Artiste/Groupe:

Guns N'Roses

CD:

Use Your Illusion

Date de sortie:

1991

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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"Cet album contient des paroles que certaines personnes pourront trouver offensantes. Elles peuvent aller se faire foutre et acheter un truc dans la section new age."
Quelle entrée en matière, ce sticker collé sur l'album ! Il faut dire que Guns N'Roses n'était pas le genre de groupe à faire comme les autres. La preuve, c'est avec deux albums d'un coup (l’équivalent de quatre vinyles) que le groupe revenait sur le devant de la scène. Deux albums qui auront fait couler bien des hectolitres d'encre (et il continue d'ailleurs, la preuve !).
Il faut dire que Use Your Illusion (que l’on va aborder ici dans son ensemble) est un énorme pavé dans la mare.

Guns N'Roses, le groupe qui défrayait la chronique et qui n'avait pourtant, à son actif qu'un mini-album live (on laissera de côté l’intermède acoustique Lies) et un album studio. Mais quel album ! Appetite for Destruction, l'album de toute une génération, l'album qui s'est écoulé par palettes de trente tonnes. L’album arrivé pile au moment où l’on avait besoin de lui. Alors, difficile pour un groupe aussi jeune de donner une suite à une telle bombe ?
Guns N'Roses ne recule devant rien et sort donc l’équivalent d’un double album, vendu en deux parties. En tout, trente titres. Ils étaient attendus au tournant, évidemment. Le groupe devenu mégastar en un temps record était-il encore capable de composer un chef d'œuvre ? La réponse tient en ces deux albums (que tout le monde a acheté en même temps, les yeux fermés, ne venez pas me raconter le contraire aujourd'hui). La preuve : cinq cent mille exemplaires vendus rien que le jour de sa sortie.

Alors, bien sûr, devant autant de morceaux, il y a du bon, de l'excellent et aussi du moins bon. Certains chercheront à différencier ces deux volumes. Le jaune (volume 1) est plus ceci, le bleu (volume 2) est moins cela... oui, peut-être. Mais on s'en fout. Use Your Illusion est une œuvre à considérer dans son intégralité.
GNR profite de cette créativité débordante pour tenter des choses nouvelles. On allait trouver de tout sur ce Use your Illusion. Guns N'Roses ne s'impose aucune limite (ce qui est une grande force pour un groupe finalement aussi jeune). Et si parfois, on ne voit pas bien l'intérêt (le désolant My World, heureusement calé à la toute fin de Use Your Illusion 2, que Axl Rose aurait rajouté sur l’album à l’insu des autres membres du groupe), de manière générale, c'est plutôt une grosse réussite.
Quelques titres restent tout à fait dans l'esprit du Appetite (Right Next Door to Hell, Shotgun Blues, Back Off Bitch, Bad Obsession, Don’t Damn Me, You Could Be Mine...), alliant la hargne du Axl Rose (dont la voix ressemble toujours à celle d’un chat qui s’est coincé la queue dans une porte) aux guitares affûtées de la paire Stradlin / Slash. Des morceaux nerveux auréolés des solos du père Slash, qui restent débordants de feeling.
La grande nouveauté, c’est l'utilisation du piano, instrument totalement absent chez GNR jusqu'alors, qui devient important, voire prépondérant sur quelques morceaux, notamment ceux de Use Your Illusion 2. Le groupe passe d’ailleurs de cinq à six membres avec l’incorporation du claviériste Dizzy Reed.
C’est quand le groupe tente de longues pièces qu’il devient le plus impressionnant (Civil War, Coma, November Rain, Locomotive, Breakdown, Estranged) car on ne l’attendait pas forcément sur ce terrain-là. Le poignant Civil War est un chef d’œuvre à lui tout seul. Breakdown avec sa longue montée en puissance et un solo de Slash assez dément ou encore Locomotive avec son riff laminoir et sa fin mélodique au piano sont de grands moments. Et Coma va tout simplement vous clouer au sol.
Des singles, il va y en avoir. A commencer par You Could Be Mine (pour la BO du film Terminator 2 dans lequel les membres du groupe font une toute petite apparition mais il ne faut pas cligner des yeux, sinon on les rate), suivie de la ballade qui terrasse, Don’t Cry. Le type de ballade que d'autres groupes cherchaient désespérément à écrire depuis X années (demandez à Whitesnake, Aerosmith ou Kiss), GNR l'a fait. November Rain, belle ballade avec piano dominateur, va faire un carton aussi.
Les deux reprises, Live and Let Die (de Paul Mc Cartney avec les Wings) et Knockin On Heaven’s Door (de Bob Dylan) sont un peu la cerise sur la gâteau tant le groupe se les approprie de la meilleure des façons. Deux morceaux qui vont bien marcher également.
Tout cela nous donne deux albums variés où l’on passe d’une ambiance Punk (Get in the Ring sur lequel Axl règle ses comptes avec les journalistes qui ne l’ont pas épargné toutes ces années, certains sont nommément cités, ça a dû leur faire plaisir) à un feeling Bluesy (You Ain’t The First), du rythme bien groovy (Pretty Tied Up) en passant par des ambiances flamenco (le magnifique Double Talkin' Jive). La réponse des Guns à la vague grunge venue tout bouleverser : "on fait ce qu’on veut, si vous n’aimez pas, on s’en fout."
On aura évidemment quelques morceaux moins palpitants (Dead Horse, Yesterdays, Bad Apples), ce qui, sur la quantité, ne représente finalement pas grand chose.
Le groupe, composé de très fortes personnalités, en tirait sa force. Quand on regarde les compositeurs de ces deux albums, on voit que tout le monde a été mis à contribution (ainsi que quelques invités d'ailleurs), sauf le nouveau batteur Matt Sorum. C'est aussi pourquoi on trouve quelques titres qui ne sont pas chantés par Axl Rose. Izzy Stradlin chante trois de ces compos (You Ain’t the First, 14 Years et Dust n'Bones, ces deux dernières étant tout simplement superbes). Duff Mc Kagan en chante une (So Fine, en hommage à Johnny Thunders des New York Dolls qui venait de décéder), et accompagne Axl sur quelques autres. Shannon Hoon (de Blind Melon) vient aussi lui prêter main forte sur une poignée de titres. Et pour terminer sur la partie vocale, sur The Garden, on retrouve un invité de marque en la personne d’Alice Cooper.

Mais cette force que Guns n'Roses tirait des différentes personnalités le composant s'avèrera aussi par la suite sa grande faiblesse. Car le groupe ne survivra pas longtemps sous cette forme. Le premier à mettre les bouts sera tout de même Izzy Stradlin, l’un des principaux compositeurs (et certains diront celui qui avait le plus de talent). Le succès du groupe, énorme, va notamment monter à la tête d’un Axl Rose assez instable et va avoir raison de l’unité de façade. Et à partir de là, le groupe va partir en vrille pour finir par ne plus ressembler à rien.
Dommage. Un destin incroyable, exceptionnel dont ces deux albums auront finalement été le chant du cygne.

Tracklist de Use Your Illusion 1 :

01. Right Next Door to Hell
02. Dust n'Bones
03. Live and let Die
04. Don't Cry
05. Perfect Crime
06. You Ain't The First
07. Bad Obsession
08. Back Off Bitch
09. Double Talkin' Jive
10. November Rain
11. The Garden
12. Garden of Eden
13. Don't Damn Me
14. Bad Apples
15. Dead Horse
16. Coma


Tracklist de Use Your Illusion 2 :

01. Civil War
02. 14 Years
03. Yesterdays
04. Knockin' On heaven's Door
05. Get in the Ring
06. Shotgun Blues
07. Breakdown
08. Pretty Tied Up
09. Locomotive
10. So Fine
11. Estranged
12. You Could Be Mine
13. Don't Cry
(alt. lyrics)
14. My World