Artiste/Groupe:

Judas Priest

CD:

Firepower

Date de sortie:

Mars 2018

Label:

Sony Music Entertainment

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14.5/20

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La légende est de retour ! Firepower, un album attendu au tournant ? C'est rien de le dire... Un peu de contexte pour que vous saisissiez l'état d'esprit de votre serviteur avant d'entrer dans le vif du sujet. Evidemment, comme (presque) tout métalleux qui se respecte, j'ai une grande admiration pour Judas Priest. Quelle carrière ! Non, je ne vais pas vous la refaire, rassurez-vous. Mais je vais juste avouer que je trouve que le combo britannique a du mal à briller depuis le début des années 2000. Il ne s'agit pas de dire que tout est mauvais mais, clairement, on sent que ses meilleures années ou décennies sont derrière lui. Après un Jugulator (1997) loin de faire l'unanimité (ce n'est pas du heavy classique et Halford est absent) mais qui m'avait tout de même beaucoup plu, Demolition (2001) avait été une grande déception et peut, à mon sens, être qualifié d'album le plus pénible jamais sorti par le Priest. En 2005, Angel Of Retribution avait remis les pendules à l'heure... mais pas totalement. Indiscutablement supérieur à son prédécesseur (avec, pour aider, le retour du Metal God derrière le micro et une recette plus traditionnelle), il n'était pas, en ce qui me concerne, la bombe décrite par certains. Un bon album tout de même, juste un peu inégal et pas à la hauteur des classiques du groupe. Nostradamus (2008) était intéressant, avec quelques belles choses, mais il était aussi un peu long, ampoulé, bancal... Et Redeemer Of Souls, sorti en 2014, après le départ de KK Downing (coup dur), a peiné à me convaincre. Encore une fois, pas un disque honteux mais très classique, peu inspiré, pas très bien produit... bref, une déception. Tout cela pour dire que quand Firepower débarque, je suis évidemment curieux et intéressé mais pas conquis d'avance. Je suis même un peu sceptique.

Ce dix-huitième opus démarre de façon vindicative avec la chanson titre. La compo est de facture classique mais on mesure tout de suite les progrès accomplis depuis Redeemer Of Souls. Deux bonnes nouvelles : le groupe semble en forme car le morceau a la patate et, cette fois, le son est à la hauteur (la production confiée à Tom Allom et Andy Sneap a franchement une autre allure que celle de Tipton et Exeter en 2014). Bon, rien de bouleversant non plus... le titre est tout de même assez cliché mais il est pourvu d'un riff qui envoie et d'un refrain speed sur fond de double grosse caisse efficace. La seconde piste n'est autre que Lightning Strike, première compo à avoir été dévoilée en janvier dernier. Là aussi, c'est du très classique. Ma première réaction quand j'ai entendu cette chanson a été de me dire que c'était sympathique mais assez banal. Assez proche d'un morceau comme Redeemer Of Souls (ou Hell Patrol) en fait, mais un peu plus dynamique et bien mieux produit. Pas mauvais, plutôt honnête même... mais convenu. Avec ces deux premières salves, Judas emprunte donc une voie similaire à celle de l'album précédent et fait donc dans le Priest classique mais avec une mise en forme plus convaincante. C'est toujours ça de pris mais on ne va pas dire que c'est renversant non plus. Cependant, la suite réserve de belles choses. 

Bien qu'on veuille, un peu à la manière de l'album précédent, nous rappeler les bons vieux jours (rien que la jaquette a quelque chose de Screaming For Vengeance), Firepower ne fait pas trop dans la décalcomanie. Et à partir de Evil Never Dies, j'ai le sentiment que l'album décolle davantage. Ce mid-tempo est particulièrement heavy, Halford se montre convaincant, les riffs et l'atmosphère de la compo me rappellent plus ses travaux avec le groupe qui porta son nom ou avec Fight que la NWOBHM. Never The Heroes est plus mélodique, hard rock, assez accrocheur avec un refrain facilement mémorisable. Simple mais efficace. Un peu plus loin, j'aime également beaucoup l'intro Guardians (avec du piano et de beaux leads de guitare) suivie de l'épique Rising From Ruins, une chanson assez majestueuse dotée d'un refrain classe. Et ce n'est pas fini, il y a encore de la place pour la qualité avec un petit brûlot nommé Flame Thrower. Non, toujours rien d'avant-gardiste en vue, on est en présence de heavy tout ce qu'il y a de plus basique mais son efficacité et son très bon refrain le rendent imparable. Le pesant Spectre avec un Halford on ne peut plus charismatique vaut également le détour. Du heavy écrasant et qui, en plus, a la bonne idée de ne pas trop rappeler d'anciennes compos du groupe. Rien que pour toutes les pistes que je viens de citer, Firepower vaut largement le coup. Judas Priest ne m'avait pas semblé en si bonne forme depuis un moment. En plus, Faulkner signe de très bons solos, eux aussi plus soignés ou inspirés qu'en 2014. La perfection n'étant pas de ce monde, ce cru 2018 possède quelques faiblesses. Necromancer aurait dû être l'un des morceaux phares de cette galette. Il avait tout pour lui : un riff en acier, une ambiance sympa avec des choeurs plutôt cool, un tempérament fougueux... mais je trouve le refrain poussif, un peu concon. Les goûts et les couleurs, me direz vous... Et une fois les dix premières pistes passées, je finis par me lasser. Traitor's Gate et Never Surrender ne sont pourtant pas mal, juste un peu moins bonnes que les pistes qui précèdent, mais c'est surtout Lone Wolf qui fait dans une espèce de gros stoner pesant que je ne trouve pas passionnante. Sea Of Red clôt cette aventure en sortant des guitares sèches et de jolies mélodies. C'est une ballade pas désagréable mais qui n'a pas tout à fait l'allure d'un final de feu d'artifice. 

Firepower ne peut évidemment pas rivaliser avec les classiques du groupe (Screaming, Defenders, Painkiller...), ça ne surprendra personne. Et même sans précisément le comparer à d'autres albums, il n'est pas parfait car un peu long avec ses quatorze pistes, pas très novateur et parasité par quelques compos pas mémorables (tous les goûts étant dans la nature, chacun aura les siennes)... Cependant, et c'est important de le souligner, il est d'un niveau auquel Judas Priest ne nous avait plus trop habitué ces derniers temps. Il démontre que ces vétérans, à défaut de prendre des risques et surprendre, ont encore de l'énergie à revendre et un certain savoir-faire. Finalement, le nombre de morceaux pas terribles est peu élevé et la galette s'avère consistante, cohérente et assez homogène. Le ton est puissant, vindicatif et la production remarquable. Vu l'âge des messieurs et leurs états de service, la défection de Downing il y a quelques années et la déception engendrée par Redeemer Of Souls en 2014, Firepower reste donc une bonne surprise. A tel point qu'il serait peut-être même souhaitable qu'il soit le dernier album du Priest... Non pas que je tienne absolument à ce que le groupe s'arrête (mais soyons réalistes, cela ne devrait quand même pas trop tarder, l'annonce récente d'un Tipton atteint de la maladie de Parkinson depuis dix ans maintenant ne rend pas hyper confiant non plus). Disons juste que je doute qu'il puisse faire bien mieux que cela. Et ainsi, sa carrière se terminerait de façon tout à fait honorable avec l'un des meilleurs disques qu'il ait sorti depuis le fameux Painkiller qui marqua tant les esprits. 

Tracklist de Firepower : 

01. Firepower
02. Lightning Strike
03. Evil Never Dies
04. Never The Heroes
05. Necromancer
06. Children Of The Sun
07. Guardians
08. Rising From Ruins
09. Flame Thrower
10. Spectre
11. Traitors Gate
12. Never Surrender
13. Lone Wolf
14. Sea Of Red