Pain Of Salvation

Artiste/Groupe

Pain Of Salvation

CD

Falling Home

Date de sortie

Novembre 2014

Label

Inside Out

Style

Métal Progressif

Chroniqueur

Didier

Note Didier

16/20

Site Officiel Artiste

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C H R O N I Q U E

Quelle histoire ! A la première écoute de ce nouvel album de Pain Of Salvation, mon groupe favori après Rush, j’ai bien cru que j’allais devoir en dire du mal. Oui mais ça, c’était avant. Avant de le réécouter plusieurs fois sur un casque haute-fidélité (et anti bruits). Car là, j’ai entendu des choses qui m’avaient échappées. Tellement de choses que je me suis même forcé de ne pas mettre de coup de cœur, pour ne pas perdre la face complètement. Car des choses musicales étonnantes et fantastiques, cet album en est bourré. Si vous lisez ces lignes en vous demandant si c’est du Pain Of Salvation, metal progressif de la première époque, j’ai bien peur que cet album, comme les deux précédents, ne soit toujours pas pour vous. J’ai aussi l’impression que le changement est imprimé dans la durée et que vous devriez vous faire une raison et tenter l’expérience en faisant abstraction du passé, aussi glorieux fut-il. Oui, Pain Of Salvation, toujours mené par son leader charismatique Daniel Gildenlöw, a changé et on retrouve ici le groupe version « bio », minimaliste, épuré, que nous avons découvert sur les albums Road Salt One et Road Salt Two. On est dans cette même logique. Pourtant, on lit dans le press kit que c’est une suite de l’album live acoustique 12:5 (déjà une pure merveille), alors qu’il me semble que c’est plutôt une évolution logique des Road Salt. Il faut rappeler aussi que l’album avait été annoncé il y a déjà pas mal de temps comme un intermède acoustique, sensé nous faire patienter en attendant l’album suivant. Mais, qu’entre temps, les soucis de santé graves dont a souffert Daniel sont venus perturber ses projets. Il précise aussi que l’idée d’enregistrer quelques titres en acoustique, lors de leurs sessions de répète, paraissait simple mais, au final, le perfectionniste qu’il est a réalisé que c’était un gros travail et du coup, ce Falling Home sort deux ans après le Road Salt Two. Les problèmes de Daniel étaient graves, nous étions tenus au courant sur sa page Facebook et Pain Of Salvation était à l’arrêt complet, la traditionnelle participation de Daniel à la tournée de Transatlantic annulée. Bref il était 100% accaparé par sa guérison qui a pris beaucoup de temps.
Alors que trouve-t-on sur cette nouvelle étape de l’expérience PoS ? Des réinterprétations acoustiques de certains de leurs morceaux, parfois très surprenantes, toujours avec une qualité de production irréprochable, un nouveau morceau, et deux reprises. Gros plan.

Disons-le de suite : j’étais inquiet, et espérais que les soucis de santé ne nuirait pas à la voix incroyable de Daniel. Soyez rassurés, braves gens, Daniel a toujours la voix la plus incroyable de la scène metal prog actuelle. Il suffit de quelques mesures de Stress, le premier morceau, pour s’en rendre compte. Un monstre, avec un éventail de tonalités impressionnant et un panel d’émotions tout aussi incroyable. Côté morceau, c’est un choc, car après une intro swing ponctuée de rires d’enfants et un clin d’œil à Imigrant Song de vous savez qui, le morceau aux vocaux particulièrement étonnants déjà dans la version originale (dans l’album Entropia) se voit relooké style boogie/swing, avec des breaks contrastés (un très rockabilly, puis un très funk). Même si j’ai été un peu choqué au départ je dois reconnaitre qu’au final, ce morceau est un modèle de progressivité, et qu’on peut légitimement crier au génie, notamment dans la qualité de son final groovy.

Un fois qu’on a capté l’idée de cet album et arrêté de lutter, on est vite conquis par les interprétations incroyables de Linoleum (Road Salt One) par exemple ou de Shoreline (Road Salt Two), de Spitfall (Scarsick) et de 1979 (Road Salt Two). On remarque que Daniel laisse plus de place vocalement à ses acolytes, avec des duo/trio, des chœurs, des contre voix, tous ajoutant une touche d’émotion incroyable aux morceaux pourtant déjà forts. On ne réécoutera plus les originaux de la même manière, c’est certain. Dans ces quatre morceaux tout est parfait : les voix donc (de tous), mais aussi la basse (de Gustaf Hielm, de retour dans le line up), pure et magnifique et la batterie (de Léo Margarit), particulièrement subtile. Ragnar Zolberg épaule Daniel à la guitare et amène ses influences, et Daniel D2 Karlsson (ex-bassiste de tournée du groupe) ajoute des petites touches de claviers. To The Shoreline accentue encore la petite touche Ennio Morricone et 1979 arrive à être encore plus chargée d’émotion que l’originale, ce qui semblait pourtant impossible.

Mon passage préféré reste Chain Sling (Remedy Lane) qui vous hérisse les poils des bras, juste dans son intro. Encore plus fort que dans 12:5, le chant de Daniel, très haut perché, est fantastique. L’ambiance médiévale de l’originale est conservé, un des membres du groupe (mais qui ?) vient chanter avec Daniel, le résultat est génial. Attention, il m’a semblé voir que dans certains packagings, ce morceau n’était pas présent. Méfiance donc ! La version de Mrs Modern Mother Mary (Scarsick) est aussi remarquable (chant, basse) et revisite de belle manière l’originale. On remarque aussi l’étonnante batterie (à la main ?) sur Flame To The Moth (Scarsick encore) très réussi.  

On citera aussi le seul morceau original de l’album, et qui lui donne son nom. On avait eu l’occasion de l’entendre lors de la tournée acoustique, joué en duo avec Ragnar, il est tout aussi remarquable dans cette version, à la production particulièrement soignée. Le travail des voix est impressionnant.

Parlons des reprises quelques instants. J’en connaissais une des deux, pourtant je ne l’ai pas reconnue, mais alors pas reconnue du tout. Je veux parler de Holy Diver (de vous savez qui aussi), qui est revu en mode crooner (pas chanté par Daniel d’ailleurs), dans un style jazzy, un peu swing, avec même un clin d’œil à Jamin’ de Stevie Wonder. Clairement ça ne plaira pas à tout le monde et certain hurleront que Dio doit se retourner dans sa tombe. Pas si sûr, même si les reprises ne sont pas pour moi les meilleurs moments de l’album (j’aime pas les ba-la-ba-la du swing). La seconde reprise, est Perfect Day de Lou Reed, que je ne connaissais pas, et qui est le morceau qui me plait le moins dans cet album, je ne le trouve pas essentiel, un peu niais, presque une chanson de noël, et au final j’aurais préféré une autre de ces reprises magiques.

Bon pour conclure, je trouve que cet album est une vrai réussite. Le groupe continue d’y dévoiler son côté musical chargé d’émotion. Le Pain Of Salvation de la première génération n’est plus et le groupe a choisi une nouvelle direction artistique qui me convient, mais qui ne conviendra pas forcément à tous. Le virage entamé avec les deux Road Salt et la tournée intimiste est maintenant confirmé. Comme le fait Opeth aujourd’hui en choisissant aussi une nouvelle approche, radicalement différente, une page du groupe s’est tournée. Mais une chose est sûre : Le Pain of Salvation nouveau, rime avec… beau !

 

Tracklist de Falling Home :

01. Stress
02. Linoleum
03. To The Shoreline
04. Holy Diver
05. 1979
06. Chain Sling
07. Perfect Day
08. Mrs. Modern Mother Mary
09. Flame To The Moth
10. Spitfall
11. Falling Home

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