Artiste/Groupe:

Machine Head

CD:

Burn My Eyes

Date de sortie:

1994

Label:

Style:

Néo Thrash

Chroniqueur:

Orion

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Robb Flynn, ex-guitariste de Forbidden et Vio-lence, deux groupes de Thrash de la Bay Area, fonde un nouveau groupe avec le bassiste Adam Duce en octobre 1991. Le nom de Machine Head, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ne vient pas du titre du célèbre album de Deep Purple mais fut choisi juste parce que ça sonnait bien. Flynn et Duce composent plusieurs titres, engagent le batteur Tony Costanza et le guitariste tatoué Logan Mader et enregistrent une démo. Celle-ci tombe entre les oreilles du boss de Roadrunner Records qui leur propose d'enregistrer leur premier album, Burn My Eyes.
Lors de l'enregistrement de Burn My EyesCostanza quitte le groupe et il est remplacé par Chris Kontos. Le groupe n’a pas perdu au change, Chris Kontos ayant un jeu très groovy et qui déborde de feeling. Il n’enregistrera hélas que cet album avec Machine Head mais on le retrouvera plus tard de passage dans pas mal d’autres formations comme TestamentKonkhraExodus ou Verbal Abuse.

Et c’est donc un groupe totalement inconnu du public qui balance cette bombe incendiaire à la face du monde en août 1994. Car oui, c’est bel et bien une bombe et elle va faire de gros dégâts ! 
Ca démarre par le puissant Davidian qui met une énorme claque d’entrée. Le titre est porté par un riff dévastateur et possède un refrain prenant avec son "let freedom ring with a shotgun blast" asséné par la voix, puissante elle aussi, de Robb Flynn. Le final, bien lourd, est un régal. Pour parfaire le tout, la production signée Colin Richardson est énorme et à l’épreuve du temps. 

On découvre là un Thrash moderne à la Pantera, qui n’a plus grand-chose à voir avec celui des locomotives des années 80. Tout comme PanteraMachine Head a compris que le style avait besoin de renouveau et avec ce premier album, il va devenir l’un des piliers de la nouvelle vague. Car Davidian, aussi bon soit-il, n’est que le hors-d’œuvre de cet album. On continue avec Old et son groove monstrueux et un A Thousand Lies qui déboîte sacrément aussi. None But My Own commence comme une ballade mais il ne faut que vingt secondes pour s’apercevoir qu'il n'en sera pas une. Le rythme est bien pesant et encore une fois, ce titre est énorme.
Le Néo Thrash délivré par Machine Head ne base pas tout sur la vitesse d’exécution et met plutôt l’accent sur la puissance des riffs, comme en témoignent plus loin les excellents Death Church et A Nation On Fire, où niveau tempo, on est plus sur quelque chose de bien lourd. Ce qui n’empêche pas quelques accélérations dantesques (le final de Nation On Fire – totalement jouissif ! – ou celui de None But My Own) et même un titre, bien speed, qui lui, au contraire, s’alourdit dans sa partie centrale (Blood For Blood). On notera également le magnifique I’m Your God Now sur lequel Robb pose une voix plus douce ; un titre au démarrage plutôt calme et qui monte graduellement en puissance pour finir en apothéose. Assurément l’un des grands moments de cet album qui, de toute façon, n’en compte pas de faiblard. Même le plutôt spécial Real Eyes, Realize, Real Lies, sur fond d’émeutes urbaines et de commentaires de journalistes, tient la route.
Les thèmes abordés dans ces morceaux collent à l’actualité d’une Amérique qui ne va pas bien, entre le massacre de la secte de Waco au Texas en 1993 (Davidian), les émeutes de Los Angeles en 1992 (Real Eyes…), l’addiction aux drogues (I’m Your God Now), en faisant un petit tour par les médias corrompus (A Nation On Fire) et la religion pervertie par l’argent (Death Church), sans oublier les abus en tout genre (The Rage To Overcome, None But My Own), tout y passe. Les paroles sont fortes et renforcent l’aspect colérique de la musique délivrée par le groupe. Le final du dernier morceau, ponctué de plusieurs "fuck it all!", met le coup de grâce. 
A la fin de l’écoute, on se dit que l’on vient tout simplement d’entendre là un album monstrueux. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de génie.

Les amateurs de metal, en cette année 1994, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. L'album rencontra un beau succès, surtout en Europe (où le groupe tourna en support de Slayer pour promouvoir l’album), et devint la meilleure vente du label (et le restera jusqu'à la sortie du premier Slipknot). Les amateurs de Thrash, qui ne pouvaient plus trop compter sur les groupes phares des années 80 pour se rassasier, ont trouvé en ce Machine Head un nouveau héros, au même titre que les PanteraSepultura et Fear Factory. Une nouvelle génération de groupes qui allaient combler un vide, entre le Grunge / Neo Metal d’un côté et le Death Metal / Black Metal de l’autre. 
Burn My Eyes est un album essentiel du Metal des nineties. Il est et restera, pour moi en tout cas, le meilleur album d’un groupe qui, hélas, n’a plus jamais été capable de sortir un disque aussi puissant et inspiré par la suite.

Tracklist de Burn My Eyes :

01. Davidian
02. Old
03. A Thousand Lies
04. None But My Own
05. The Rage To Overcome
06. Death Church
07. A Nation On Fire
08. Blood For Blood
09. I'm Your God Now
10. Real Eyes, Realize, Real Lies
11. Block