« Le chaos, règne »

Du petit village champêtre de Cavaso Del Tomba près de Venise s’échappe une musique un brin étrange pour le lieu (voyez plutôt la capture d'écran de GG Street View ci-dessous). Pourquoi « étrange » ? Parce que le duo ne joue pas la sérénade attendue dans nos esprits conditionnés, mais un style de Black Metal assez chaotique et virulent. Cette musique, c’est celle de Gorrch, jeune formation italienne de Metal Noir (au sens littéral du terme).

Nera Estasi est le premier opus du groupe, mais quel opus ! Un véritable déferlement de Metal apocalyptique à la fois bordélique et fouillé. Car de la pagaille apparente s’échappe une ligne de fuite stable et bien tracée. Un peu à la manière de ces chemins esquissés dans la bouche béante de la pochette de l’album. On est aspiré dans un vacuum intense mais toujours raccroché à une mélodie quasi imperceptible, comme un astronaute en-casqué dans le vide est relié à son vaisseau. Un simple câble retient l’auditeur de la perte totale et désordonnée dans le néant néfaste de la pensée, symbolisée par la matière noire…

Le topo ne peut pas être plus exact. C’est en tout cas de cette manière que mon cerveau déconditionné le perçoit. Gorrch s’enfonce dans les traditions tout en continuant de dresser et ajouter une pierre à l’édifice tortueux, mais solide, qu’est le Black Metal.

Branle-bas de combat !

Gorrch n’est pas simplement « chaotique », il est aussi violent et subversif. Les mélodies tiraillent l’esprit dans la dissonance, les guitares virevoltent dans le néant et les voix sont presque en sourdine, comme oubliées dans un tumulte guerrier et cataclysmique.

Qu’en retire l’auditeur ? L’exaltation d’une musique jouissive et puissante, la tentation du vide et son contraire, l’authenticité d’un Metal perturbé mais contôlé… Bref, la joie de découvrir un bon album de Black Metal, tout simplement (mais c’est déjà beaucoup).


Tracklist de Nera Estasi :

01. Decrepita stasi
02. Cinico dominio
03. Altra bile
04. Crudo primordio
05. Intima tenebra
06. Nera estasi