Ministry

Artiste/Groupe

Ministry

CD

The Last Dubber

Date de sortie

Septembre 2009

Style

Indus Remix

Chroniqueur

hellblazer

Note hellblazer

16/20

Site Officiel

Myspace

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C H R O N I Q U E

De nombreux groupes en panne d'inspiration devraient prendre leur retraite à la manière d'Al Jourgensen... depuis qu'il a décrété finie la carrière de son bébé, Ministry, il n'a jamais été aussi prolixe, le bougre ! Et je sors une galette après l'autre (sans y perdre en qualité), et je te les remixe aussi sec. Ce "Last Dubber" passe donc au hachoir sonique sa victime, "The last Sucker" comme vous l'aurez déjà compris. Opus passablement déjanté à la base, il y a de quoi s'inquiéter du résultat de son remixage.

C'est donc un beau soir d'été que Al, ayant terminé son paquet de M&Ms jaunes (ou rouges, je ne sais plus), s'est dit qu'il allait nous concocter la B.O. de la IVème guerre mondiale (il a toujours une guerre d'avance avec Dobeuliou Bush en ligne de mire). Le résultat est atomique, saisissant, et il faut bien l'avouer, excellent. Le dreadlocké aux Ray Ban maîtrise comme personne l'art des ambiances cyber-apocalyptiques et des samples judicieusement placés, et nous assène encore un coup de maître. Inutile de préciser qu'un disque comme "The last Dubber" ne s’envoie pas cul-sec au petit-déjeuner.

Un petit échauffement avec un "Higher" de Treponem Pal peut s'avérer judicieux, album sur lequel certains titres de ce "Last Dubber" ("Life is Good" par exemple) ne détoneraient pas. Avec le remix de "Let's Go", intitulé tout en douceur "La fin du monde remix", la symphonie pour AK47 démarre fort avec ses "Le Monde est si beau" déclamés façon publicité propre-sur-elle des années 50, entrecoupés de "Let's Go" aboyés à travers un sac mortuaire par un Jourgensen plus en forme que jamais. Le ton est donné.

Une fois vos tympans reconstitués au cours d'une pause salvatrice de 2,5 secondes, "Watch Yourself", tout en Drum'n'bass survoltés et ses murs de gratte rehaussés de vocaux écorchés vous recollent au mur. Aargh ! "Life is Good" calme le jeu (c’est pas non plus une comptine, attention...), avec ses percus tribales croisées de riffs tournoyants, avant que le missile imparable de l'album, le nucléaire "The Dick Song" et sa quintuple dose de basses sur un mid/up-tempo ne vous atomise, auditeur en apnée jubilatoire dans la galaxie Ministry au meilleur de sa pestilence : le Marteau de Thor incarné en chanson. "The Last Sucker" relâche courtement la pression, mais qu'on ne s'y trompe pas, son sample hypnotique récurrent façon sonar annonce sans embage un développement infernal rappelant un "Just One Fix" épileptique. Arrêt brutal, puis on redémarre sur une ligne de basse évoluant dans une jungle de samples technoïdes, drums et guitares tranchantes entrent alors dans le ballet du diable, break, redépart... le grand huit à la Jourgensen.

Mais que se passe t'il dans la tête de cet homme ? "Death & Destruction" vient du fin fond des ténèbres, attaque sur un mid-tempo purulent, vous permet de souffler, puis le grand prêtre ouvre la bouche et répand son souffle corrosif, lâche les molosses sonores, et le titre évolue de breaks magistraux en cavalcades furieuses. La baffe continue... Et ce n'est pas le tocsin ouvrant "Die in a car crash" qui risque d'augurer de la bonne humeur. Les succubes susurrent, la rythmique plombée débarque, s'impose dans le paysage, avec en fond sonore les imprécations véhémentes du maître des lieux. Brrr... et WOW en même temps ! "End of days Pt 1" ressemble au message subliminal d’un vieux 33T passé à l'envers sur une rythmique effrénée à coups de rayons lasers genre Star Wars. Pour le coup, la "Pt 2" du même nom démarre comme un titre techno "classique", mais Al ne laisserait jamais le mainstream salir son oeuvre, et ayant résisté une bonne minute trente, il ouvre les vannes : choeurs féminins lointains (un p'tit coté Rammstein), samples dans tous les sens, vocaux caverneux, up-tempo façon transtechno... l'ensemble va loin, très loin. Pas loin de Killing Joke. Du grand art ! Impossible de ne pas taper du pied, plus si affinité.

Une autre version de "Let's Go", très atmosphérique, vous permet de redescendre (sauf les vocaux de Al retravaillés au dégorgeoir à requin blanc), et "The Last Sucker", lui aussi dans une version alternative, au tempo marteau-pilon, clôture la bête halletante en rappelant qu'on n'est pas là pour plaisanter : gros schreds de gratte impitoyable, boom/bass réglés sur 100 au métronome, et vogue la galère, direction la porte de sortie tenu par le fond du calebard et la main au collet par le videur des lieux taille XXL... allez hop, circulez y'a plus rien à voir.

WOW, mais que vient-il de m'arriver ? C'est ça le quadruple effet Kiss Cool Ministry.

Vivement le prochain album post-retraite !