Judas Priest

Artiste/Groupe

Judas Priest

CD

Jugulator

Date de sortie

1997

Style

Heavy Metal

Chroniqueur

Blaster of Muppets

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Certains albums de Judas Priest sont loins de faire l'unanimité, et Jugulator sorti en 1997 fait bien partie de ceux-là. La présence de ce disque dans la rubrique "Back To The Past" censée célébrer les plus beaux fleurons du Metal va donc en faire sourciller plus d'un, mais c'est comme ça, j'assume. Cela dit, je comprends bien pourquoi certains fans n'ont pas aimé ce Jugulator. Il est vrai qu'il n'a pas mis toutes les chances de son côté pour se faire aduler. Déjà, il fait suite à l'incroyable Painkiller (sept ans après, c'est long !) et Rob Halford a quitté le groupe. Alors c'est sûr, il ne part pas gagnant. En plus de cela, les Anglais ont décidé de nous offrir un album qui va plus loin dans le côté obscur de la force. Encore plus moderne, rageur, et bourrin que Painkiller, Jugulator (que l'on pourrait décrire comme la réponse de Judas Priest au Fight de Rob Halford) a tout de l'album risqué, pour ne pas dire casse-gueule.

Et pourtant (ça n'engage que moi, bien entendu) cette treizième offrande du Priest est une petite bombe qui contient quelques surprises et son lot de pépites. Rappelons tout de même que ces messieurs n'en sont pas à leur première prise de risque et que leur musique a beaucoup évolué depuis leurs débuts. Du Hard des années 70, au Heavy plus tranchant des 80's (avec British Steel, Screaming For Vengeance ou Defenders Of The Faith), en passant par la conquête des charts US avec le synthétique et aseptisé Turbo, ou la renaissance plus brutale en 1990 avec le terrible Painkiller, ce groupe n'a eu de cesse d'expérimenter et de changer de visage. Jugulator s'inscrit naturellement dans cette tradition et, bien que certains aient du mal à l'admettre, se trouve bel et bien être un vrai album de Judas Priest.
Pour être tout à fait franc et objectif, j'avouerai que deux petites choses me chiffonnent et m'empêchent de qualifier ce disque de chef-d'œuvre. Voulant poursuivre et accentuer la thématique metal moderne entamée avec Painkiller, Tipton et ses amis ont oublié en route un ingrédient essentiel de leur musique: les solos qui tuent. Si Jugulator n'est pas totalement exempt de prouesses guitaristiques, il est vrai que les fameux duels de guitares mélodiques, élément fort de l'identité du groupe, sont un peu passés à la trappe. A trop vouloir inscrire leur nouveau bébé dans une mouvance power/thrash bourrin des 90's, les Anglais causèrent à quelques fans de légitimes frustrations. Deuxième chose, quelques titres trop brutaux ou lourds comme Brain Dead et Abductors ne sont vraiment pas passionnants et s'éloignent bien trop des standards habituels de Judas Priest pour convaincre. Maintenant, si l'on met de côté ces deux compos et l'absence de solos éblouissants, le reste de l'album n'est ni plus ni moins qu'une bonne grosse claque !

Passons donc aux points forts de cette galette. Commençons par le nouveau chanteur. Tim "Ripper" Owens, parfait inconnu à l'époque (son groupe Winter's Bane n'avait pas spécialement attiré l'attention des médias jusque-là), est ce qu'il convient d'appeler la perle rare. Encore une fois, je sais que cet avis ne fait pas l'unanimité, mais je ne peux me résoudre à mentir, je ne vois pas comment Judas Priest aurait pu dénicher un meilleur remplaçant pour succéder à Rob Halford. Le jeune Américain a une voix surpuissante, ses capacités semblent infinies, et il assure une certaine continuité (il est capable de singer le Metal God de façon impressionnante sur certains vieux titres) tout en apportant sang neuf et modernité au groupe. Il faut l'écouter sur le live issue de la tournée de cet album pour s'en convaincre, il est tout simplement phénoménal. Peu de gens peuvent chanter ainsi... c'est presque inhumain !
Et puis, il y a les compos, modernes et puissantes. Là, ça bastonne et c'est le festival du riff qui tue. D'entrée de jeu, le titre Jugulator, balançant du up-tempo rageur à la suite d'une intro bien lourde sur fond de bruits de machine, met bien sa claque. Blood Stained permet à Tim Owens de montrer l'étendue de son talent sur un couplet impressionnant, le refrain, assez méchant, s'inscrit dans une veine thrash moderne. Plus mélodique et mid-tempo, Death Row est dotée d'un refrain aisément mémorisable, mais pour des titres plus forts, c'est vers l'incroyable et écrasante Bullet Train (quel riff ! Quel refrain !) ou la superbe Cathedral Spires qu'il faudra se tourner. Cette dernière est une compo épique de neuf minutes, à l'intro mélodique (dans la veine de celle de Blood Red Skies sur l'album Ram It Down) et au développement plus musclé. Elle est pourvue d'un superbe refrain mis en valeur par des chœurs bienvenus. Sa conclusion est magistrale et permet à Tim "Ripper" Owens de nous impressionner une dernière fois, et de quelle façon ! Avec plus de titres de cette trempe, c'est certain, Jugulator aurait davantage séduit les fans de la vieille époque.

Un peu à part dans la discographie du Priest, de par la présence d'un autre chanteur que Rob Halford et de son orientation plus moderne et musclée, Jugulator n'a donc pas la réputation d'un classique. Et pourtant, la qualité de ses compositions, la puissance qu'il dégage, et le talent incroyable du nouveau vocaliste en font, à mon avis, un album majeur des années 90. N'ayez pas peur de le (re)découvrir !

 

Tracklist de Jugulator :

01. Jugulator
02. Blood Stained
03. Dead Meat
04. Death Row
05. Decapitate
06. Burn In Hell
07. Brain Dead
08. Abductors
09. Bullet Train
10. Cathedral Spires

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !