Artiste/Groupe:

Michael Romeo

CD:

War Of The Worlds Pt. 1

Date de sortie:

Juillet 2018

Label:

Music Theories Recordings/Mascot Label Group

Style:

Metal Symphonique Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16.5/20

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La première fois que Michael Romeo, éminent guitariste de Symphony X, sortit un album solo, c'était en 1994. L'album en question était entièrement instrumental et s'intitulait The Dark Chapter. Depuis, le talentueux Américain a essentiellement consacré son temps à Symphony X et, alors que le bassiste Mike Lepond a ses Silent Assassins ou que Russell Allen pousse la chansonnette chez Adrenaline Mob tout en se faisant régulièrement inviter sur d'autres projets, il n'a pas proposé de disques en dehors du groupe dont il est le principal architecte. Cependant, lors d'une interview réalisée en février 2016, le maestro nous avait confié avoir commencé à travailler sur un nouvel album solo... Deux ans et quelques mois plus tard, le voici enfin : il s'appelle War Of The Worlds Pt. 1 et n'a rien d'un Dark Chapter II. En effet, le disque qui nous intéresse aujourd'hui se situe beaucoup plus dans la lignée des travaux récents de Symphony X et comprend un chanteur en la personne de Rick Castellano. Les deux autres compères engagés pour mener ce projet à bien ne sont pas des débutants puisqu'il s'agit du bassiste (et pote de lycée) John DeServio (Cycle Of Pain, Black Label Society) et du batteur John Macaluso (ex-Riot, ex-Malmsteen, ex-Ark, Labÿrinth...). Il y a pire. 

La première piste, Introduction, illustre les intentions avouées de Romeo. Il s'agit d'un morceau instrumental de presque quatre minutes qui met en avant les influences classiques du compositeur (surtout pendant la première minute, entièrement symphonique) avant que la section "metal" (guitare, basse et batterie) ne déboule pour une belle démonstration de force. Pour cet album, Romeo dit avoir voulu créer quelque chose de plus symphonique et cinématique qu'avec son groupe principal... Cela s'entend bien avec cette première piste car on est obligé de penser au compositeur John Williams à l'écoute de certains arrangements et mélodies. Le thème principal annoncé au bout d'une bonne minute (et qui sera repris plusieurs fois par la suite, sur d'autres morceaux) rappelle d'ailleurs beaucoup l'un de ceux que l'on entend dans Star Wars (The Force Theme). En revanche, sur la piste suivante, Fear The Unknown, on revient à quelque chose de très familier et nage en plein Symphony X moderne (de Paradise Lost à Underworld). Le titre est speed, direct, très metal, avec un riff au style immédiatement reconnaissable. Et là, c'est le moment de tirer notre chapeau à Rick Castellano qui s'impose immédiatement comme un chanteur dont on va sans doute entendre parler dans les années à venir. Pas facile de passer après Russell Allen (on est obligé de faire la comparaison avec le vocaliste de Symphony X tant le style abordé sur cette compo y fait penser) et Castellano s'en tire avec les honneurs. Black, la chanson suivante, enfonce le clou de bien belle manière. La compo est puissante, enlevée, rentre-dedans, les musiciens brillent (Macaluso et DeServio forment une section rythmique technique et implacable), le son est énorme, Castellano confirme ses talents de chanteur perçus sur la chanson précédente... C'est très heavy, sombre et épique et le solo de Romeo est renversant (c'est souvent le cas, cela dit). Bref, tout cela est excellent... mais toujours très proche de Symphony X. Romeo n'aurait quand même pas pris le soin de sortir un album sous son nom pour nous proposer la même chose qu'avec son groupe habituel, n'est-ce pas ? 

Oui et non. Oui, on retrouve encore beaucoup de Symphony X sur d'autres morceaux (la mid-tempo musclée Oblivion, par exemple, pourrait figurer sans problème sur Underworld ou Iconoclast) mais heureusement, il y a quand même quelques petites nouveautés ou surprises comme en témoigne la quatrième piste : F*cking Robots. Là, Romeo prend des risques. Le titre mélange influences metal et symphoniques avec de la musique électronique style dubstep... un peu comme Muse l'avait fait avec Unsustainable sur son album The 2nd Law. Le couplet est très électro et ne comprend pas de chant (mais plutôt une sorte de langage de machine) alors que le refrain se fait plus mélodique et humain avec le retour d'un Castellano toujours impeccable. Ca ne plaira pas à tout le monde mais ça a le mérite de proposer quelque chose de neuf. Djinn est un titre plus traditionnel mais pas moins réussi. Il a tout de même la particularité d'apporter une touche orientale très réussie ainsi qu'un break instrumental hyper classieux dans la seconde partie du morceau. Believe est une longue compo plus calme, posée, qui peut rappeler certaines plages progressives de Symphony X mais là encore, Romeo a particulièrement soigné le break instrumental (de deux minutes trente) en l'agrémentant de belles orchestrations. Même remarque pour Constellations, le morceau final, assez complexe et changeant qui est d'ailleurs plus instrumental que chanté (Castellano y intervient deux fois).

Michael Romeo confirme ce que l'on savait déjà : il est un guitariste et un compositeur hors-pair. Son album solo est une belle surprise qui nous botte les fesses (mais avec classe s'il vous plait), même si certains regretteront peut-être qu'il ne se distingue pas davantage des dernières oeuvres de Symphony X. Ce disque est excellement produit et interprété, plein de riffs heavy, de solos virtuoses, d'envolées épiques et symphoniques galvanisantes... et m'a fait découvrir un excellent chanteur. Certes, malgré quelques changements et petites surprises (comme sur F*cking Robots), cet opus déroute assez peu, c'est vrai... mais il est très bon. J'aurais aimé être encore plus étonné ou désarçonné mais ce n'est pas moi qui vais me plaindre d'une nouvelle livraison du maître Romeo, même si elle rappelle beaucoup son groupe habituel. Finalement la meilleure nouvelle est (peut-être) que ce disque n'est que la première partie de l'histoire et que la suite est, d'après les dires de Romeo, déjà bien avancée. En attendant, régalons-nous avec cette belle galette ! 

Tracklist de War Of The Worlds Pt. 1 :

01. Introduction
02. Fear The Unknown
03. Black
04. F*cking Robots
05. Djinn
06. Believe
07. Differences
08. War Machine
09. Oblivion
10. Constellations

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