Infestus

Artiste/Groupe

Infestus

CD

The Reflecting Void

Date de sortie

Avril 2014

Label

Debemur Morti Productions

Style

Black Metal

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

17/20

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C H R O N I Q U E

Blut Aus Nord, Monolithe, October Falls, Porta Nigra, Dirge et maintenant Infestus, on dirait qu’ils ont un sacré don de clairvoyance chez Debemur Morti. Tous de très bons groupes dans des styles très différents, mais néanmoins complémentaires. Chacun des groupes du label apporte sa pierre à l’édifice, dans leur singularité, en construisant une collection éclectique de petites pépites musicales qui finissent par former une totalité homogène. Infestus, qui a signé chez Debemur dès son deuxième album, Chroniken Des Ablebens en 2008 n’en est donc pas à son premier larcin, loin de là, et avait marqué les esprits avec son précédent opus , E x | I s t.

Andras, en capitaine chevronné, revient en ce début d’année 2014 avec une œuvre sombre, tortueuse, complexe, qui s’insinue doucement, dans une froideur métallique, au cœur de votre esprit malingre. Il infeste vos pensées pour y semer une graine de perversité, de chaos, qui vous donnera une sensation cathartique des plus intéressante, celle d’une connexion splendide à la « profonde horreur du spectacle du monde », comme le dirait si bien Nietzsche. Pour cela, je vous laisse apprécier Spiegel Der Seele pour vous en rendre compte. Les riffs du début sont psychédéliques, presque circulaires, puis vient s’installer une batterie puissante et rapide, qui augmente la cadence aux côtés d’une voix forte et grasse, pour finalement à nouveau ralentir le tempo dans un solo dantesque, toujours très tortueux ; et tout cela, ad infinitum.  

La grande qualité d’Infestus réside dans une conscience aiguisée de la complexité en Black Metal, très proche de ce point de vue là d’un Shining post-Halmstad. On reconnaît l’influence d’un BM plus mature, qui sait tirer sa force de la première vague, en gardant une noirceur et une puissance indiscutable, tout en s’accordant des délires extra-Black des plus enrichissants. Le retour de guitares acoustiques, parfois d’instruments jazzy, dans des mélodies moins bêtement linéaires, qui tirent partie de toute la gamme « diabolus in musica » de ce que peut offrir le Metal.  

« Tortueux » est l’adjectif qui sied le plus à ce The Reflecting Void. La musique d’Andras se construit, tel un rhizome, dans des connexions improbables mais toujours très pertinentes, toujours puissantes, toujours impressionnantes et machiavéliques. Et on ne s’y trompe pas quand on voit la pochette de l’album, cerveau percé par de multiples embranchements qui dévorent tout ce qui reste de naïveté et de candeur inconsciente en chacun de vous. L’album va littéralement vous dévorer, à la manière du serpent-monde, le Jörmungand viking, ou de Saturne dévorant un de ses fils de Goya, ou de l’avant-dernière piste de l’album, tout simplement, Devouring Darkness, qui vous fera voir la démesure humaine, « l’arrière-fond originel du monde » avec force et splendeur.

Infestus ne cherche pas à convaincre et argumenter, il cherche à produire une musique brute, sincère, réflexive et complexe. Le Black Metal qui y est développé est magnifique, dans la lignée des Shining période Halmstad, une vraie pépite, rafraîchissante et intellectualiste. C’est en tout cas mon ressenti. Mais la musique de The Reflecting Void est assez sinueuse pour laisser place à de multiples interprétations, selon les imaginaires et background de chacun. Evidemment, je le recommande de toute urgence.

Tracklist The Reflecting Void :

01. A Dying Dream
02. Spiegel der Seele
03. Constant Soul Corrosion
04. Cortical Spreading Darkness

05. Fractal Rise Of The Fall
06. Inner Reflexion

07. Devouring Darkness
08. Origin

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