Il a fallu que je revienne quelques temps en arrière et que je réécouteTill You Decay and Black Snow, les premier et troisième albums de KLOGR pour que je comprenne et que j’apprécie au mieux les progrès réalisés par les Italiens entre 2012 et 2017. Progrès dans le style avant tout. Plus clair et assumé, Keystone s’affiche comme une (très) bonne production hard rock / metal. Paradoxalement ce choix semble avoir permis au groupe de savoir dans quelle direction se développer, comment grandir et donc progresser. Evolution aussi dans les mélodies. Ce quatrième opus est beaucoup plus musical que ne l’était Black Snow. Gabriele “Rusty” Rustichelli mène les troupes aves des envolées vocales moins gutturales que par le passé et parfaitement en harmonie avec les titres proposés. De son côté, Pietro Quilichini met du volume aux mélodies à grand coup de riffs rageurs. Keystone est donc à chaudement recommander, non pas aux amateurs d’un metal spécifique, mais bien à la communauté en son entier ; ce qui en soit est déjà une performance.
Le titre d’ouverture indique à lui seul l’évolution du groupe. Sleeping Through the Seasons est une belle entrée en matière. Tout y est : c’est mélodieux, changeant et facile à retenir. Avec son côté plus hard old school que metal, ce n’est pas le titre que je préfère mais il a l’avantage de bien mettre en place la suite. Prison of Light est beaucoup plus en ligne avec mes intérets. Lourd, avec des tonalités de voix et une structure rythmique des plus intéressantes, ce titre est un remarquable ambassadeur pour Keystone, tant il met en valeur les qualités musicales et de composition du groupe. Cela expliqueprobablement qu'il ait été choisi comme premier single de l'album. Technocracy a un côté très punk / grunge qui fait penser à l’ancien KLOGR. C’est court puissant, révolté. The Echoes of Sin apporte une dose de calme après ce début très musclé. Les faux relents mélancoliques façon Sting de l’intro ne résistent pas au refrain plus dans l'esprit Soundgarden. Cette ballade est agréable, car pas de tout repos. Joli titre qui apporte une variation intéressante. Pride Before the Fall nous ramène dans la dure réalité. C’est lourd. De manière très intéressante, ce titre se garde très facilement en tête. Le gimmick d’entrée du refrain ("We are the dinausors") permet de structurer le tout et de mettre en valeur la face très musicale de la seconde partie du titre. Something’s in the Air clôt la première partie de l’album sur une note éco-responsable. La double ligne de voix, italienne et anglaise, lance un titre qui fait très Soundgarden et Muse. Un titre de scène, puissant mais à la rythmique suffisamment lente pour permettre aux foules de rejoindre le groupe à l’unisson. Le gros travail à la batterie de Maicol Morgotti fait merveille.
La suite tient de la même veine. Drag You Back et son atmosphère sombre tient bien son rang. Le tempo un peu plus lent permet d’apprécier la partie rythmique de la basse de Roberto Galli. Moins visible que les autres instruments jusqu’alors, celle-ci prend enfin une place plus en adéquation avec ses qualités. Une rupture rythmique, un peu mielleuse à mon goût, n’enlève rien au titre et le solo de guitare de fin est encore une fois adéquatement placé pour rendre le titre agréable. Siren’s song n’est qu’un interlude électro, une ouverture pour Dark Tides. En couple, ces titres, plus prog, sont proches du travail de Steven Wilson sur des albums comme Grace from Drowning ouInsurgentes. C’est plus calme, mais encore une fois parfaitement structuré. Du coup les cinq minutes trente des deux titres passent comme une lettre à la poste. Silent Witness est plus haché, plus metal. Il a des consonnances du Nu Metal que le groupe faisait dans ses précédents albums, entre Kornet Muse (oui encore eux, pour le côté refrain puissant et envolées de la guitare). Ce n’est pas mal du tout et de plus, certainement, un bon titre de scène. Enigmatic Smiles ouvre comme un vrai titre thrash. Le reste est un poil en dessous du reste de l’album. Le titre n’est pas mauvais, mais un peu trop classique à mon goût. L’album se termine avec The Wall of Illusion, un bon titre de fin qui conclut l’album d’une manière efficace. Le jeu des chants rend bien et le côté fataliste des paroles ainsi que les mélodies de fin de titre tapent dans le mille.
Au final, même si j’ai mis un peu de temps à y renter, ce quatrième opus deKLOGR est un très bon album qui devrait être découvert par la plus grande partie d’entre vous. La production de David Bottrill, (qui a déjà travaillé avec Dream Theater, Muse, Placebo ou encore The Smashing Pumpkins) est irréprochable et le travail créatif du groupe de première facture. Dommage que le groupe n’ait pas encore de date en France dans leur tournée actuelle. Je vous aurais, autrement, chaudement recommandé d’aller les voir sur scène.
Tracklist de Keystone :
01. Sleeping through the Seasons 02. Prison of Light 03. Technocracy 04. The Echoes of Sin 05. Pride before the Fall 06. Something's in the Air 07. Drag You Back 08. Sirens' Song 09. Dark Tides 10. Silent Witness 11. Enigmatic Smile 12.The Wall of Illusion