Artiste/Groupe:

Parallel Minds

CD:

Headlong Disaster

Date de sortie:

Mai 2015

Label:

Brennus Music

Style:

Heavy Thrash Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

17/20

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Sans aller jusqu'à dire que 2015 est une mauvaise année pour le metal, je dois avouer que j'ai du mal à réellement m'enflammer sur les sorties parues ces derniers mois. Et pourtant il y a eu de bonnes choses, voire très bonnes... mais, franchement, dans les styles que j'affectionne tout particulièrement (qui vont du hard rock au thrash en passant par le heavy, le power ou le prog), je n'ai pas eu de gros coups de coeur ni de révélations. Et cela fait un moment que cela dure. Il était temps qu'un disque surgisse du néant et vienne me mettre un bon coup de pied au derrière... et c'est chose faite avec Headlong Disaster de Parallel Minds. Enfin un CD qui sort du lot et à propos duquel je ne vais pas juste dire "Oui, c'est bien fait mais classique, efficace, sans plus, nia nia, bla bla bla...". Mes amis, qu'on se le dise, l'album de heavy thrash du moment, c'est celui-là et pas un autre. L'oracle ne l'avait pas prédit : l'élu est un nouveau groupe français et autoproduit... et non un groupe déjà établi.

Formé par Grégory Giraudo (également guitariste de Coexistence) et son cousin Stéphane Fradet (qui a chanté dans Falkirk), Parallel Minds s'est offert les services d'un batteur confirmé puisqu'il s'agit de Franky Costanza (Dagoba). J'avais déjà bien flashé sur l'album Flow de Coexistence en 2011 et retrouver de nouvelles compos signées Giraudo aujourd'hui me procure beaucoup de plaisir... d'autant plus qu'il n'est pas seul et que le travail accompli avec son cousin permet au combo de ne pas sonner comme un Coexistence bis... Il y a des points communs au niveau des ambiances et de certaines influences mais cette fois-ci les touches progressives sont plus discrètes et l'accent est mis sur l'immédiateté et le poutrage !! 

Dès les premières secondes de I Am, on sent une belle envie d'en découdre. Grosse rythmique qui ne devrait pas déplaire aux fans d'Iced Earth, une batterie massive qui s'emballe, un chant éraillé et puissant qui oscille entre phases mélodiques et méchantes gueulantes tout en restant toujours crédible... l'ambiance est sombre, ultra heavy, ça commence fort ! Into The Void propose quelques touches modernes sur un couplet orienté groove metal avec un Stéphane qui ajoute une bonne dose de graviers à sa voix. Pendant ce temps, Greg (qui endosse aussi le rôle de bassiste) installe une rythmique lourde et tranchante, secondé par un Franky Costanza qui maltraite sa batterie comme il se doit. Le tempo est un peu le même sur Reborn Through Hate mais le morceau n'a pas les mêmes couleurs que le précédent. Le propos reste heavy mais le riff et le chant apportent plus de mélodie. Le refrain est bien catchy et mémorable. Le groupe a d'ailleurs mis en ligne une lyric vidéo de ce morceau plus accessible. Petite remarque en passant, le solo de guitare est excellent.

On pourrait croire que les cousins ont grillé leurs meilleures cartouches d'entrée de jeu pour impressionner l'auditeur et que la pression va inévitablement retomber mais ce n'est pas le cas... car la suite est encore plus classe. L'impériale Migdal Bavel, chanson de plus de huit minutes, à la lourdeur écrasante, nous prouve que Parallel Minds a plus d'une corde à son arc. Changement d'ambiance, de tempo... ce morceau a juste la classe. Beau travail sur l'atmosphère, notamment sur les choeurs, les harmonies assez planantes qui contrastent avec la pesanteur de la section rythmique et de la guitare. Le final, où ne subsistent plus que les choeurs et de discrets claviers, est de toute beauté. Arrive ensuite l'un de mes morceaux préférés : la chanson titre. Petite intro calme guitare/voix avant que la machine ne s'emballe et que la guitare ne nous serve un riff super efficace. Le tempo devient speed, Stéphane balance toute sa hargne avant de se faire plus mélodique sur un refrain épique aux petits oignons. Et les solos... ils me font penser aux grandes heures de Blind Guardian (Greg fait même parler deux guitares simultanément mais sur des thèmes différents comme l'ont fait les fameux bardes sur Lost In The Twilight Hall). Ghost Of Sparta se situe dans la lignée des titres bien rythmés et bastonnants proposés par le groupe avec un style à cheval entre heavy technique et thrash qui dépote... alors que A 1000 Minds Away, ballade (mais ballade heavy) propose une accalmie bienvenue qui permet de reprendre son souffle. J'aime moins mais ça reste bien fait et ne sombre pas dans la mièvrerie. 

Il n'est pas donné à tout le monde de composer un morceau épique de vingt minutes qui tienne la route du début à la fin... Eh bien, là encore, avec Hyperion, Parallel Minds rend une copie assez remarquable. Intro qui pose l'ambiance avec orage et piano qui résonne dans les ténèbres, choeurs majestueux suivis de guitares tranchantes et tempos entraînants... les minutes passent sans que l'on s'en rende compte et, après quelques rebondissements parfaitement mis en place, on arrive au bout de l'épopée qui s'achève sur un beau et surprenant final tout en choeurs que n'aurait pas renié Savatage (pour la technique du contrepoint). L'ensemble est puissant, cohérent, bien ficelé... C'est très fort ! 
Une fois les huit pistes digérées, il vous restera bien un peu de place pour deux reprises ? Coming Home (Scorpions) et Only The Good Die Young (Iron Maiden). Encore une fois, c'est du très bon boulot. Les versions de Parallel Minds sont fidèles et personnelles à la fois. Le propos n'est pas dénaturé mais le groupe a bien adapté la musique des glorieux ancêtres à son style fougueux. Du coup, c'est musclé et modernisé mais respectueux. De la reprise intelligente en somme. 

Au final, soixante-huit minutes de metal varié, puissant et cohérent qui parlera aussi bien à ceux qui aiment le heavy traditionnel qu'à d'autres en recherche de fraîcheur et modernité. Mélodie, technique, rapidité, lourdeur, agressivité, sensibilité... il y en a pour tous les goûts. Et quand c'est aussi bien fait, on dit bravo et on en redemande. J'ai oublié de dire que l'album était bien produit ; le son est puissant et bien métallique, un certain Jacob Hansen (qui a travaillé avec Pretty Maids, Evergrey, Amaranthe, Primal Fear, Mercenary, Volbeat et tant d'autres) a d'ailleurs masterisé la galette. Voilà donc un nouveau groupe à suivre de très près... et l'un des rares à proposer autre chose qu'un simple bon album de heavy de plus. Dans ce style, je ne voix que deux combos qui sortent du lot cette année : Orden Ogan (avec le plus que recommandable Ravenhead) et... Parallel Minds avec cet excellent Headlong Disaster. Vous savez ce qu'il vous reste à faire. 

 

Tracklist de Headlong Disaster :

01. I Am
02. Into The Void
03. Reborn Through Hate
04. Migdal Bavel (Myth Of Babel)
05. Headlong Disaster
06. Ghost Of Sparta
07. A 1000 Minds Away
08. Hyperion
09. Coming Home (Scorpions cover)
10. Only The Good Die Young (Iron Maiden cover)