Avec Irkallian Oracle, on peut parler de phénomène. Initialement sorti sous forme de K7 sur un label créé pour l’occasion, Bolvärk, leur premier album (Grave Ekstasis) a fait l’objet d’une telle demande que Nuclear War Now! s’est associé au groupe pour l’éditer en format CD et vinyle pour répondre à cette demande.

Hormis la qualité intrinsèque et indéniable de cet album, deux autres choses ont participé au succès de cette formation. D’une part, le mystère qui entoure le line-up : on les dit suédois, ils sont en principe six avec des noms étranges et ils sont toujours masqués sur scène. Leur vocaliste serait le même que celui de Nightbringer (du moins sur scène) et Phil Kusabs participerait au projet, sans doute en tant que bassiste (on reconnaît facilement son style) et très probablement derrière les manettes du studio. D’autre part, ceux qui ont eu la chance de les voir en live savent à quel point leur prestation est travaillée : bures de moines à capuche de rigueur, fumée d’encens à choper un cancer du poumon dans l’heure qui suit, rituel satanique à grand renfort d’accessoires tous azimuts mené par le maître de cérémonie en la personne du frontman longiligne.

Grave Ekstasis est un album de death doomique et profondément ritualiste, avec des morceaux qui se construisent sur la durée. Apollyon garde exactement la même formule, s’appuyant beaucoup plus sur la profondeur des atmosphères que sur l’accroche riffique.
Je trouve qu’avec ce dernier, ils sont comme passés à un niveau supérieur. Non pas que le premier déméritât, loin s’en faut. Mais ce dernier-né possède une homogénéité, une cohésion que son prédécesseur n’avait pas. C’est le genre d’album qui s’écoute d’une traite, tant il est immersif et envoûtant.
Si le groupe n’a strictement rien changé à sa formule, les atmosphères ritualistes et le concept semblent s’être encore affinés. J’aurais bien du mal à prendre un morceau en particulier dans la tracklist, contrairement au précédent sur lequel le riff d’Iconoclasm m’a hanté pendant longtemps. Même la superbe pièce finale de presque vingt minutes s’inscrit logiquement dans la continuité de ce qui précède, sans pour autant prendre l’importance que sa durée le laisserait croire – ce d’autant que la seconde moitié est strictement ambient.

David Herrerias a fait du très bon boulot pour ce groupe : il a non seulement réalisé la couverture, complètement assortie au concept, mais également le logo du groupe, qu’on reconnaît grâce à lui immédiatement sur une affiche.

Le ritualisme dans le metal extrême est normalement l’apanage du black metal. Irkallian Oracle fait clairement démentir cette affirmation et s’impose encore un peu plus aujourd’hui comme un des leaders de l’extrême ritualiste et occulte, autant sur album que sur scène.

Tracklist d’Apollyon :

01. Reflections
02. Conjuring The Expulsed
03. Sol
04. Elemental Crucifixion
05. Apollyonic Enstasis
06. At The Graveyard Of Gods