Leif Edling

Artiste/Groupe

Leif Edling

Album

Songs Of Torment-Songs Of Joy

Date de sortie

Mars 2009

Style

Doom définitif

Chroniqueur

Damien

Note Damien

20/20

Site Officiel

C H R O N I Q U E

L'autre pays du Doom, c'est la Suède. C'est avéré, prouvé, labellisé. Et ça surtout grâce à un groupe, culte parmi les légendes, fondateur de tout un pan de l'histoire du métal européen, j'ai nommé Candlemass. Et Candlemass, c'est surtout le groupe d'un génie. Un génie nommé Leif Edling. Compositeur et fondateur, il a fait à lui tout seul de Candlemass l'autre Black Sabbath, notamment grâce à un coup de maître nommé Epicus Doomicus Metallicus et à son intemporel single Solitude. Ce fut le début d'une nouvelle ère commencée en 1986 et qui continue encore à ce jour. Leif donc, sort aujourd'hui son propre album solo, celui où il se charge même du chant, pour la première fois. Il est nommé Songs Of Torment Songs Of Joy. Heureux programme que celui proposé. On s'attend a peu près à un mélange entre du Candlemass et du Krux (l'autre groupe atomique du sieur), et c'est avec une angoisse mêlée d'un sentiment de sureté incompressible que l'on se lance à corps perdu dans l'écoute de cette offrande. Et tout de suite, une chappe de plomb monumentale nous tombe dessus. The Scar. Riff plus doom que le doom lui même, chaque coup de corde fait froid dans le dos, un clavier millénaire donne la grâce et à la majesté à un troupeau d'enclumes en rut. Rythme romantique, c'est dans une pièce digne de la salle de l'orgue de notre ami le joyeux capitaine Nemo que nous sommes accueillis. Quelques bougies éclairent de leur sombre lueur une immense pièce. La musique, démoniaque rebondit sur les murs, avec délicatesse et force, nous sommes envoutés. Candlemass et Krux n'ont pas cette majesté là. Et cette putain de rengaine qui rentre, doucement dans votre tête, on lutte, on ne veut pas mais c'est bien trop tard, nous sommes contaminés. Et l'oraison funèbre continue, It Is Not There prolonge la visite. Eidling, notre guide, assure la narration avec force et efficacité. Les instruments se font silence quelques instants, pour repartir de plus belle. C'est la majesté aérienne des années 70, des Deep Purple et Pink Floyd que l'on loue, à l'eau de Black Sabbath. On progresse, Angelic 'Til I Die, change la donne, une montagne russe hors de proportions nous fait sienne. Là on est en plein gothisme, le vrai, le pur, croisé à la puissance et à la lourdeur de l'enfer. et bordel de bordel ces choeurs, merde... On panique puis on est prit d'une subbite envie de pleurer. On ne peut pas résister. Les anges sont au dessus de nous, avec leur tristesse pesante, nous contant les déboires du paradis. On The Edge Of Time nous reprends par la main, le chant des sirènes s'éloigne, on court un peu pour échapper à une fin certaine. Mais c'est la réalité, ce n'est pas un rêve. On prend conscience que ce riff ci, que cette mélodie ne peuvent être que l'oeuvre des dieux. Nous voici aux portes de l'enfer. A l'aube de la 5ème minute, elles s'ouvrent, les démons hurlent, ils frappent de grand coups pour sortir. Les âmes maudites veulent remonter sur Terre. Mais c'est une hallucination d'une minute qui se pose devant nous. Le calme se fait, Butterfly passe. Tout se trouble, cette chose disparaît et nous voici marchant sur les terrains brulant de l'enfer. Nous croisons ces âmes pleurantes, hurleuses, qui nous racontent comment elles en sont arrivées là. My Black Birthday nous rappelle que notre vie aussi n'est que souffrance et cruauté. On tremble, on est terrifié et les derniers mots prononcés ici par Leif sont juste totalement démoniaques. Les flammes se rapprochent, crachées en d'inexorables geysers, de plus en plus proches de nous, c'est Space Killer. Voici donc comment l'enfer est né. Voici donc pourquoi les mauvaises âmes et les démons doivent rester ici. On assiste totalement ebhété à l'appel lancé par Leif au Diable lui même, aux incantations maléfiques qu'il délivre pour le faire venir a nous. Il arrive, il se rapproche. Le voici donc. Le silence de cet enfer se fait soudainement. Il est devant nous. Plus imposant que n'importe quel monument. Il est donc ce qu'il y a de plus mal sur cette planète. Nous sommes ici pour passer un marché. Mais tout se trouble a nouveau. Il hurle. Déploie sa puissance. Le feu dévastateur se fait furie, l'enclume se fait poids d'une galaxie entière. Le néant s'ouvre et aspire tout. Un immense trou noir aspire toute vie, toute mort. Le chaos devient vide. On ferme les yeux en hurlant d'un crie d'effroi que personne n'entendra. Puis on se réveille. On ouvre à nouveau les yeux. Le noir. Partout. Où sommes nous ? Sommes nous toujours en vie ? Oui, dans notre vie. Nous sommes dans la grotte totalement sombre que représente notre vie, avec comme but primaire de trouver la lumière. Cette galerie là nous a conduit directement vers l'enfer. Et au final l'enfer est néant. Songs Of Torment-Songs Of Joy n'est rien de moins que l'une des plus grandes expériences musicales du siècle présent et des siècles passés. Si un jour quelque divinité ou entité extraterrestre veut porter un jugement sur la vision humaine de l'enfer, elle devra juste passer par l'écoute de ce chef d'oeuvre. Et survivre. Comme nous l'avons difficilement fait. Et vous, êtes vous prêts pour le voyage ? Oui ? Vous êtes sûrs ? Alors accrochez vous bien, car jusqu'au Nautilus final, votre vie ne sera plus jamais la même. Au delà de tout adjectif, l'enfer tient enfin sa bande son.