Ministry

Artiste/Groupe

Ministry

CD

Relapse

Date de sortie

Mars 2012

Label

13th Planet Records

Style

Industrial Thrash

Chroniqueur

Scum

Note Scum

15/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Quelle est la différence entre un vieux et Ministry ? Un vieux, une canicule et il n'emmerde plus le monde. Ministry est indestructible. Pourtant, Al et sa bande en auront traversé des problèmes. Depuis le milieu des années 80 (quand même !) et douze albums dont neuf de metal indus de tout premier ordre, le groupe a tout vécu, de la mort d'un collaborateur (plusieurs même) aux problèmes de drogues et de boisson de Jourgensen, en passant par les deux idiots Bush à la maison blanche. Tout vécu. Et ils ont survécu. Jusqu'en 2007 où le groupe annonce que The Last Sucker est le dernier album du groupe et CULaTour (ce jeu de mot mémorable) la dernière tournée du groupe. Al voulait se consacrer à son label (Thirteen planets) et à ses autres projets (plus tournés vers le jazz et la country). Il voulait aussi soigner ces problèmes de santé récurrents. Dans un premier temps, il s'y tient, mais au fur et à mesure que les mois passent, des disques estampillés Ministry continuent de sortir, entre remixes, reprises et best-of. Qu'il est dur de tourner cette page pour Al. Du coup, il réunit deux équipes - Tommy Victor et Tony Campos d'un côté et Mike Scaccia et Casey Orr de l'autre - avec pour mission de composer du nouveau matériel pour Ministry. Et voilà aujourd'hui le résultat soumis à l'approbation des fans (ou non, de toute façon ça fait bien longtemps que Jourgensen s'en tape). Premier élément, le nom. Relapse, soit rechute en français. Tout est dit. Second élément, la pochette. Horrible et donc sublime, dans la tradition de Psalm 69, dans des tons plus bleutés d'une grande beauté. Troisième élément, les compositions. Le suspens est de taille au moment de lancer l'écoute : Ministry a-t-il conservé sa fureur anti-Bush maintenant qu'Obama est président ? Relapse sera-t-il un album en sucre, marquant le retour d'Al à ses premières amourettes période With Sympathy ? Sera-t-il tout simplement à la hauteur du prestigieux héritage qu'a laissé ce groupe mythique jusque là ?

Tout commence par une blague. Une blague sérieuse. Il est l'heure de régler certains comptes et c'est Ghouldiggers qui va s'en charger. Au terme d'une conversation téléphonique avec la secrétaire de son manager, celle-ci lui répond que ce dernier est occupé mais a un message pour Al : qu'il revienne quand il sera mort. Al hurle qu'il n'est pas encore mort (I'm not dead yet...) et balance la purée. Le mur du son créé est fidèle à ce que l'on attendait, peut être plus compact que les dernières livraisons du groupe, plus dans un esprit Psalm 69... Du bon donc. Les réactions de Jourgensen sont tordantes, mais en fond pas d'erreur, c'est la tempête qui fait rage. Un sacré morceau, inventif, qui laisse la trace de son message imprimé sur les fesses des destinataires. Une très bonne entrée en matière. Confirmée par le non moins terrible Double Tap, évoquant l'élimination de Ben Laden du point de vue d'un des membres des forces spéciales ayant participé à l'action. La batterie est mécanique, totalement indus, les riffs marteau-piqueur sont de retour, la voix d'Al passée dans des filtres. Ce morceau revêt une dimension mystique, une atmosphère particulière qui le place en marge des morceaux traditionnels du groupe. Le martèlement infernal final finit de confirmer l'impression de violence nouvellement suggérée. L'aventure se poursuit sur Freefall qui renoue avec les rythmiques bulldozer intenables qui sont aussi une des spécialités du groupe. Le refrain étagé est simplement magnifique à hurler sous la douche ou dans les bouchons -et d'une puissance merveilleuse-, les guitares sont rageuses. Parait-il que ce morceau évoque ses problèmes de drogue. Tabassage en règle, morceau d'un raffinement extraordinaire, grosse baffe. Et là dommage le groupe baisse de niveau : Kleptocracy est décevant. Sa mélodie indigne car pas assez travaillée ne convainc pas, le refrain malgré l'énergie mise par le frontman tombe à plat. Manque d'inspiration ou morceau inadapté à du Ministry ? Allez savoir.

Heureusement une petite reprise du United Forces de S.O.D (du culte Speak English Or Die en 1985) débarque et nous redonne espoir. Menaçant, avec des accélérations dévastatrices, Ministry renoue ici avec ses racines punk/thrash, et la reprise si elle n'est pas d'un génie débordant est très bien réalisée. Le premier single 99 percenters enchaine dur, avec sa mélodie cette fois-ci purement géniale. Ecrit pour soutenir les indignés de Wall Street et être repris en choeur partout dans le monde, ce truc là est une tuerie. Bon, le clip est comme les derniers clips de Ministry, passable. Mais cette ligne mélodique est parfaite, hypnotisante. Derrière, le morceau titre et Weekend Warrior ne soutiennent pas la comparaison, loin de là. Le premier morceau ne sait pas où il veut en arriver et se contente de tourner en rond, quand le second est juste raté. Un ratage dramatique tant on sent l'envie du groupe alors qu'il ne se passe absolument rien. Pas d'émotions, pas de violence, niet. Heureusement Al reprend ses esprits et nous engage à aller voter avec Git Up Get Out 'N Vote ultra énergique, avec des plans de guitare vibrants et assez nouveaux pour le groupe. A nouveau une bonne claque. Bloodlust a la mission de clore les débats, doté de bonnes parties de guitares, d'un groove de fin de soirée pas déplaisant, mais gâché par un refrain ininspiré au possible. Et bah alors ? C'est quoi ce délire ? Pas capable de tenir dix morceaux correctement ? Pfff. Ah oui, signalons le remix passe partout de Relapse (si ça peut nous éviter un énième album de remixes, je signe). Alors entre inspirations géniales et passages à vide que retenir de ce cru 2012, celui du retour aux affaires de Ministry - dernier album, définitivement, parait-il... ?

Et bien qu'il y a deux catégories de morceaux : les terribles et les passables. Ghouldiggers, Double Tap, Freefall, United Forces, 99 Percenters et Git Up Get Out'N Vote. Soit six morceaux. De l'autre le reste, mal agencés ou carrément à oublier. Soit quatre morceaux. Donc, statistiquement, cet album démonte à 60%. Heureusement la réalité est un peu plus forte, tellement les morceaux bons sont excellents - ça ferait un EP monstrueux sans soucis -, et par conséquent ce retour de Ministry, s'il ne permet pas de retrouver la flamme perdue depuis Rio Grande Blood, est toutefois notable et une bonne nouvelle pour les fans d'indus-thrash et du groupe. FREEEEEFAAAAAAAAALLLLLLLLL !!!!!!!!!!!

Tracklist de Relapse :


01. Ghouldiggers
02. Double Tap
03. Freefall
04. Kleptocracy
05. United Forces
06. 99 Percenters
07. Relapse
08. Weekend Warrior
09. Git Up Get Out'N Vote
10. Bloodline
11. Relapse (Defibrillator Mix)

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