Artiste/Groupe:

Mountaineer

CD:

Sirene & Slumber

Date de sortie:

Mai 2017

Label:

Lifeforce Records

Style:

Post Rock, Shoegaze

Chroniqueur:

dominique

Note:

15/20

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"Les sanglots longs de l’automne, bercent mon cœur d’une langueur monotone. Tout suffocant et blême, quand sonne l'heure, je me souviens des jours anciens et je pleure..."

Comment ne pas penser à ces vers de Verlaine en écoutant ce premier album de Mountaineer, le groupe d’Oakland ? Autant le dire tout de suite, rien dans leur musique ne représente la Californie. Seattle pour le côté sombre et mélancolique, New York pour le côté post rock intello. Mais rien pour croire que c’est sous le soleil de la Bay Area qu’a mûri ce Sirens & Slumber. D’une extrême mélancolie, éthéré et distordu, voire même sale dans son atmosphère, le stoner shoegazien de Mountaineer n’en reste pas moins très intéressant à l’écoute. Sirens & Slumber ne se livre pas à la première écoute ; mais ses mélodies souvent soyeuses et parfois volumineuses ont l’attrait d’un jour de pluie au cours duquel on n’est pas obligé de sortir de chez soi, un jour contemplatif où l’on peut rester @home en regardant les gouttes de pluie exploser au sol.

L’album est très cohérent dans sa construction. La suite des titres semble avoir été travaillée attentivement. Une caravane émotionnelle croissante qui atteint son apothéose explosive sur Adrift. Mountaineer a poussé ce travail de construction jusqu’à exprimer très clairement la chute post-émotive dans le triste et beau titre de clôture Goodnight.

Tout au long de l’album, sections lourdes succèdent à des parties plus légères dans un flux logique. Foam ouvre cette suite tout en finesse, dans une petite mélodie presque insouciante ; la voix de Miguel Meza se confondant avec les instruments. Le charme est très vite rompu avec le puissant Coma Fever. Ce titre, qui était sorti avec Siren Song sur un EP en 2016, résume à lui seul le cadre général du disque. Volume, distorsion, éther et calme dans une harmonie instrumentale, les guitares de Clayton Bartholomew et Mike McClatchey laissant largement à la section rythmique du groupe. Cela se ressent encore plus dans l’excellent Measured Breath ; la basse de David Small et la batterie de Sean McCullough apportent l’énergie substantielle alors que voix et guitares construisent les émotions. Womb absorbe l’énergie restante et semble la changer en quelque chose de plus sombre. Mélodie répétitive, voix encore plus éloignée, à son écoute on ressent comme un picotement un brin désagréable. Pull The Blinds traîne sa mélancolie sur deux minutes trente ; la voix éraillée de Miguel Meza étant soudainement couverte par les instruments, comme si la vie reprenait. Siren Song est un brin plus stoner. Peut-être le titre le moins abouti musicalement de l’album. Langoureux et difficile comme un réveil de cuite, il gagne en volume et en qualité sur sa seconde moitié et annonce Fog And Distant Light, son frère jumeaux. La tristesse ressentie permet de remonter en émotion. Le son très noise, voire sale et un brin progressif, de ce titre apporte quelque chose de spécial qui va permettre d’atteindre sans douleur le pic que représente Adrift.

Ce premier album de Mountaineer avec son côté sombre et ses mélodies léchées est une réussite. Le groupe démontre un équilibre et une cohérence de vieux briscards. Reste à savoir comment ils pourront évoluer dans cette atmosphère musicale qui reste cependant très réduit et répétitif.

 

Tracklist de Sirene & Slumber :

01. Foam
02. Come Fever
03. Measured Breaths
04. Womb
05. Pull The Blinds
06. Siren Song
07. Fog And Distant Light
08. Adrift
09. Goodnight