Masterplan aurait-il du mal à retrouver un second souffle ? Possible... voire très probable. Novum Initium, l'album du nouveau départ, était bien sympa mais il n'a pas vraiment marqué d'une empreinte indélébile le monde du power metal. Et cela fait quatre ans qu'il a vu le jour. Il y a bien eu une sortie en 2015 mais il ne s'agissait que d'un live qui sonnait un peu comme un aveu d'échec dans la mesure où il présentait beaucoup plus de vieux titres que de nouveauté. Voilà maintenant une nouvelle production... mais l'adjectif "nouvelle" est à prendre avec des pincettes car Pumpkings est en fait l'occasion pour Roland Grapow de ressortir du placard une sélection de compos de Helloween qu'il a écrites du temps où il en faisait partie et de les réenregistrer avec son groupe actuel. Une mauvaise langue dirait que tout cela dégage comme une petite odeur de panne d'inspiration.

Qu'apporte donc la relecture de Masterplan ? Essentiellement un gros son actuel (cet album sonne donc souvent plus heavy que ceux dont proviennent ses compos), quelques parties de claviers supplémentaires (bah oui, le groupe compte un claviériste à plein temps dans ses rangs, il faut bien lui donner quelque chose à faire), et le chant de Rick Altzi qui a une voix et un style assez différents de ceux de Michael Kiske ou Andi Deris. Evidemment, on ne passe pas un mauvais moment à l'écoute de Pumpkings car beaucoup de ses compos ne sont quand même pas dégueu et rappellent (à ceux qui l'auraient oublié) que sieur Grapow a écrit de belles choses quand il était chez Helloween. The Chance, Still We Go, Someone's Crying, The Time Of The Oath ou The Dark Ride... c'est plutôt classe. Mankind, Escalation 666 ou Take Me Home... ça n'est peut-être pas le Pérou mais ce n'est pas du pipi de chat non plus. Je ferai preuve de moins d'enthousiasme pour Music (on ne va quand même pas trop se plaindre, il y a pire sur Chameleon... I Don't Wanna Cry No More par exemple), Step Out Of Hell ou Mr. Ego que je n'ai jamais trouvées passionnantes... mais bon, disons que, dans l'ensemble, la tracklist de ce Pumpkings tient assez bien la route.

Donc oui, tout cela s'écoute plutôt bien... mais après, vient quand même se poser la question de l'utilité d'un tel disque. Elle n'est pas nulle mais disons que Pumpkings n'a tout de même pas beaucoup plus d'intérêt que la plupart des albums de réenregistrements ou de reprises généralement proposés par leurs auteurs. Pas beaucoup plus donc... mais un peu quand même. Car, pour le coup, le groupe qui joue ces compos n'est vraiment pas le même que celui qui les a enregistrées... les différences sont donc plus importantes que s'il s'agissait des citrouilles qui revisitaient elles-mêmes leurs propres chansons (quoi que, ça dépend, souvenez-vous d'Unarmed...). Et puis, ça évite de ressortir des albums comme les pas terribles Pink Bubbles Go Ape ou Chameleon (pire que pas terrible, celui-là) afin de réécouter les quelques compos sympas de Grapow qui y figurent... Voilà, ça fait un petit best-of sympa, quoi. Les fans pourront également jouer à repérer toutes les modifications apportées par Masterplan (l'intro de The Dark Ride est modifiée, on y entend même le début de Crazy Train d'Ozzy Osbourne quand le madman crie "All aboaaaard !! Ha ha ha ha..", on trouve également un solo de guitare supplémentaire à la fin de ce morceau, sur Take Me Home, un solo de guitare a été remplacé par un solo de clavier, etc.).

Comme on pouvait l'anticiper avant écoute, Pumpkings est donc un disque sympathique mais assez inoffensif... loin d'être indispensable, en tout cas. Personnellement, quand je l'écoute, je le trouve plutôt bien fait (la production est de qualité et les musiciens ne sont pas des manchots) mais, comme c'est souvent le cas avec ce genre d'entreprise, les versions originales gardent ma préférence. Et Masterplan a beau avoir un peu modernisé quelques anciennes compos, les surprises restent minimes et rares... et les chansons proposées demeurent globalement fidèles à leurs modèles. Ni extraordinaire, ni nul, ce disque n'est pas facile à noter... le plaisir immédiat ressenti me donne envie de lui mettre plus que la moyenne mais l'intérêt réel de la chose m'encourage à le faire descendre en dessous. Puisqu'il faut se décider, je vais donc vaguement couper la poire (ou la citrouille) en deux et lui attribuer une note passable... en attendant que Grapow retrouve l'inspiration et nous livre quelque chose de plus intéressant.

Tracklist de Pumpkings :

01. The Chance
02. Someone's Crying
03. Mankind
04. Step Out Of Hell
05. Mr. Ego
06. Still We Go
07. Escalation 666
08. The Time Of The Oath
09. Music
10. The Dark Ride
11. Take Me Home