Ma cousine Prune est une grande voyageuse, elle a visité des dizaines et des dizaines de pays différents. Mais celui dont elle est tombée amoureuse, c’est l’Inde, elle est toujours prête à y retourner et surtout à défendre ce magnifique pays : « En Inde, ils ne savent pas conduire, ils sont beaucoup trop par véhicule, et ils ont quelques problèmes avec les normes d’hygiène mais c’est un pays absolument magnifique, grandiose et haut en couleur ! ». Bref, elle en avait pris plein les yeux, la Prune’Hell.

L’autre jour, je la croise par hasard, elle revenait de Russie et me saute dessus en me disant qu’elle avait découvert un groupe de metal dont la musique hindoue était la principale influence, et que je devais absolument mettre une oreille là-dessus. Une fois l’information multi-ethnique assimilée, je me suis retourné vers Kartikeya groupe de Carnatic (musique traditionnelle hindoue qui met l'accent sur la structure et l'improvisation) Metal, qui sort Samudra, son troisième album. Album qualifié d’Ethnic Metal au concept parfaitement pensé.

La démarche du groupe est d’une originalité intéressante, la complexité des structures indiennes / hindoues sied plutôt bien à la musique metal. Les morceaux peuvent être assez tordus et le voyage est vraiment dépaysant, sans aucun doute. Les musiciens ont un niveau technique assez incroyable et ils peuvent assumer tout types de styles.

C’est d’ailleurs la grande force du groupe qui nous fait littéralement voyager à travers les genres. Une introduction tout en douceur avec des véritables instruments indiens, un premier riff bien gras à la sauce du Djent, un blast bien Death, pour revenir à des riffs lorgnant sur le Thrash. Le tout est pensé comme un titre progressif et l’on ne peut pas taxer le groupe de faire dans la facilité même si certains riffs peuvent paraitre convenus.

Mais là où le groupe est le plus captivant, c’est lorsqu’il quitte sa zone de confort et fait une place aux invités, Karl Sanders de Nile et Saï Shankar en l’occurrence. L’excellent Kannada - Munjaaneddu Kumbaaranna, chanson ambitieuse entrelaçant des instruments indiens traditionnels et des chants vivants, des mélodies exotiques, des riffs syncopés, des solos ahurissant qui collent vraiment à l’univers indien... Bref, une véritable petite merveille. Et lorsque le groupe s’ouvre à un peu plus de mélodie comme sur Samudra, leur musique prend réellement une tournure plus aérée loin d’être désagréable.

Mais il y a pas mal d’éléments avec lesquels j’ai du mal. D’abord je trouve l’album long, douze titres c’est déjà beaucoup d’autant que certains avoisinent les six à sept minutes. L’album dépasse l’heure et il peut s’avérer épuisant à l’écoute. Lorsqu’un groupe met six ans à peaufiner, remixer, remasteriser (…) un album il vaut mieux avoir du contenu mais quand même…

Et puis contrairement à certains groupes qui amalgament parfaitement l’influence ethnique et la puissance du metal, je trouve que Kartikeya peine à fusionner les deux. Les parties Death sont sympas, les parties à consonance hindoue sont aussi sympas, mais lorsque le mélange se fait, j’accroche moins. On se rapproche d’une superposition des genres, d’autant que le côté très très propre et un peu froide de la production en mode Djent est souvent en opposition avec la musique hindoue qui, elle, est plutôt une musique ronde et chaude. Ce contraste ne me plait pas.

Je suis donc plutôt mi-figue, mi-indien face à cet album. Je râle souvent face à des groupes qui font des choses que nous avons déjà entendues maintes et maintes fois, et Kartikeya évite globalement ce piège. Mais il manque un je-ne-sais-quoi pour rendre cet album exceptionnel, peut-être un peu plus de fraicheur et de spontanéité au final… Le rock ça se vit, ça ne se pense pas.
 
Tracklist de Samudra :

01. Dharma pt. 1 - Into The Sacred Waves
02. Tandava
03. Durga Puja
04. Pranama
05. The Horrors Of Home
06. Mask Of The Blind
07. Samudra
08. The Golden Blades
09. We Shall Never Die
10. Kannada - Munjaaneddu Kumbaaranna
11. Tunnels Of Naraka
12. The Crimson Age
13. Kumari Kandam
14. Dharma pt. 2 - Into The Tranquil Skies