On ne présente plus Michael Schenker, l'homme qui était aux côtés de son illustre frère sur le premier album de Scorpions, mais également sur l'excellent Lovedrive, le guitariste qui participa activement au succès de UFO dans les années 70 ou qui fonda son propre groupe MSG en 1979... Une carrière évidemment faite de hauts et de bas... une persistence et une longévité qui forcent l'admiration. L'instabilité du monsieur ainsi qu'une série d'albums pas franchement mémorables auraient pu avoir raison de sa situation professionnelle ; mais non, le Schenk s'accroche et, depuis qu'il s'est entouré de ses anciens acolytes de Scorpions, Herman Rarebell et Francis Buchholz, ainsi que du chanteur Doogie White (sans oublier le fidèle guitariste Wayne Findlay avec lequel il travaille depuis plus de quinze ans), les choses semblent aller de mieux en mieux. Déjà en 2013, Bridge The Gap, premier album sorti sous le nom Michael Schenker's Temple Of Rock, montrait un combo en belle forme. Aujourd'hui, Spirit On A Mission, véritable travail de groupe (Findlay a participé à l'écriture, White a écrit les paroles et ses lignes de chant), vient confirmer cet état de fait.

Oui, Schenker, bien qu'il ait récemment atteint l'âge de soixante ans, est toujours animé par l'envie de proposer un hard rock certes classique mais de qualité. Cela se fait sentir dès la compo qui ouvre Spirit On A Mission, l'enlevée Live And Let Live. Simple et directe, cette chanson est servie par un riff efficace, un bon tempo (Rarebell a même sorti la double grosse caisse) et un refrain qui fait mouche. On remarque également que, niveau solo, l'homme à la Flying V est encore bien inspiré. Belle entrée en matière ! La qualité est toujours de la partie avec les pistes suivantes, la très bonne Communion (un mid-tempo hard teinté de blues qui peut faire penser à certaines chansons de Europe) à la mélodie impeccable ou Vigilante Man, chanson qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable sur la dernière tournée du groupe, mais qui s'avère finalement être une pièce heavy très efficace sur album. 

Spirit On A Mission est un album plutôt énergique et équilibré qui confirme la pleine forme de ses créateurs. Ces messieurs nous proposent notamment plusieurs compos rapides et assez mordantes. En plus de Live And Let Live, vous pourrez compter sur les très réussies Rock City (dont vous retiendrez très vite le refrain) et Something Of The Night pour vous faire taper du pied ou secouer la tête. Il y a même un quatrième morceau de cet acabit (Restless Heart) en fin de parcours, mais celui-là me semble moins inspiré que les autres. Cet album montre également une petite volonté d'évolution avec quelques titres aux riffs plus heavy et modernes. Michael Schenker voulait que ce disque permette à la sept cordes de Wayne Findlay de briller davantage, il lui a donc demandé de composer quelques morceaux... Ecoutez Saviour Machine ou Let The Devil Scream, on y trouve des riffs qui ne sont pas sans évoquer le Zakk Wylde de Black Label Society. Wicked, qui clôt cet opus, propose une approche semblable et offre une conclusion directe et bien balancée à ce Spirit On A Mission. Dans la catégorie "clin d'oeil au passé", il se peut que Bulletproof vous fasse penser à du UFO (la rythmique me rappelle vraiment celle de Let It Roll)... le morceau est remuant et, comme beaucoup d'autres ici, convaincant. 

Cependant, je ne mentirai pas en vous affirmant que tout l'album est parfait. On y trouve en effet (surtout dans sa deuxième moitié) quelques morceaux pas mauvais mais moins mémorables comme Let The Devil Scream, pourvu d'un bon gros riff mais à qui il manque un refrain digne de ce nom. Schenker voulait quatre morceaux rapides, c'était son intention dès le départ... Trois sont très réussis mais, comme je vous l'ai dit plus haut, Restless Heart brille moins que les autres et se contente d'aligner son riff sur celui de Rock City. Ce n'est pas désagréable, mais à part l'énergie, il n'y a pas grand-chose à retenir ici. Good Times, compo pour nostalgiques, propose un couplet mélodique sympa... mais le refrain manque de saveur.

Alors oui, il y a des imperfections... Si tout l'album avait était aussi bon que sa première moitié, il aurait été tout simplement excellent... mais peu importe. Car, au final, il est plus que courant de trouver trois ou quatre pistes anecdotiques sur un disque qui en compte douze. On retiendra plutôt de ce Spirit On A Mission que Schenker a encore faim, que le groupe progresse de sortie en sortie et que cet album, bien que globalement classique, est très sympa. Ce temple du rock semble avoir trouvé une formule qui lui convient et aucun musicien ne démérite. Même Doogie White, qui n'est pas mon vocaliste préféré, livre une prestation au-delà de tout reproche. La comparaison n'est peut-être pas nécessaire, mais je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que ce disque était plus réjouissant que la toute dernière production de Scorpions. Autant le dard du Scorp' semble s'émousser, autant la musique du Schenk s'aiguise. Spirit On A Mission vous propose du vrai hard, souvent heavy, moins grand public et paresseux que celui du grand-frère Schenker. Mais c'est aussi pour cela que Meine et compagnie peuvent réserver un Bercy alors que Michael et sa troupe officient dans des salles plus modestes... on n'a rien sans rien.

Tracklist de Spirit On A Mission :

01. Live And Let Live
02. Communion
03. Vigilante Man
04. Rock City
05. Saviour Machine
06. Something Of The Night
07. All Our Yesterdays
08. Bulletproof
09. Let The Devil Screams
10. Good Times
11. Restless Heart
12. Wicked