Machine Head

Artiste/Groupe

Machine Head

CD

Unto The Locust

Date de sortie

Septembre 2011

Style

Thrash Metal

Chroniqueur

Hellblazer

Note Hellblazer

18/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Après un retour en grâce avec le sublime Through the Ashes Of Empires, dont le clou fut enfoncé avec The Blackening, que certains n'ont pas hésité à qualifier de "black album de MH" (et qui a été élu album metal de la décennie), les ptits gars énervés d'Oackland reviennent avec Unto The Locust... et ça fait mal, TRES mal.

Judicieusement ouvert sur un tryptique en crescendo intitulé (on en a l'eau à la bouche) I Am Hell, ce nouvel opus s'annonce grandiloquent. Choeurs religieux pour le premier volet (Sangre Sani), relayés par un mid-tempo tout simplement monstrueux (I Am Hell) où Robb Flynn chante comme un damné, profond et ultra-puissant, qui éclate sur le plat de résistance, Ashes to the Sky, 100% thrash "à la Machine Head", surpuissant, ouvert par un riff diabolique, ponctué de refrains dévastateurs (le tout à cent à l'heure) et clôturé par une ligne acoustique où l'on sent encore la fumée s'élever du champ de bataille au moment du comptage des morts. Huit minutes vingt-cinq de tuerie en règle, et l'on ne peut s'empêcher de penser que si le reste et du même tonneau, on ne s'est pas planté d'adresse ! Quelle claque d'ouverture... encore plus fort que Imperium, qui ouvrait pourtant Through The Ashes Of Empires de manière... impériale.

Derrière, on enchaine direct avec un riff sinueux et fort inspiré, qui démarre Be Still and Know et déroule après une minute un mid saccadé agressif et fort originalement breaké par un couplet chanté haut, puis repris bas, qui apporte une touche de nouveauté. Après un paysage aussi varié que surprenant, la deuxième minute en remet une couche, MH vous prend à la gorge avec son refrain épique rehaussé de ce petit riff insidieux, et le dernier tiers part carrément en cavalcade thrash du meilleur effet... Les mecs sont en forme. La même recherche que sur les deux précédents albums, avec autant d'efficacité, plus de mélodie, et un côté plus concis et compact. Flynn est littéralement hors de lui, limite death, et offre avec de sulfureux breaks un relief hallucinant à ce titre, qui se termine au bout de presque six minutes comme il a commencé, sur ce riff hypnotique...

Dés les premières notes de Locust, ténébreuses de par leur ligne de basse inquiétante, on sait qu'on va être entraîné dans un conte sombre dont MH a le secret. Après la minute réglementaire de montée en puissance, ça pète sur un riff dantesque, non sans rappeler les plus mortels de Anthrax sur We've Come For You All. Développement en mid-up-tempo ravageur, refrain hyper accrocheur, break éthéré, solo au scalpel à la Flying V. Flynn et Demmel forment un duo de bretteurs hors pair dans le milieu du thrash, c'est maintenant établi, et font fortement penser à la paire Hetfield/Hammett... La relève ? Sept minutes trente plus tard, après de nombreux rebondissements, l'on reste hagard par la puissance et la densité de ce morceau. A ce stade, je ne suis pas loin de penser que cet album est l'un des meilleurs du groupe (égalant au moins Through The Ashes...) après le mythique Burn My Eyes... continuons.

This Is The End s'ouvre sur une dentelle acoustique sobre et fine, avec un lancinant larsen en arrière-plan qui monte, qui monte... et une minute (oui, toujours...) plus tard, c'est l'explosion avec croisements de guitares et roulements de batterie, attaque vocale d'un Flynn possédé, soutenu par les choeurs clairs des copains (encore une nouveauté) sur le refrain. Plus classique, ce titre ne manque pas pour autant d'une pêche d'enfer et évite l'écueil de disperser inutilement son énergie comme dans The Burning Red ou Supercharger. Droit au but, et en beauté, svp. Savamment intercalé de breaks déroutants (signature officielle du groupe) et de saturations aigües et courtes de Flying V (le son Machine Head que l'on connait bien depuis le mythique Davidian), ce morceau vous emmène dans une course folle qui prend un nouveau tournant à son dernier quart, avec soli et accélérations de rigueur... Impressionnant.

La fête continue avec les premières notes acoustiques de Darkness Within, accompagnées du chant clair de Flynn, là encore d'influence récente, déclamation rythmée et fournie, coupée àprès une première minute (et oui, encore) par une lenteur mélancolique, un ralenti, et le tout repart en chant clair avec un background en crescendo tendu, et les guitares n'y tenant plus, elles explosent après deux minutes trente de retenue, mais en lenteur doomesque, un peu comme Elegy sur TTAOE. Solo aérien et hyper prenant de Demmel, qui casse la baraque sur ce coup, sans parler du fait que ce titre va prendre tout le monde par surprise et prouver que MH est aussi capable de finesse... Bon, à la quatrième minute, ça se déchaine façon Thousand Lies, avant une nouvelle retenue... l'ensemble est une pièce ambitieuse et dramatique de six minutes trente du plus bel effet, agrémentée de superbes lyrics. Chapeau bas, Robb...

Avec Pearls Before The Swine, on retourne à la guerre, avec en ouverture riff sournois et roulements de batterie répétés, puis lâchage jubilatoire sur un up-tempo pur thrash, aussitôt cassé par un mid bien lourd, et c'est reparti pour une alternance halletante, avec comme fil rouge Flynn qui ne lâche rien au micro, hors de lui, enragé, ses finals saupoudrés d'échos démoniaques. Techniquement, Dave Mc Lain assure comme une bête derrière les fûts, tant les changements de rythmes sont nombreux, comme sur le reste du disque. Et puis il y a les petits détails qui truffent les titres, comme ces soudaines envolées riffiques venues de nulle part, à l'image de celle qui clôture le morceau...

Who We Are attaque sur un choeur d'enfants (ceux de Robb, Phil et Juan) avec un ensemble à quatre cordes mélancolique (présent aussi sur I Am Hell et Darkness Within) et un roulement de tambour à tendance militaire... plutôt pas commun, non ? C'est Flynn qui leur donne la réplique à sa manière (énervée), et le reste du combo déboule derrière lui, non moins énervé. Ce n'est plus un album, c'est un manifeste, dont ce morceau emblématique - le refrain étant un rouleau compresseur épique - affirme qui ils sont (et ils ne sont pas là pour rire ni pour se renier). Who We Are devrait devenir rapidement un hymne en live, repris en choeur par tout le public, tant il est fédérateur et énergique. Il clôture l'album du haut de ses sept minutes aussi denses que virulentes, et ne donne qu'une envie... recommencer !

Robb Flynn, fier capitaine de l'esquif américain, a produit ce disque à la place de Colin Richardson le fidèle, désisté à la dernière minute, épaulé par Juan Urteaga (Exodus, Testament). Revenu d'entre les moribonds depuis deux disques, il a - avec son équipe - transcendé son propre genre, évité la redite, apporté une véritable nouveauté sans céder aux sirènes de la mode, asservi sa technique (et celle de ses gars) pour un feeling exacerbé, revu et corrigé (ou plutôt peaufiné) sa copie, et tiré le meilleur de Through the Ashes Of Empires et The Blackening (que j'ai attentivement ré-écoutés pour avoir une oreille actualisée) pour en garder complexité et inspiration, hargne et finesse. Il s'est encore bonifié à la production, avec entre autres ce petit écho démoniaque et délectable qu'il ajoute à sa voix en fin de phrasé, du meilleur effet. Unto The Locust est une fine pièce de thrash sombre, puissant, moderne et inspiré, qui pour moi se classe en seconde position dans la discographie du groupe après l'indétronable Burn My Eyes (pour l'instant ?)... Et ce même si, en jetant un simple coup d'oeil à la pochette moche à vomir, on ne part pas avec un bon a priori. Septième album (un chiffre divin), sept titres... sept minutes en moyenne par titre... Hautement symbolique.

Non seulement Machine Head n'a plus que peu de concurrents (Metallica ?) avec un tel pavé jeté dans la mare, mais il place la barre très haut pour sa propre prochaine livraison... Enfin, profitons déjà de celle-ci, qui fera date !

Pour l'édition spéciale, la baston continue avec The Sentinel, reprise surboostée et ultra heavy de Judas Priest (non mais quel chant, Robb, t'as bouffé un démon au petit déj' ?), qui n'en finit pas d'atomiser vos neurones.

Mais le pari audacieux vient de la reprise de Witch Hunt, l'excellent titre de Rush, version très sombre que seul Machine Head pouvait sortir (qui fait penser à la reprise de Police, Message In A Bottle sur The Burning Red), sans compter ce son de guitare ultra rapeux en lieu et place de celui plus soft d'Alex Lifeson. Flynn chante en clair et revisite la rythmique vocale. Doté du son 2011 made in MH, ce titre culte prend un sacré lifting !

Et on termine avec la version acoustique de Darkness Within, qui montre Flynn sous une lumière épurée et sensible et contraste avec la hargne qu'il renferme. De toute beauté.

Un DVD du making-of de l'album, de vingt-deux minutes, accompagne l'ensemble, et apporte un certain nombre de détails intéressants, montrant globalement un groupe soudé et désireux de réaliser une musique sincère avec un excellent état d'esprit, humble qui plus est. Avec les bonus tracks, ce petit DVD rend selon moi cette édition limitée indispensable pour tout fan de MH qui se respecte.


Tracklist de Unto The Locust :

01. I Am Hell (Sonata in C#)
  I - Sangre Sani
 II - I Am Hell
III - Ashes to the Sky
02. Be Still and Know
03. Locust
04. This is the End
05. Darkness Within
06. Pearls Before the Swine
07. Who We Are

Et pour l'édition limitée :

08. The Sentinel [Bonus Track]
09. Witch Hunt [Bonus Track]
10. Darkness Within acoustic [Bonus Track]

+ DVD (22 mn de making-of)

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