C H R O N I Q U E

Intervals, c'est un groupe canadien originaire de Toronto. Apparentés dès la sortie de leur premier EP, The Space Between (2011), au djent, leur évolution, qu'elle soit musicale mais aussi en terme de renommée, aura été fulgurante.

The Space Between proposait d'ores et déjà un metal instrumental de haute volée, dont les mélodies rapides et incisives inspirées, portées par les secousses rythmiques traditionnelles, activaient brutalement (et le font toujours avec autant d'efficacité) la machine à headbang. En dehors de ce déballage de mélodies à se décrocher la mâchoire, on retrouve un feeling prog' omniprésent, et les morceaux s'enchaînent avec fluidité. In Time quant à lui proposait une approche encore plus mélodique, et vit l'ajout de quelques mélodies plus sucrées. Un tout petit peu moins ma tasse de thé, même si la qualité musicale reste au rendez-vous.

Cependant, le but n'est pas de chroniquer leurs EPs, mais bien leur premier album, sorti en mars dernier, qui voit l'arrivée d'un chanteur, Mike Semesky (officiant dans un style un peu plus burné chez Ordinance). A l'époque, l'arrivée d'un chanteur au sein d'un groupe instrumental de haute volée cristallisait mes craintes : comment rajouter un chant à une musique déjà si complète ? Comme ça :

Non content de s'intégrer parfaitement au groupe, Mike Semestry apporte la touche nécessaire pour faire passer Intervals du statut de groupe instrumental (presque) lambda à celui de coup de cœur instantané et définitif. Mais vous ne lisez pas une critique pour lire des propos de fanboy, tentons alors de développer en quoi Intervals est un incontournable : 

Le son, parfaitement ajusté, met chaque instrument au premier niveau et laisse chacun s'exprimer. Seule la basse est légèrement en retrait, et sert d'appui rythmique à la guitare et à la batterie, ce qui n'est en soi pas un travail donné. La guitare lead, quant à elle, est loin d'avoir un son "académique" et, tout en restant très propre, ne tombe pas dans le piège du son "masterclass". La saturation appliquée à la guitare rythmique n'est pas trop appuyée, reste naturelle et ne possède pas ce "symptôme" After The Burial, à savoir un son trop monstrueux pour être vrai.

Les compositions d'Intervals sont un mélange réussi de volupté (Moment Marauder en est le plus bel exemple) et de mélodies taillées à la cisaille : tranchantes, précises. Elles sont parfaitement mises en exergue par le son que je vantais plus haut, mais seraient sans doute aussi intéressantes jouées en acoustique. Les morceaux se développent sur la durée, sans temps mort, et avec bon nombre d'envolées à couper le souffle. Le seul et unique reproche que j'ai à faire à cet album est la fin longuette de The Self Surrendered, qui s'éternise sur une mélodie au violon pas franchement intéressante.

Le chant, quant à lui, représente à lui seul l'évolution du style propre à Intervals. Le timbre de Mike Semestry est incroyable de retenue et de puissance mélangée. C'est bien simple, c'est le premier chanteur à me faire apprécier le chant clair. On est bien loin du feeling prépubère auquel bon nombre de coreux à mèche m'avaient habitué ! Si je ne devais retenir qu'un adjectif, ce serait l'élégance. Le chant est un nouvel instrument dans le groupe, et vient enrichir substantiellement la musique des Canadiens.

Tracklist de A Voice Within :

01. Ephemeral
02. Moment Marauder
03. Automaton
04. The Self Surrendered
05. Breathe
06. The Escape
07. Atlas Hour
08. Siren Sound
09. A Voice Within

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