Artiste/Groupe:

Immortal

CD:

Battles In The North

Date de sortie:

1995

Label:

Style:

Black Metal

Chroniqueur:

Orion

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En 1995, le Black Metal n'est pas aussi populaire qu'actuellement (et je me rends compte qu'une fois écrits, les termes "Black Metal" et "populaire" ne semblent pas franchement faits pour être mis ensemble). Ce que je veux dire, c'est qu'il est loin de connaître l'engouement qui sera le sien plus tard et reste à cette époque très underground et connu de quelques afficionados. D'ailleurs, trouver les albums de Black chez les disquaires n'était pas une mince affaire. Quelques combos seulement s’étaient lancés dans l'aventure, principalement en Norvège, le berceau de ce mouvement musical sombre et maléfique. Et pourtant, malgré cet état de fait, Battles In The North va connaître un certain succès. Il fut même l'album le plus vendu du groupe... et l'une des plus grosses ventes pour le Black Metal.

Immortal a été créé en 1990 et, au départ, jouait un Death Metal malsain influencé par Morbid Angel et Possessed. Puis le groupe a doucement glissé vers une approche plus black (Bathory et Celtic Frost sont alors cités comme influences) et a sorti deux albums, Diabolical Fullmoon Mysticism (1992) et Pure Holocaust (1993). Grâce à eux, le groupe norvégien est vite devenu une référence dans le milieu underground. Mais en 1995, c’est leur troisième album, Battles in the North, qui va élargir leur notoriété et les faire passer au statut de groupe culte.
Réduit à l'état de duo après leur dernier album, Demonaz (guitares) et Abbath (basse et vocaux) ne s'encombrent pas de la recherche d'un batteur et décident d'enregistrer eux-mêmes les parties de batterie pour cet album. C’est Abbath qui se charge donc de ce travail. Qu’il ne soit pas batteur n’est pas un souci. Il n’est pas vraiment chanteur non plus… Voilà complètement l’esprit du Black Metal. Le son est cradingue, on est loin, mais alors très loin de l'univers très technique du Metal Progressif mais on s'en fout royalement. Abbath et Demonaz n'ont pas prévu de décrocher un prix de conservatoire et encore moins les honneurs d'une quelconque remise d'awards. Non, eux, leur but est de faire la musique qui leur tient à coeur, la plus agressive et rapide possible, pour illustrer leurs textes. Immortal se démarque d'ailleurs des autres groupes norvégiens de l'époque avec des textes sur la nature et sur des légendes nordiques comme celle du Blashyrkh, corbeau géant, héros de plusieurs de leurs titres. On retrouve pourtant la croix inversée dans leur logo mais c'est finalement plus pour le décorum.
Contrairement à ses collègues de l’époque, Immortal a beaucoup joué sur l’esthétique. Les maquillages sont assez recherchés et pas dégoulinants, comme le sont souvent ceux de leurs confrères. Ils se rapprochent un peu de Kiss en fait (celui de Demonaz présente des similitudes avec celui de Gene Simmons). Ils sont d’ailleurs l’un des premiers groupes de Black à avoir tourné des vidéos. Je ne parlerai pas de celle de Call Of The Wintermoon, morceau du premier album, qui a été tourné en un temps record et qui est le sommet du kitch en la matière mais des deux nouvelles vidéos tournées pour cette album, Blashyrkh et Grim And Frostbitten Kingdoms, tournées de manière bien plus professionnelle avec de belles images pour la première et où l’on peut voir Hellhammer de Mayhem tenir la batterie dans la seconde.
Musicalement, c’est donc du brut de décoffrage. La batterie est limite anarchique, les riffs vous giflent, les solos de guitares (quand il y en a) sont plus qu'approximatifs, le son est abrasif. La voix d’Abbath est criarde. On est loin des dernières productions du groupe, bien plus sophistiquées. Et c’est clair, si on étudie chacun de ces éléments indépendamment des autres, sur le papier, ce n’est pas franchement reluisant. Mais mis tous ensemble, ils créent une véritable atmosphère belliqueuse, une musique jusqu’au-boutiste qui a une force d’impact impressionnante. On se demandait, à l’époque d’Overkill (de Motörhead) ou des premiers Venom, comment trois musiciens pouvaient créer un bordel pareil. Avec Immortal, on se pose la même question mais en plus, ils ne sont que deux ! Tous les titres de l’album sont joués à fond les ballons. Ce qui fait que les dix titres qui le composent passent à la vitesse du TGV (l’album ne dure que trente minutes). Quelques répits (de courte durée) quand même avec l’intro à la basse du magnifique Cursed Realms Of The Winterdemons, titre sur lequel on entend Abbath qui tente presque de chanter ou encore le break majestueux de Blashyrkh. Car oui, dans ce fatras, on arrive à déceler des tentatives de mélodies (Through The Halls Of Eternity, Circling Above In Time Before Time, Blashyrkh évidemment). Ce dernier morceau est sans doute le point culminant de l’album, moins rapide que les autres mais tout aussi intense. Une voie que le groupe suivra avec les albums suivants, mais sans pour autant oublier les morceaux bien agressifs.

Battles In The North est tout simplement l’un des albums les plus importants de la production Black Metal norvégienne. Et cocorico, c’est un label français, Osmose Productions, qui nous a permis de découvrir ce combo. Un album que tous les black metalleux se doivent de posséder, au même titre que A Blaze In The Northern Sky de DarkthroneDe Mysteriis Dom Sathanas de Mayhem ou In The Nightside Eclipse de Emperor… Les quatre piliers du Black Metal norvégien.

 

Tracklist de Battles in the North :

01. Battles In The North
02. Grim And Frostbitten Kingdoms
03. Descent Into Eminent Silence
04. Throned By Blackstorms
05. Moonrise Fields Of Sorrow
06. Cursed Realms Of The Winterdemons
07. At The Stormy Gates Of Mist
08. Through The Halls Of Eternity
09. Circling Above In Time Before Time
10. Blashyrkh (Mighty Ravendark)