Guns N' Roses

Artiste/Groupe

Guns N' Roses

Album

Chinese Democracy

Date de sortie

Novembre 2008

Style

Rock

Chroniqueurs

Fx, Yann

Note Fx

14/20

Note Yann

17/20

Site Officiel

C H R O N I Q U E Fx

La voici ! La plus grande Arlésienne de l'histoire du Hard-Rock et peut être même de la musique au sens large du terme. Au point que lorsqu'un groupe lambda commençait à se faire attendre, le potentiel album était surnommé « Chinese Democracy ». Voilà une vanne qui aura été largement éculée ces 10 dernières années et qu'Axl Rose et ses sbires nous ont enlevés de manière définitive.

La légitimité du nom Guns N' Roses pour cet album est aussi largement défendable, 15 ans après la dernière galette estampillée Guns, qui avait encore à son bord, Slash, Duff et Cie. Imaginez que Chris Cornell ait souhaité qu'Audioslave se nomme Soundgarden, cela n'aurait sans doute pas eu beaucoup de sens. Il est vrai que la musique des deux combos n'avait rien à voir, mais en même temps « Chinese Democracy » est à des années lumières de « Use Your Illusion I & II ». Ajoutons qu'il est évident qu'aucun album au monde, aussi génial soit-il, n'aurait mérité un tel investissement financier, d'une part, puis de temps et de travail d'autre part.

Essayons donc de se pencher sur cet album tout en faisant fi de tout le contexte qui entoure celui-ci. Comme dis plus haut, on est bien loin des Guns d'antan, mais cela aurait sans doute été suicidaire, et dommage au vu des guitaristes présents tout au long de la composition de « Chinese Democracy ». Le ton est donné dès le morceau-titre, avec ses grands relents Indus. On retrouve le timbre écorché d'Axl, ceux qui détestaient ne changeront pas d'opinion, mais les amateurs seront aux anges, car le travail effectué par le grand dictat des Guns est réellement impressionnant, et démontre toute l'étendue de sa palette vocale.

Buckethead, Robin Finck et Ron « Bumblefoot » Thal sont des guitaristes de grand talent et sans doute même de génie pour certains, le feeling de certains riffs est énorme comme l'atteste « Better ». On appréciera également l'ambiance latine de « If the World », ou encore le solo de « This I love » que le grand Gary Moore n'aurait pas renié, cette balade est sans doute une des pépites de cet album, avec un Axl impeccable derrière son piano.

On ne peut que saluer la diversité de « Chinese Democracy », qui constitue sans aucun doute un véritable travail d'orfèvre. Mais malgré toutes ses qualités, cette galette possède un arrière-goût. Une sensation qu'il manque dans tout ça un petit quelque chose pour que cet album touche vraiment l'excellence. Un manque de spontanéité sans doute, car le tout est trop calculé, comme si à force de polir son « précieux », Axl l'avait rendu trop lisse. L'enregistrement d'un album demande du temps, mais à force de faire, défaire, refaire, on peut ôter à un disque toute son énergie et sa sincérité, c'est hélas le constat après de multiples écoutes.

En conclusion, ce « Chinese Democracy » qui était annoncé comme un naufrage musical, est finalement bien loin d'en être un. Certaines compositions, quand on s'y attarde, forcent vraiment le respect. Là où le bas blesse c'est que cet album n'a pas la petite étincelle supplémentaire qui fait la différence sur tout le monde. Guns N' Roses semble être aujourd'hui comparable à une grande entreprise gérée par Axl Rose qui sait s'entourer des plus talentueux et pompe au maximum le meilleur de ses employés et ceci sans aucun regret afin d'arriver à ses fins. Le produit est au final de qualité supérieure, mais n'aura jamais le charme de certains petits producteurs.

C H R O N I Q U E Yann

Que d'attente, d'espoirs et de désillusions depuis l'ère "Use Your Illusion" ! Après le très moyen "Spaghetti Incident" qui symbolisait la fin du génie créatif de Guns N' Roses dans les années 90, après les nombreux rebondissements et scandales que la presse people a pris un malin plaisir à relayer, plus personne ne croyait vraiment à ce que le rouquin puisse un jour se relever et sortir l'album le plus improbable et le plus inattendu du 21ème siècle, j'ai nommé "Chinese Democracy". Un album dont la date de sortie a été tellement de fois repoussée que son simple nom faisait s'esclaffer tout le public rock. Puis le grand jour est arrivé, le 21 Novembre 2008, il est arrivé... le grand, l'immense, l'excellent "Chinese Democracy".
Premier constat : Axl Rose s'est entouré d'une équipe entièrement renouvelée. Excepté le claviériste Dizzy Reed qui trainait déjà aux côtés du groupe à l'époque "Use Your Illusion", tous les autres zicos sont nouveaux. On comprend vite à la lecture du casting que le père Axl voulait du sang neuf pour moderniser Guns N' Roses et offrir un son nouveau. Exit les années 90. On notera entre autres la présence de Ron "Bumblefoot" Thal, guitar-hero déjanté de génie élevé au Frank Zappa jouant dans un style barré comparable à celui de Matthias Ia Eklundh ; celle d'un autre alien de la guitare, j'ai nommé "Buckethead", l'homme au chapeau KFC ; Robin Finck, ex-membre de Nine Inch Nails et j'en passe... Bref, le rouquin a décidé de se tourner vers l'avenir, vers un son des années 2000, en s'éloignant du bon vieux style bluesy de l'homme au gibus.
Niveau production, l'album est tout simplement parfait. Presque trop sophistiqué même. Les pistes et arrangements sont tellement nombreux qu'il serait inenvisageable pour un groupe amateur d'en jouer une reprise.
Au niveau des compos, même si de nombreuses démos circulaient sur le Net depuis quelques années, beaucoup s'attendaient à une orientation neo-metal. Il n'en a rien été. Le groupe d'Axl Rose offre sur cet album un hard-rock moderne et racé, des compos solides, bien construites et accrocheuses. Les solos de guitare techniques modernes et déjantés sont omniprésents. Le père Axl a écrit les compos puis donné carte blanche à ses musiciens exceptionnels et le résultat est brillant.
Dès les premières notes de "Chinese Democracy", le volume augmente crescendo et on entend Axl brailler tel qu'à l'époque de "Welcome To The Jungle".
Le refrain de "Schackler's Revenge" est ultra-accrocheur, Axl monte dans les aigus... Le californien n'a jamais aussi bien chanté ! Ecoutez le solo de guitare monstrueux déjanté au milieu ! Buckethead joue dans un style à la croisée de Ron Thal et de Steve Vai !
"Better" est certainement "le" tube de l'album. La voix d'Axl Rose et le style même du morceau nous rappellent l'époque d'"Estranged". Les phrasés vocaux et le style d'Axl sur "There Was A Time" nous ramènent également vers l'ère "Use Your Illusion".
"Street Of Dreams", même si un brin "commerciale", est une ballade rock démontrant une nouvelle fois les performances et le feeling exceptionnels d'Axl.
"Catcher In The Rye" est également un autre moment fort de ce "Chinese Democracy", un morceau ultra-accrocheur sur lequel il démontre qu'il maitrise toujours aussi bien le piano qu'à l'époque de "November Rain". Et c'est cette fois Ron "Bumblefoot" Thal qui vient balancer un magnifique solo ultra-saturé et plein de feelings.
"Sorry" affiche une influence qu'Axl Rose n'avait jamais dévoilée jusque là : celle de Pink Floyd. Une ballade planante au style Floydien que David Gilmour aurait pu composer, magnifique ballade aux paroles sur lequel le chanteur tente d'exorciser ses démons ("I'm sorry for you, not sorry for me").
L'agressivité et la hargne d'Axl sont omniprésentes sur "I.R.S" et "Scraped", morceaux sur lequel il s'arrache la voix. Une autre pseudo-ballade intéressante est "Madagascar", compo sur laquelle le chanteur s'exprime sur de nombreux samples et nappes de clavier.
Bref, au travers des 14 morceaux de ce "Chinese Democracy", on ne s'ennuie jamais. Un album composé à 30% de compos géniales, à 60% d'excellentes et à 10% de très bonnes. Rien à jeter. Certes, ce n'est plus du Guns N' Roses tel qu'on le connaissait dans les années 90, "Chinese Democracy" est avant tout l'album de l'excellent mégalo Axl Rose. Ceux qui critiquaient l'individu auront du à ne pas admettre qu'il est un compositeur hors-pair et un chanteur de génie. "Chinese Democracy" est un album de hard-rock moderne regroupant un casting d'excellents musiciens tournés vers l'avenir.