Sorti tout droit du Danemark et inconnus au bataillon (un EP avait vu le jour l’année précédente mais passé complètement inaperçu), Pretty Maids balance une véritable bombe dans le milieu du Heavy Metal en cette année 1984.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces "jolies demoiselles" cachent bien leur jeu. Déjà, point de demoiselles. Nous avons affaire à une bande de six jeunes hommes (dont un repris de justice – vive la réinsertion !). Et même si, comme le chantait Jeanne Mas, c'est en rouge et noir qu'ils posent pour la postérité au dos de l’album, nous n'avons pas affaire ici à du Metal pour midinettes. Non, ce premier album de Pretty Maids, c'est du Heavy qui décrasse bien les écoutilles.

Une intro tirée de Carmina Burana nous plonge direct dans le bain, suivie par Back to Back, un titre ô combien efficace. Tout de suite, on est impressionné par la voix de Ronnie Atkins, un poil éraillée et agressive juste ce qu'il faut (et qui peut passer à un timbre plus mélodique en une fraction de seconde). Et l'on note aussi que le guitariste lead, Ken Hammer, n'est pas un manchot. Et puis une chose retient rapidement notre attention : un groupe de Heavy qui ose les synthés, ce n'est pas si fréquent à l'époque. Ici, on se rend compte qu'ils ne sont pas là pour adoucir la musique ou la rendre aseptisée. Alan Owen, le claviériste, (et co-compositeur de plusieurs titres avec Atkins et Hammer) balance des accords bien puissants qui viennent soutenir les guitares.
Le son est énorme (on retrouve un certain Tommy Hansen derrière les manettes, à qui on devra notamment les deux Keeper de Helloween).
Second titre (Red, Hot and Heavy) et là, c'est un Heavy Metal bien lourd et puissant qui nous arrive dessus. Les gars ont bien appris de leurs voisins Accept et ont retenu la leçon : le Heavy Metal avec des gros choeurs, ça tue !
Waitin’ for the Times nous montre un autre visage du groupe, plus mélodique et accessible. C'est un excellent titre mais c'est (malheureusement) cette voie que le groupe prendra par la suite, en oubliant un peu ses compos les plus heavy. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : l'album suivant, Future World, est une sacrée bombe aussi mais déjà bien moins agressif que celui-ci. Et le groupe va aller en s'assagissant ensuite... dommage.
Mais pour le moment, rien de tout ça. D'ailleurs, on a ensuite droit à une triplette de morceaux Heavy/Speed bien méchants : Cold Killer, Battle of Pride et Night Danger. La voix de Ronnie est puissante et hargneuse. Ca décoiffe, mes amis. Mais c’était sans compter les deux morceaux suivants. Deux petits joyaux glissés là pour bien nous atomiser avant la fin de cet album (un peu trop court). A Place in the Night et Queen of Dreams. Imparables. Refrains en or, puissance et mélodie en symbiose parfaite. La classe, tout simplement.
L’album se termine sur une reprise de Thin Lizzy, Little Darling. Un morceau plus Rock n’Roll que le reste, et pour cause, qui dénote presque un peu. Mais après la baffe que l’on vient de se prendre, ce n’est pas ce dernier titre qui va changer la donne, d’autant qu’il est tout de même bien convaincant.

Red, Hot and Heavy s’inscrivait comme l’un des meilleurs albums de l’année 1984 et Pretty Maids, comme un groupe à suivre de très près.
Trois ans plus tard, le groupe accoucha d’un encore très bon Future World bien qu’il marquait déjà, comme précisé plus haut, un penchant vers un Hard Rock plus mélodique (pour ne pas dire FM) avant de tomber dans des albums moins inspirés pendant pas loin d'une décennie.
Le groupe, toujours en activité, mené aujourd’hui par les seuls rescapés Atkins et Hammer, sort encore de très bons albums (notamment Pandemonium en 2010) mais qui passent assez inaperçus auprès du "grand public" metal. Dire que ce groupe aurait pu figurer parmi l’élite du genre…

Tracklist de Red, Hot and Heavy :

01. Fortuna (intro)
02. Back To Back
03. Red, Hot and Heavy
04. Waitin' for the Times
05. Cold Killer
06. Battle of Pride
07. Night Danger
08. A Place in the Night
09. Queen of Dreams
10. Little Darling