Artiste/Groupe:

Iron Mountain

CD:

Unum

Date de sortie:

Avril 2016

Label:

Prophecy Prduction

Style:

Folk Rock Atmosphérique

Chroniqueur:

El Piotr

Note:

16.5/20

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Du calme et de la modération : voilà ce que demande le peuple des portes. Mais si. Il faut bien se ressourcer entre une écoute affolée de Goregrind dégoulinant et une autre, intense, d’un black brutal à l’ancienne. Nos p’tits cœurs demandent à être ménagés car s’ils raffolent des extrêmes, ces derniers les heurtent sans concession. Et un p’tit cœur heurté réclame mécaniquement du folk rock atmosphérique. C’est scientifique. 

Ainsi, goûtons notre bonne fortune : Iron Mountain délivre avec Unum une ode à la tempérance, mesurée mais volontaire. Cinq titres en forme de baume régénérateur qui explorent doucement les possibilités d’une musique patiente et paisible. Les décharges d’énergies y sont disséminées avec parcimonie, si percutantes puisque si rares. 

Bonfire prend le soin de lancer l’album, sans hâte. Quatre minutes se déroulent, marquées par les apparitions successives d’une guitare discrète, d’une flûte et surtout d’une uilleann pipe, une cornemuse irlandaise à soufflet. Pardonnez-moi les approximations futures mais je me contenterai de nommer cet instrument traditionnel « cornemuse ». Non pas que je veuille par-là bafouer l’histoire si riche de cette terre d’exception ; disons simplement que ce terme s'intègre mal à mes phrases, malgré son charme exotique. 

L’introduction se déploie donc sous l’égide de la cornemuse et de ses notes continues, grinçantes. Puis la guitare et la flûte la rejoignent, sans qu’aucune ne s’impose indûment. Enfin, la batterie s’incorpore en douceur par divers roulements de caisse claire et de tintements de cymbale. Cela mène à un paroxysme soudain porté par les arpèges puissants de la cornemuse, propulsant par là même une première ligne de guitare énergique bientôt supplantée par la mélodie franche de la cornemuse, secondée de la flûte. Le titre se poursuit en une succession de plans aux héros divers : tantôt la flûte prend le commandement, tantôt le violon revendique la mélodie. Le tout débouche sur le jeu à l’unisson du violon et de la guitare en une section simple et pourtant si éloquente. La guitare s’égare pour un temps mais bien vite les deux instruments se réunissent, et le titre s’achève. Il s’agit ici du premier duo d’exception que l’album recèle. Le deuxième, plus prolifique encore est composé de la flûte et de la cornemuse. Les deux compères se marient avec entrain et bonheur : au grain crissant de l’une répond le velouté de l’autre, à l’agression plaintive réplique la douceur ferme et apaisante. Ce dialogue de textures atteint son faîte sur Enthralldom et Opium, les deux instruments partageant une même mélodie dont on ne sait quoi ressentir tant les sons émis s’opposent et se complètent. Les surprises affluent délicieusement, à l'image des lourds saxophones de Blitz ou encore de la dramatique clarinette de Powow. Autant de sonorités qui viennent enrichir la palette de l’album et en approfondissent le propos, l’affinent davantage qu’elles ne le complexifient.

Car tel est le maître mot d’Iron Mountain, la simplicité. Chaque plan, individuellement, est limpide. Les éclats sont rares et se retrouvent dans les solos de la cornemuse et de la flûte, parfois propulsées en de folles envolées. Mais les mélodies principales son dépouillées, intelligibles car très souvent assez lentes et répétées. Les plans se renouvellent et ne se ressemblent qu’au premier abord ; ici, la mélodie que l’on retrouve n’est plus jouée à la flûte mais au violon, et là, l’accompagnement est assuré par la cornemuse et non plus la guitare. Les transitions s’écoulent sans heurt d’une section à une autre, qui elles-mêmes mutent doucement. Les promesses d’envolées progressivement construites au gré des titres ne sont pas toujours tenues, parfois l’apogée désiré se dérobe furtivement et laisse place à une nouvelle accalmie. Les compositions s’animent sans hâte mais avec beaucoup d’à-propos et de malice.

Quel bonheur d’entendre une flûte si présente, vraiment à sa place aux côtés de la cornemuse et du violon, elle qui est si souvent perceptible comme un quota folk utilisé par des groupes à l’identité floue dont les instruments traditionnels sont une arme de plus pour dégainer des chansons à boire. Ici elle est reine, mène les compositions. Elle nourrit les mélodies et tisse les transitions, tempère la cornemuse et seconde le violon ; elle jaillit.

Vous l’aurez compris, Unum se savoure au calme. Le voyage promis contourne les aventures périlleuses et se déroule en une longue contemplation, entre quiétude et cahots.  

 

Tracklist de Unum :
 
01. Bonfire
02. Enthralldom
03. Blitz
04. Powow
05. Opium