Dire qu'il y a du rififi chez Rhapsody Of Fire relève soit de l'euphémisme, soit du pléonasme, soit des deux. Effectivement, le groupe n'aura pas été épargné par les problèmes en tout genre depuis plusieurs années. Changement de noms à cause de problèmes de droits, soucis avec le label, séparation du groupe en deux entités, et départs multiples. Et c'est ainsi que fin 2016 deux membres de plus ont quitté le navire et pas des moindres : le batteur Alex Holzwarth et surtout le chanteur de toujours Fabio Lione, tous deux partis vers d'autres horizons. Du line up original il ne reste donc plus que le valeureux chevalier Staropoli, désormais aux commandes d'un navire sérieusement touché et endommagé. Loin de se laisser abattre, on sent le bonhomme boosté par l'adversité, ce qui est plutôt rassurant quand à l'avenir du groupe italien. D'ailleurs le dernier album en date, Into The Legend, a sérieusement rassuré quant au potentiel du groupe à retrouver des couleurs et de l'envergure, alors espérons que ça dure ! Manu Lotter remplace donc Alex Holzwarth derrière les fûts, et Giacomo Voli, illustre inconnu, aura la lourde tâche de succéder à Fabio au chant.
Et pour fêter ce tout nouveau line up, le groupe a décidé de sortir un nouvel album, qui n'est en fait pas un album mais une sorte de best-of composé de titres uniquement issus de l'âge d'or du groupe, c'est à dire des quatres premiers albums. Mais il ne s'agit pas d'un best-of classique, étant donné que le groupe a pris la peine de tout réenregistrer. Ce procédé devient habituel (on se souvient notamment de la nouvelle version du Ecliptica de Sonata Arctica, qui n'a strictement rien apporté) et ne sert pas à grand chose, sauf que dans le cas de Rhapsody Of Fire, il y a tout de même un intérêt : voir comment se débrouille le petit nouveau derrière le micro, et comment il arrive à s'approprier les titres si mythiques que tout le monde connaît par cœur.
Bon déjà le choix des titres est on ne peut plus pertinent. On y retrouve que des tubes et donc un beau panaché des cinq premières années. C'est parti pour la lecture et on débute par Dawn Of Victory et là dès les premières secondes il y a comme un hic. Le mixage est centré sur les guitares et on n'entend presque plus, juste en fond, les orchestrations. Et le tout dégage bien moins de puissance que la version originale. On a presque l'impression d'écouter une version démo du morceau ! Le tout sonne plus cheap qu'il y a dix sept ans, c'est un comble ! Heureusement le reste du morceau se rattrape mais le début est déroutant. En revanche, la performance vocale de Giacomo Voli me rassure. Il possède son propre timbre et n'essaie pas de singer Fabio Lione. Et c'est bien lui le grand gagnant au final. Il apporte une couleur différente aux morceaux (Knightrider Of Doom, Flames Of Revenge et Land Of Immortals sont vraiment des réussites dans le genre) et son passage sur Legendary Tales et surtout Wings Of Destiny, deux titres où la partie vocale est mise en avant avec de longs passages calmes et posés, est très convaincant. Il se débrouille aussi lorsqu'il faut passer à un registre plus violent comme sur When Demons Awake. Musicalement, c'est peu ou prou la même chose. Le groupe a simplement modifié quelques tonalités pour ne pas faire un copier-coller à 100% mais il faut vraiment être un fan ultime pour s'en rendre compte.
Au final on a l'impression d'écouter un tribute band à Rhapsody plutôt que Rhapsody lui même. Ce qui, pour ce genre d'exercice, est plus une qualité qu'un défaut. Concrètement, le nouveau vocaliste s'en sort très bien, sait faire revivre les morceaux et apporte une hargne que Fabio n'avait pas, tout du moins pas dans le même registre. Alors, bien évidemment, il va y avoir des tas de détracteurs, ce qui est compréhensible mais, personnellement, je trouve le choix de ce chanteur judicieux et pertinent. Reste plusieurs questions en suspens. Si sa voix en studio convainc, en sera-t-il de même en live ? Et au delà de ça, il faudra aussi que l'osmose opère au sein de ce tout nouveau line up. Quoi qu'il en soit, j'ai hâte d'avoir entre les oreilles un nouvel album avec des compositions faites pour lui. Alors oui, ce Legendary Years n'est absolument pas indispensable et la note reflète juste l'intérêt de cette sortie et non les compositions. On a juste de quoi patienter jusqu'au prochain opus.
Tracklist de Legendary Years :
01. Dawn Of Victory 02. Knightrider Of Doom 03. Flames Of Revenge 04. Beyond The Gates Of Infinity 05. Land Of Immortals 06. Emerald Sword 07. Legendary Tales 08. Dargor, Shadowlord Of The Black Mountain 09. When Demons Awake 10. Wings Of Destiny 11. Riding The Winds Of Eternity 12. The Dark Tower Of Abyss 13. Holy Thunderforce 14. Rain Of A Thousand Flames
|