Artiste/Groupe:

Nightwish

CD:

Endless Forms Most Beautiful

Date de sortie:

Mars 2015

Label:

Nuclear Blast

Style:

Metal Symphonique

Chroniqueur:

Florentc

Note:

17/20

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L'arrivée d'un nouvel album de Nightwish est toujours un gros évènement. D'une part car le groupe est devenu une énorme machine qui sait faire monter la sauce auprès des fans, mais aussi car il y a souvent du changement au sein du groupe. Et de changements il en est bien évidemment question aujourd'hui, plus que jamais. Même si tout le monde est au courant, faisons un bref résumé de la situation. Exit Anette Olzon, qui aura tenu deux albums (et des prestations live pas toujours digne du statut du groupe) et bienvenue à Floor Jansen, LA chanteuse que tout le monde attendait depuis dix ans. Une énorme attente concernant les nouvelles compositions et la capacité à la demoiselle à se fondre dans le groupe. Ses prestations durant la dernière tournée ont été très convaincantes, à tel point que c'est bien avec elle que le groupe a sorti le très bon Showtime Storytime. Autre nouveau membre officialisé en toute logique, Troy Donockley, le multi instrumentiste en instruments à vent grâce à qui la musique des Finlandais est dorénavant teintée de mélodies celtiques. Enfin, et c'est plus malheureux, le batteur originel, Jukka Nevalainen a dû quitter le navire pour raison de santé, et laisser sa place à un autre Finlandais, Kai Hahto (Swallow The Sun, Wintersun) derrière les fûts. De gros bouleversements donc, en presque cinq ans entre Imaginaerum et Endless Forms Most Beautiful

La question est maintenant de savoir si le groupe aura su digérer tout ça, et repartir de plus belle. Imaginaerum était magistral dans son approche cinématographique et orchestral, sûrement l'apogée du groupe en la matière. En contrepartie, les parties metal disparaissaient clairement au profit de l'orchestre. Un choix délibéré, avec comme d'habitude les pours et les contres... Concernant les thèmes abordées, Endless Forms Most Beautiful change radicalement la donne. Il est ici question de l'évolution des espèces, avec en invité le biologiste Richard Dawkins qui viendra effectuer quelques narrations. Le titre de l'album ("Une Quantité Infinie de Belles et Admirables Formes" en français) est d'ailleurs une citation de... Charles Darwin, et répétée à plusieurs reprises au sein de l'album. Le décor étant planté, place maintenant à la musique. Une certitude, cet album va une nouvelle fois diviser et ne fera pas l'unanimité ! 

A Shudder Before The Beautiful d'ouvrir le bal. Grosses orchestrations en intro, l'auditeur n'est pas dépaysé. Au contraire, la première écoute est déconcertante tant ce morceau fait référence à Dark Chest Of Wonders sur les riffs du début (il en sera de même pour Yours Is An Empty Hope, de manière encore plus criante). Passé ce constat qui s'estompe au fil des écoutes, le morceau est intéressant à plusieurs titres. Un double solo guitare / clavier vraiment bienvenu, qui sonne comme un retour aux sources (j'entends par là avant Once). Les choeurs, quant à eux, nous ramènent au Nightwish d'aujourd'hui. Bon mélange des différentes périodes du groupe. Après quelques écoutes, le refrain ne nous lâche plus. Continuons dans le déjà entendu avec Yours Is An Empty Hope dont je parlais à l'instant. Titre plutôt énervé, qui voit Floor chanter de manière agressive, à peine reconnaissable sur certains passages, ce qui n'est pas pour me déplaire. Marco donne aussi de la voix, fait assez rare sur l'album. Un des titres sur lequel j'ai eu le plus de mal à entrer à cause du mimétisme des riffs avec Dark Chest Of Wonders. En revanche l'orchestration ne souffre d'aucune critique et Floor et Marco scandant YOURS IS AN EMPTY HOPE risquent bien de faire un malheur lors de la prochaine tournée.

Les influences celtiques sont bien entendu toujours présentes. Même si elles paraissent moins évidentes, Troy apparait sur pas moins de huit titres. Elan bien sûr, que tout le monde connaît et qui remplit son rôle de single gentillet, Edema Ruh, mais surtout My Walden, excellent tire accrocheur sur lequel Troy chante également. Diverses flûtes et cornemuses sont de la partie, un refrain simple mais efficace, voilà une recette qui fonctionne. On pourra même entendre quelques passages bien country au banjo, influence également présente sur Weak Fantasy, autre titre en duo avec Marco, un bon titre bien heavy qui passe très bien. Parmi les belles réussites, citons Endless Forms Most Beautiful et Alpenglow, aux refrains intéressants qui ne vous quitteront plus. Une nouvelle fois, Emppu s'amuse avec quelques soli bienvenus qui manquaient, il faut bien le dire (Edema Ruh, où les claviers et la guitares distillent des ambiances entendues il y a quinze ans !).

Depuis Dark Passion Play le groupe a pris pour habitude de laisser l'auditeur respirer avec un titre acoustique. The Eyes Of Sharbat Gula est d'un calme olympien, très douce avec une mélodie répétée à la flûte avec les choeurs et l'orchestre en fond. C'est beau, mais sur six minutes, c'est un poil longuet tout de même. C'est un titre qui aurait largement pu figurer sur The Life And Times Of Scrooge. Ca ne m'étonnerait pas que Tuomas l'ait composé en même temps. Cette pause est en tout cas la bienvenue avant le final que nous propose Nightwish. The Greatest Show On Earth, énorme pavé de vingt-quatre minutes, est la pièce la plus ambitieuse de la carrière du groupe. Découpée en quatres parties, elle retrace les 4,6 milliards d'années de vie sur terre. Vu sous cet angle, le titre est concis finalement ! Début très solennel avec un duo piano / violoncelle, rappelant certaines sonates de Schubert. Le tout monte en puissance petit à petit avec l'orchestre puis la cornemuse et Floor, qui nous offre une prestation tout en lyrisme (le seul passage lyrique de l'album). La deuxième partie explose tout, avec le thème repris, guitare et double grosse caisse de sortie. Le titre prend son envol et nous offre un refrain jouissif ! S'enchaînent les parties orchestrales, celtiques, les choeurs, et même des cris d'animaux et des beats techno, le tout dans une grande cohérence. Le travail effectué sur ce titre est fantastique. La troisième partie, la plus théâtrale, avec un Marco en forme ainsi que les beats techno ponctués par un autre refrain mémorable est maitrisée comme jamais. Comme quoi, le groupe est encore capable de surprendre. Retour au calme sur la dernière partie, avec Richard Dawkins récitant quelques phrases de ses ouvrages et l'orchestre qui clôture l'album de fort belle manière, avec des cuivres épiques à souhait. 

Nightwish, une nouvelle fois, ne décoit pas avec ce Endless Forms Most Beautiful qui demande plusieurs lectures avant de pouvoir plonger dedans. Très riche et dense au final, il délivre ses pépites petit à petit. Le groupe effectue un retour en arrière avec un clavier bien plus en avant que sur les dernières productions des Finlandais, noyé alors sous les profusions orchestrales. L'orchestre est justement ici mieux dosé, et laisse également place à la guitare de Emppu, de retour au premier plan et qui semble revivre. Nightwish a su garder son identité orchestrale acquise depuis Once tout en retrouvant un son proche des premiers albums. Fort. Ceux qui ne veulent pas écouter l'album après avoir été déçu avec Elan feraient bien de jeter une oreille bien attentive sur l'album. Quant à Floor, son approche vocale est différente de ce à quoi elle nous avait habitués. Globalement plus douce, elle sait aussi se montrer bien plus hargneuse de temps en temps, ce qui montre l'étendue de son talent et la variété de sa palette vocale. Surprise, c'est Marco qui est moins présent, alors qu'il était à chaque album de plus en plus important, notamment sur Imaginaerum. Preuve une nouvelle fois que rien n'est écrit par avance et que Tuomas compose ce qu'il veut, et malgré quelques auto-plagiats mentionnés en début de chronique, il est encore capable de surprendre, en témoigne The Greatest Show On Earth

 

 

Tracklist de Endless Forms Most Beautiful :

01. Shudder Before The Beautiful
02. Weak Fantasy
03. Élan
04. Yours Is An Empty Hope
05. Our Decades In the Sun
06. My Walden
07. Endless Forms Most Beautiful
08. Edema Ruh
09. Alpenglow
10. The Eyes Of Sharbat Gula
11. The Greatest Show On Earth