Lofofora

Artiste/Groupe

Lofofora

CD

L'Épreuve Du Contraire

Date de sortie

Septembre 2014

Label

At(h)ome

Style

Fusion

Chroniqueur

Lurk

Note Lurk

17/20

Site Officiel Artiste

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C H R O N I Q U E

Voilà maintenant vingt ans que les furieux de Lofofora écument la scène française. Sept albums, deux maxis, des titres incontournables et incisifs tels que Buvez du Cul, Le Fond et la Forme ou encore Les Choses qui Nous Dérangent... La liste est longue, et ce n'est pas avec ce huitième et dernier album qu'elle va stagner.

L'innocence ouvre le bal (des enragés ?) en low-tempo et pose une atmosphère très lourde. La basse vrombit, Reuno vomit sa verve caractéristique. Aucun doute à avoir, c'est un retour en force avec un album varié, tant dans ses influences que dans ses thèmes. La fusion metal/punk tend toujours vers la puissance et le groove, mais des titres tels que Double A sont ostensiblement punk dans l'âme, tandis que Trompe La Mort nous rappelle son influence metal avec un solo et des riffs plus mélodiques. Le style de Lofofora reste cependant bien à part, reconnaissable très rapidement à son son lourd et à la voix de Reuno, grave et profonde. 

Les sujets traitent d'un peu tout, tant que ça peut donner une raison pour gueuler. Avec Pornolitique, c'est le culte de la personnalité bâti autour de nos politiques par le peuple même qui fait l'objet du texte. Le Malheur des Autres, comme le dit si bien l'adage, fait le bonheur des uns. Vous savez, ceux-là même qui sont scotchés devant moult catastrophes télévisuelles. Il y a toujours quelqu'un dans une situation pire que la nôtre, pourquoi dans ce cas, penser à nos propres problèmes ? Dans Romance, Reuno se met dans la peau d'un beauf sadique et médiocre qui reste cramponné à celle qu'il empoisonne. C'est écrit avec une justesse foudroyante, et ces espèces de complaintes pathétiques au milieu du morceau nous font haïr le personnage. Du beau boulot. Avec La Dérive et Pyromane, Lofofora nous montre son côté le plus mélodique, proposant une ambiance mélancolique portant magnifiquement des paroles respirant la poésie. "Nous ne sommes pas si petits - Le monde n'est pas si grand". "Le soir il danse pour espérer, en écoutant chanter la pluie".  Karmasutra est une ode à la vie face à l'apathie générale, et nous invite au stupre par de fines métaphores, et là je vous tire mon chapeau, ce n'était pas donné. La Tsarine est un brulot punk anti-MLP. Ça fait du bien par où ça passe. On continue sur l'énergie punk avec Double A qui crache sur la bienpensance des gens "sérieux". L'autodérision et l'humour des paroles touchent justes. Chanson d'Amour ? Encore un texte incisif, qui sent le vécu et est très "no-facho" dans l'âme. Le riff rock's dans les chaumières. Transmission est principalement parlé et les premières paroles me rappellent dans leur intonation ce que peut faire Dooz Kawa. Oui ça me fait plaisir de lâcher un nom de bon rappeur sur un site à propos de metal. L'album se conclut sur Notre Terre, c'est le morceau qui déchainera la plus grande puissance sonore, telle celle de l'astre que nous habitons ("sommes nous ses habitants, ou son cancer?"). Une tirade écologique qui ne déplait pas à mon âme de biologiste.

Encore un grand coup frappé par les Lofofurieux. Aucun morceau n'est à jeter (même si je trouve que le plus faible reste L'innocence), l'ensemble est varié à souhait et touche un panel d'émotions suffisamment large pour constamment relancer l'attention. Une petite heure qui passe plus vite que la moyenne, voilà ce que cet album propose. Si par le plus grand des hasards vous ne connaissiez pas Lofofora, ruez vous sur cet album ! Ceux qui connaissent l'ont déjà fait et ne le regrettent pas.

 

Tracklist de L'Epreuve du Contraire :

01. L'innocence
02. Pornolitique
03. Contre Les Murs
04. Trompe La Mort
05. Le Malheur des Autres
06. Romance
07. La Dérive
08. Pyromane
09. Karmasutra
10. La Tsarine
11. Double A
12. Chanson d'Amour
13. Transmission
14. Notre Terre

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