L'Hiver en Deuil

Artiste/Groupe

L'Hiver en Deuil

CD

Ter Aarde

Date de sortie

Novembre 2013

Label

Consouling Agency

Style

Black Metal mélancolique

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

14/20

Site Officiel Artiste

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C H R O N I Q U E

Après le très bon Acceptance/Rebuild du groupe belge qui répond au doux nom de Deuil, c’est au tour de L’Hiver en Deuil, autre formation belge, d’asseoir leur Black Metal salissant sur le thème -apparemment d’actualité- du deuil ; on s’y perd, mais ne serait-ce pas une nouvelle blague belge une fois ?!  

Trêve de plaisanteries, Ter Aarde est donc le premier EP de cette « presque » jeune formation originaire de Belgique pratiquant du Black Metal. Certains diront même du post-Black Metal. Mais j’ai quand même l’impression que le substantif « post » est aujourd’hui utilisé à peu près à toutes les sauces et surtout à des fins commerciales  quand on ne sait plus trop quel genre de musique on pratique... Je pencherai donc pour ma part pour le bon vieil adjectif de « mélancolique » pour désigner la teneur des propos du groupe, tant par les paroles que la musique en elle-même, plus proche d’un Empyrium qui se serait fait violence que d’un Wolves in the Throne Room ramolli.

Soleil noir de la mélancolie sur fond d’hiver en deuil, c’est ainsi que la sombre musique des Belges s’allonge sur sept pistes pour un total de trente-trois minutes seulement. Assez court au final si on les compare à leurs confrères de Deuil qui font le même score mais en deux pistes ! Enfin, certains vous diront que « le temps ne fait rien à l’affaire » ou plus vulgairement « qu’il n’y a pas que la taille qui compte ». L’Hiver en Deuil c’est un peu un mix des deux. Malgré le temps assez limité ils réussissent subtilement, et paradoxalement doucement, à vous accrocher de bout en bout. Lente mélancolie qui se profile en noir et blanc à travers les bons Ocean Black, As, Gesel, Fatum pour finir en violence acharnée dans un magistral Gekluisterd. Les chants sont polyglottes, mélange d’un Jacques Brel qui aurait rencontré une Flamande au détour d’un Shakespeare. « Scandale ! » me direz-vous, aurais-je justement oublié Les Flamandes ? Non, bien sûr je ne les ai pas oubliées, mais L’Hiver en Deuil nous rappelle avec justesse que le plat pays est avant tout un formidable lieu d’inter-culturalité où les mélancolies se croisent et se nourrissent entre elles. Brel ne renierait sans doute pas cela, lui qui chanta si bien cette tristesse belge au détour d’un noir clocher, et je vois d’ailleurs dans Gesel, de nos compères d’Hiver en Deuil, un bel hommage à cette mélancolie, lisez plutôt :

L’air morne qui nous entoure.

Le doute qui est comme un piège.

Tout est perdu.

Nos désirs sont vains.

Marqués comme des condamnés.

La vie et sa douleur nous ont brisés.

Sans aucune pitié.

Sans aucun regret.

Petit bémol cependant. Ter Aarde joue dans la froideur, extrême froideur d’un hiver qui se terminerait en deuil. Mais j’ai pourtant malheureusement l’impression que cette froideur en vient parfois à nous laisser un peu trop sur notre faim. Etant un grand amateur de musiques mélancoliques j’en attendais peut-être beaucoup trop du jeune groupe belge. Car la mélancolie, quoique tristesse de la bile, se communique souvent avec une certaine chaleur, on doit sentir la chaleur du désespoir et y trouver une forme d’extase dithyrambique. Mélancolie et froideur sont loin d’être des synonymes, et parfois cette froideur se fait trop sentir dans l’album… Froideur d’une musique qui n’arrive pas à transmettre totalement ses émotions et rate donc en partie sa cible et par ricochet son auditoire. J’ai dans un coin de ma tête le magistral Empyrium avec ses magnifiques et magiques poèmes dédiés à Saturne comme A Wintersunset, Ode to Melancholy et The Blue Mists of Night.

Peut-être que ce qui manque justement à L’Hiver en Deuil ce sont ces éléments plus « chaleureux » que sont les guitares sèches, violons et autres instruments folkloriques à cordes qui donnent une touche plus personnelle et envoûtante à une triste mélancolie d’hiver.

Pourtant, loin d’être déçu par ce premier EP d’Hiver en Deuil, ma critique est au contraire une forte envie de stimuler les Belges, de les impulser, pour les amener vers une perfection que je les crois capables d’atteindre. Un bon petit début pour une future belle réussite ! Et vive la Belgique !

 

Tracklist de Ter Aarde :

01. Prélude
02. Ocean Black
03. As
04. Gesel
05. Fatum
06. Gekluisterd
07. Outro

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