Artiste/Groupe:

Korn

CD:

The Nothing

Date de sortie:

Septembre 2019

Label:

Roadrunner

Style:

Neo Metal

Chroniqueur:

ced12

Note:

14/20

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Korn un groupe important pour quelqu'un de ma génération. Pour que le lecteur sache d'où je parle, je suis passé "à côté" de la vague néo-metal de la fin des années 90 n'y trouvant jamais mon compte musicalement. Je n'ai pas d'explication à avancer, Deftones m'a toujours ennuyé malgré des critiques élogieuses les concernant. J'avais bien écouté le Follow The Leader de Korn et l'avais trouvé bon (il y a vraiment des titres intéressants sur ce disque) mais je n'y suis jamais revenu et je n'ai pas vraiment écouté ce que propose ce groupe depuis. De ma vision lointaine, j'avais la sensation d'un groupe qui avait réellement apporté une grande contribution (en terme de son notamment) puis qui était rentré dans le rang en essayant de proposer autre chose allant vers des registres plus dark (presque gothique). Le départ de certains membres originels n'avait pas envoyé de signaux très positifs sur la formation. 

Oui mais le retour au bercail de Brian "Head" Welch ainsi qu'un line-up stabilisé avaient redonné un peu de visibilité au combo originaire de Bakersfield en Californie et le dernier album en date, The Serenity Of Suffering, avait récolté de bonnes critiques. C'est donc pour moi l'occasion de m'intéresser au Korn 2019. Et après quelques lectures d'interview du sieur Jonathan Davis (qui semble avec Munky vraiment être les deux maîtres à bord du quintet), les thèmes de ce nouvel album, enfin LE thème, est le deuil du chanteur suite au décès de sa femme après une overdose accidentelle de médicaments, sujet dramatique s'il en est (et problématique récurrente aux USA qui mériterait d'être sérieusement appréhendée tant les décès dans le monde de la musique se succèdent à un rythme inquiétant). Le titre de l'album (référence directe au deuil) de même que les titres de chanson sont pour certains explicites. Le visuel est très réussi avec la chute d'un personnage sur un fond blanc beige très sobre et toujours dans la thématique du groupe. Après les traumatismes de l'enfance des débuts, place à la chute de l'homme. On le voit bien, tout cela n'est pas très joyeux mais Korn ne l'a jamais été et les événements récents ne vont pas arranger cet état de fait.

Il me semblait important de préciser le contexte car la première plage de The Nothing ne peut être comprise sans. Une cornemuse apparaît, renvoyant aux premières heures de Korn, avant que Jonathan Davis n'intervienne pour finir en larmes. Cette première minute trente, sincèrement émouvante, plante le décor de ce disque. Impossible de ne pas penser au final du titre Daddy qui clôturait le premier album qui avait révélé Korn. Cold, plus classique, prend le relais et lance véritablement le disque sur de bonnes bases. Un bon titre, efficace et doté d'un refrain réussi. Rapidement, les sons caractéristiques de Korn pointent le bout de leur nez. Ce n'est pas ce que je préfère mais les fans y trouveront je pense leur compte. On navigue en terrain connu mais c'est très bien fait. Le son est juste excellent, très clair et le producteur (dont le groupe semble ravi) a fait un excellent job. La basse me semble moins présente qu'aux débuts du groupe mais point d'inquiétude, on entend toujours bien Fieldy, élément clé du son Korn. Sur le fond, je préfère bien ce son, le trouvant moins sale que celui qui avait tant marqué les années 90. Sur certains refrains, j'entends même du Paradise Lost (période Host) avec un côté Depeche Mode qui leur va plutôt bien. La palette vocale est toujours aussi large, le chanteur se donnant complètement. Les morceaux s'enchainent avec suffisamment de variété pour éviter l'ennui de l'auditeur révélant un groupe mature artistiquement.  

Sur la dernière piste, Jonathan Davis ferme la boucle et termine par un bouleversant "I failed", clôturant un disque qui semble définitivement à part dans la discographie du groupe. Si certains peuvent trouver le chanteur impudique sur les drames émanant son existence, impossible cependant de douter de sa sincérité et pour ma part, je trouve qu'on ressent une réelle empathie pour lui. En se servant de Korn pour évacuer ses tourments, Jonathan Davis, personnage tragique, aura su insuffler une âme à ce combo. 

Voilà, le lecteur est prévenu, The Nothing est sombre, sensible et intimiste. Dernier mohican de la scène néo-metal, Korn continue son chemin. N'en déplaise aux râleurs, Korn reste un groupe à l'importance historique réelle. Etre l'instigateur d'une scène musicale n'est pas donné à tout le monde, continuer d'exister après vingt années, c'est une sacrée performance qui mérite d'être soulignée. Malgré ma distance avec le groupe, ce disque est très recommandable et les fans de la formation californienne devraient y trouver leur compte sans aucun problème. Demeure que ceux allergiques au son Korn ne devraient pas avoir de "révélation". Cependant, si la curiosité les prenait, ils découvriraient un disque bien fait, sincère.

 

Tracklist de The Nothing :

01. The End Begins
02. Cold
03. You'll Never Find Me
04. The Darkness Is Revealing
05. Idiosyncrasy
06. The Seduction Of Indulgence
07. Finally Free
08. Can You Hear Me
09. The Ringmaster
10. Gravity Of Discomfort
11. H@rd3r
12. This Loss
13. Surrender To Failure

 

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