant c’est In Trance , fabuleuse power ballade à la Scorpions. Mais un des deux gros morceaux de cet album, (et de Scorpions en ce qui me concerne), c’est bien le suivant. Cette version live de We’ll Burn The Sky est tout simplement somptueuse : 8mn12 de panard. L’intro d’arpège, la voix de Klaus, et surtout, la guitare d’ Ulrich, sorte d’animal sauvage qui rugit et semble prendre vie sous ses doigts agiles. L’inspiration du maitre de la 6 cordes (7 maintenant sur ses nouvelles guitares) est à son comble, c’est simple, le solo final, me file systématiquement des frisons de bonheur et la larme à l’œil. J’aurais donné cher pour y être ! Le morceau ne semble plus pouvoir s’arrêter, sorte de train fou, emporté par les délires d’ Ulrich. Il ne s’arrête pas vraiment, d’ailleurs, puisque ils enchainent sur un Suspender Love plus calme, mais où une fois de plus, les phrasés de Ulrich viennent ponctuer le morceau de belle manière. La fin du premier CD est monstrueuse, puisque elle enchaine la ballade langoureuse In Search Of A Piece Of Mind et l’AUTRE morceau fabuleux de ce live Fly To The Rainbow , chanté par Ulrich et illuminé de ses talents de guitariste. Une fois de plus l’ombre de Jimi plane sur ce morceau. Quel talent ! Cette version live explose toutes les autres existantes à ce jour. Le final est tout simplement énorme : sa Strato blanche hurle, pleure, gémit, se cabre comme un cheval sauvage : de l’inspiration et de l’émotion en baril de 5kg. Frisons garantis !

La fin du premier CD est tellement énorme que pendant longtemps j’écoutais assez peu le second. Mais en faite il regorge de petites merveilles, même si l’intensité n’atteint pas celle du premier CD. Tout d’abord le cultissime He’s a Woman, She’s a Man , particulièrement réussi dans cette album, enchainé avec un hystérique Speedy’s Coming . Top of The Bill sert surtout de support à un solo de batterie (traditionnel à l’époque), où, finalement Hermann s’en sort plutôt bien. A noter aussi une reprise d’un vieux blues Hound Dog (enregistré au départ par Willie Mae "Big Mama" Thornton in 1952 mais rendu célèbre par Elvis Presley 4 ans plus tard) enchainé avec un Long Tall Sally de Little Richard. Le public japonais a l’air d’apprécier. J’aime beaucoup aussi le rythme de la batterie de Steamrock Fever . On trouve aussi un autre morceau chanté par Ulrich Roth, Dark Lady mais où Klaus assure les chœurs et le refrain et je trouve que le chant à deux, rend super bien. La guitare est encore exceptionnelle de la première note d’intro à la dernière. Très bonne basse aussi, qui claque pas mal. Après un intermède étonnant où ils interprètent l’hymne Japonais (chanté en japonais, appris par cœur et phonétiquement par Klaus – il a habitude, il faisait déjà comme ça aux débuts de Scorpions quand il ne parlait même pas anglais), ils finissent par le célèbre Robot Man , endiablé, et dont la guitare d' Ulrich est comment dire ? je l’ai déjà dit ? vraiment ? Oui c’est vrai : géniale ! Ecoutez ce break de malade à la moitié du morceau, bien emmené par la batterie de Hermann. Ulrich est en totale communion avec son instrument et avec le morceau.

Au final, un bijou, pas d’autre mot. Si vous aimez Scorpions Epoque II, et que vous ne connaissez pas bien l’Epoque I, c’est l’album qu’il vous faut. Si vous aimez Scorpions Epoque I, c’est aussi l’album qu’il vous faut puisque je trouve les interprétations des classiques de cette époque sont bien plus intéressants, principalement grâce à un Ulrich Roth tellement inspiré en live. Si vous aimez les grands guitaristes, vous l’aurez compris avec cette chronique, vous tenez là, un album mettant en valeur un guitariste au talent immense qui n’aura jamais eu une reconnaissance à la hauteur de son talent. Ulrich is God !

Tracklist de Tokyo Tapes :

01. All Night Long
02. Pictured Life
03. Backstage Queen
04. Polar Nights
05. In Trance
06. We'll Burn the Sky
07. Suspender Love
08. In Search of the Peace of Mind
09. Fly to the Rainbow
10. He's a Woman, She's a Man
11. Speedy's Coming
12. Top of the Bill
13. Hound Dog
14. Long Tall Sally
15. Steamrock Fever
16. Dark Lady
17. Kojo No Tsuki
18. Robot Man