Paavoharju

Artiste/Groupe

Paavoharju

CD

Joko sinä tulet tänne alas tai minä

Date de sortie

Octobre 2013

Label

Svart Records

Style

Musique expérimentale

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

10/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

J’ai dû mettre au moins deux jours avant de réussir à prononcer « correctement » le nom du groupe, alors ne me demandez pas de retenir le nom de l’album, ni de l’écrire dans son entier. Je le raccourcirai donc au fil de cette chronique par  le beau diminutif : « Joko ». Désolé d’avance pour les finnophiles !

Paavoharju, c’est un groupe de musique expérimentale, pour faire simple, formé par les frères finlandais Ainala. J’avoue que je ne connaissais pas du tout leur travail, c’est donc avec une toute belle fraîcheur que je me suis lancé dans l’écoute d’un album qui promettait de bons moments d’envolées mystiques.

Mais, mais… Comment dire…

Ne croyez pas que je suis un bougre de métalleux, étriqué dans son manteau de cuir et ses bottes cloutées. Je suis assez éclectique dans mes choix musicaux. Je suis d’habitude assez fan de musiques expérimentales, j’aime beaucoup Lustmord, Attrition ou encore Vox Populi. Je ne suis pas non plus contre les mélanges des genres, électro, martial, éthéré, tout ça peut faire un beau mélange et peut même parfois produire des chefs-d’œuvre.

La parenthèse egotrip étant terminée, revenons à nos moutons. Joko m’a complétement désarçonné. Je suis complétement perdu. Mais dans le mauvais sens du terme… Avec ce genre de musique il se produit d’habitude, au fil des écoutes, comme une sensation à l’intérieur de notre corps, comme si l'on était en résonance avec elle ; emporté, fasciné même par un univers qui s’offre à nous, ouvrant les portes de la perception à la fois mentales et corporelles. Il se produit quelque chose de singulier, entre l’extase mystique et une joie pulsionnelle. Avec Paavoharju j’ai dû ressentir cela environ quatre fois sur douze, oui c’est bien ça, quatre fois : Patsaatkin kuolevat + Sä olit + Tattarisuo 1931 + Kolmas voima. Autant vous dire que j’ai tenté à chaque fois de raccrocher le wagon, tentant fébrilement de comprendre ce que les frères finlandais essayaient de nous faire passer. Mais rien. Rien de rien. A part les chants féminins qui sont très réussis et qui s'harmonisent bien avec un rythme lent et martelé, je n'ai rien suivi. Je me suis alors tourné vers des interviews, peut-être après tout ne suis-je qu'un sombre profane.

Ces messieurs vous expliquent qu’ils ont vécu dans des maisons abandonnées, qu’ils y ont une fois découvert un corps pendu en décomposition, qu’ils ont trouvé ça esthétique etc etc. D’accord, je veux bien. Je suis très ouvert sur ce que l’esthétique recouvre, Nietzsche ne dit-il pas d’ailleurs que la beauté artistique reposerait sur le Dionysiaque ? La fulgurance pulsionnelle et totalement orgiaque de l’Un-primordial ? Mais je m’égare. Tout ça pour vous dire que retranscrire des « images mentales » (ce que tente de faire la musique expérimentale) c’est assez difficile et pas donné à tout le monde. Il faut jouer en subtilité et y mettre ses tripes. On doit pouvoir les voir, dégoulinantes, sur l’autel de leur album. Mais ce n’est malheureusement pas ce qui s’est passé avec le dernier Paavoharju. Je ne les ai pas du tout suivis dans leur trip. Peut-être que les maisons abandonnées et les cadavres c’est cool, mais là, dans Joko, on n’en a vraiment pas l’impression… Quelle horreur ! Non mais honnêtement je vous invite à lire cette interview, un condensé de clichés à n’en pas finir, les membres de Paavoharju s’y croient vraiment, mais tout ça pour quoi au final ? Pas grand-chose à mon avis. Se la jouer artiste intello en phase avec la face cachée du réel et tout le toutim je veux bien. Encore faut-il y arriver…

Conclusion en forme de choix cornélien (ou pas) :

La musique expérimentale est, encore plus que tout autre style, une collusion entre l’artiste et le spectateur. Si cette collusion ne fonctionne pas alors il y a deux solutions, soit l’artiste a raté son objectif, soit c’est vous le problème. Dans notre cas je pencherais pour la première réponse, malheureusement. Je vous invite à cependant à y jeter une oreille, et si vous avez aimé, alors s’il vous plaît, venez me l’expliquer, parce que je suis complètement paumé !

 

Tracklist de Joko sinä tulet tänne alas tai minä :

01. Metsän hämärä
02. Patsaatkin kuolevat
03. Krabat
04. Sä olit
05. Tumulus
06. Kuolon uni
07. Tattarisuo 1931
08. Penuel
09 Valkeat majat
10. Olet maailman syli
11. Minä nousen sinne
12. Kolmas voima

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