C H R O N I Q U E

Encore du changement chez Royal Hunt ! Les fans de la vieille et glorieuse époque se réjouissent car c'est le plus que talentueux DC Cooper qui revient derrière le micro (le fameux Paradox, dernier album qu'il avait enregistré avec le groupe, remonte à 1997). Quant au guitariste Marcus Jidell, il est allé gratouiller chez Evergrey, et son remplaçant se nomme Jonas... Larsen. Non, sérieusement ? Un guitariste qui s'appelle Larsen... pas mal ! On pourrait même dire que ça tombe sous le sens. Cela dit, du larsen, ce n'est pas chez Royal Hunt que vous risquez d'en entendre, leur musique étant toujours dominée par les claviers omniprésents du leader André Andersen.  

Avec Show Me How To Live, point de surprise, pas de révolution musicale sauf si l'on considère qu'une révolution revient à faire un tour sur soi-même. Royal Hunt fait du Royal Hunt, et vu que DC Cooper est revenu derrière le micro, les nouvelles compos font évidemment penser à la musique servie par le groupe à l'époque où ce chanteur y officiait pour la première fois. Ce qui veut dire quoi, exactement ? Et bien, qu'on y entend moins la guitare que sur le précédent (et très réussi) X, et que les influences 70's présentes sur ce dernier ont également disparu. Pour revenir à la guitare, je vais nuancer mon propos, Jonas Larsen ne fait évidemment pas que de la figuration et il se distingue lors de solos où son talent éclate au grand jour. Bien sûr, Mr. Andersen n'allait pas engager un manchot... mais il serait tout de même déraisonnable de s'attendre à assister au festival du riff lors de l'écoute de cet album.

Que trouverez-vous sur ce Show Me How To Live ? Sept compos pour quarante-quatre minutes de musique. Une volonté de ne pas trop en faire, de ne pas tomber dans le piège du remplissage... une durée raisonnable pour un nombre de chansons limité met en confiance. On sent que l'aspect mélodique des nouveaux morceaux a bien été peaufiné, les refrains ont été conçus pour ne pas être facilement délogés de votre tête une fois absorbés. On retrouve les traditionnels choeurs féminins, véritable signature du groupe, et ces nappes de claviers immédiatement reconnaissables. DC Cooper est toujours un grand chanteur, pas de déception sur ce point. Il n'abuse pas des montées dans les aigus et nous enchante de sa belle voix claire et profonde.

One More Day, An Empty Shell et Angel's Gone sont des titres efficaces au tempo enlevé alors que le single Hard Rain's Coming ou la chanson Another Man Down ralentissent le tempo et offrent des refrains immédiatement mémorisables. La chanson titre est une sorte de ballade de dix minutes comprenant un long break symphonique en son sein. Belle compo, même si le refrain finit par lasser sur la fin. Half Past Loneliness rappelle un peu le style d'une Message To God (sur l'album Paradox) avec son intro basse/batterie bien dynamique suivie d'une mélodie, encore une fois, particulièrement entêtante. Et le refrain ? Imparable, bien entendu. Cependant, si vous avez du mal avec les mélopées aux relents FM un peu sucrés, prenez tout de même garde, Royal Hunt possède toujours ce son aseptisé, très synthétique, et donc un peu froid, qui ne plaira pas forcément aux amateurs de metal un tant soit peu rugueux. Il faut dire que les claviers du leader sont parfois un peu envahissants, et proposent de temps à autres des thèmes qui n'effraieraient pas les fondus de l'Eurovision (la fameuse Half Past Loneliness justement). Mais c'est aussi cela qui fait l'identité de ce groupe, on ne saurait donc lui en faire le reproche aujourd'hui.

Pour ma part, j'aimais bien l'orientation un peu plus sombre et heavy des deux opus précédents avec Mark Boals au chant. Cette fois-ci, Royal Hunt fait logiquement machine arrière et s'adresse davantage à ceux qui les ont adorés dans les années 90. L'ensemble est séduisant et bien fichu mais je regrette que la guitare soit si en retrait sur les rythmiques ou autres couplets qui parsèment ce onzième album. Maintenant, on ne saurait nier que le tout est soigné, parfaitement bien produit et interprété. Les fans vont apprécier, cela ne fait aucun doute. Pas forcément aussi prenant que LA référence Paradox, ce Show Me How To Live sonne tout de même le retour d'un groupe en forme que l'on prendra plaisir à voir se produire sur scène, s'il daigne passer par chez nous lors de sa prochaine tournée. Croisons les doigts. 

Tracklist de Show Me How To Live :

01. One More Day
02. Another Man Down
03. An Empty Shell
04. Hard Rain's Coming
05. Half Past Loneliness
06. Show Me How To Live
07. Angel's Gone

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