Gojira

Artiste/Groupe

Gojira

Album

The Way of All Flesh

Date de sortie

Septembre 2008

Style

Death Métal

Chroniqueurs

FlorentV, Damien

Note FlorentV

19/20

Note Damien

18/20

Site Officiel

C H R O N I Q U E FlorentV

Pour comprendre la démarche de The Way of All Flesh il faut repartir de From Mars To Sirius. La nouvelle galette de Gojira est en quelque sorte l'antithèse de l'album précédent, qui décrivait une vie plus libre, une échappée vers d'autres mondes, vers d'autres planètes, celles où les baleines volent... La vision de la vie dans The Way of All Flesh est radicalement différente, c'est une vie dont on connait chaque moments et que l'on tente de changer sans y parvenir.
Le concept de cycle immuable se retrouve dans l'ensemble du CD. Ce concept est combiné avec un côté robotique : les hommes sont programmés dès leur naissance, ils suivent tous le même parcours, la même voie dans un état proche de l'automate. La pochette montre un squelette où il subsiste quelques vestiges d'humanité. On ne nous prépare pas à plonger dans la bonne humeur.

Côté musique on quitte l'univers de From Mars To Sirius dès "Oroborus", le premier titre. Un léger rappel de "Global Warming" (titre final l'album précédent) avec le tapping et on plonge dans une ambiance terriblement sombre. Le son est dans la même veine que les autres albums du groupe, la batterie est peut-être un peu plus mise en avant. Logan Mader a réussi à saisir le son particulier du groupe tout en l'adaptant à cette atmosphère pesante.
On voyage à travers ce cercle vicieux que constituent les douze pistes de The Way of All Flesh. Et ce voyage ne laisse pas indemne. On passe de la colère de ne pouvoir sortir de cette sphère avec "All The Tears", à la résignation de vivre comme un robot (les effets sur la voix de "A Sight to Behold"). Les thèmes chers à Gojira sont toujours présents: l'écologie dans "Toxic Garbage Island", la mort sur "The Art Of Dying". "The Silver Cord", un morceau instrumental, permet un temps de repos mais n'enlève pas la sensation de lourdeur qui accompagne l'écoute de l'album.
Cette sensation de lourdeur est accentuée par la présence de morceaux mid-tempo notamment "Wolf Down The Earth" et l'énormissime "Vacuity" qui fait parti des meilleurs chansons des Landais. Le chant de Randy Blyth (Lamb Of GoD) sur "Adoration for None" ,qui confirme la portée international de Gojira, est d'une violence incommensurable et permet à The Way of All Flesh d'égaler sans problème son prédécésseur en terme d'énergie. "Yama's Messengers" et "Esoteric Surgery" sont tous deux classiques, dans le pur style gojirien. L'aspect de la roue du temps qui passe est traduit musicalement par des passages ternaires, des séquence rythmiques répétés, des sons d'ambiance entre les morceaux qui constituent le fil conducteur du voyage. L'album finit par le morceau titre "The Way of All Flesh" qui s'achève sur un tapping rappelant l'intro d'"Oroborus". La boucle est bouclé, l'éternel cycle se poursuit.

Avec The Way of All Flesh , Gojira confirme sans contestation son statut de groupe incontournable dans le paysage métal français et continue son évolution musicale. Le groupe fait preuve d'un maturité franche qui permet à la musique de coller au concept et vice et versa. The Way of All Flesh est sans aucun doute l'album le plus abouti du groupe.

C H R O N I Q U E Damien

Gojira est le nouveau caporal de la scène française. Après avoir exterminé la concurrence avec le génial From Mars To Sirius, le groupe est allé conquérir le monde notamment de l'autre côté de l'Atlantique, monde qui lui a bien rendu en faisant de lui l'égal des meilleurs au niveau de la réputation. C'est ainsi que les landais sont devenus les fers de lance de la scène de tout un pays. Les ambassadeurs de la bonification du Métal hexagonal. Et les espoirs placés en ces prophètes modernes devaient se concrétiser avec la réalisation de ce nouvel album nommé The Way Of All Flesh. Et dès Oroborus, les choses se mettent en place. Le chant de Joe Duplantier est toujours aussi excellent, ses deux compères assurent encore comme des bêtes, on est en territoire connu. Première évolution, la structure de la chanson est moins directe et évidente que celles évidentes de FMTS. Toxic Garbage Island, c'est là que le groupe pose son groove ravageur, ses progressions lancinantes, mais au bout de ces deux morceaux, quelque chose cloche. Quelque chose manque. Pas le temps de se poser de questions que débarque un objet musical non identifié, synthétique, bizzaroïde, avec une voix presque transgénique. Etrange, le groupe brouille les pistes. Pour mieux nous exploser. Et de quelle manière ! Yama's Messenger que ça s'appelle. Voici le meilleur exemple de pure rouleau compresseur entendu depuis...From Mars ! Mario Duplantier est une vraie machine, une mitrailleuse lourde qui dégomme tout ce qui passe dans son champ de tir, les riffs sont astronomiques, on balance la tête frénétiquement sans pouvoir s'arrêter et le mieux c'est que ce morceau dégage une spiritualité saisissante. C'est là que l'on mesure le travail accomplit et l'expérience acquise par ce commando. Et le groupe enchaîne de manière magnifique avec The Silver Chord, 2'33 d'un instrumental relaxant et émouvant. Adoration For None repars bille en tête sur un pur morceau gojiresque, avec toujours cette impression d'équilibre et de perfection qui persiste et dure. La production est différente de celle de From Mars, plus puissante, plus claire, moins personnelle. Le groupe se lance ensuite dans un duo avec le chanteur de Lamb Of God pour un morceau de GojiraCore : riffs menaçants, dualité complémentaire dans les chants, l'usine a gaz est lancée a toute vapeur. Pour arriver sur LE gros morceau de l'album. On commence par The Art Of Dying. Petite intro rythmique, tout se met en place, et là débarque THE riff : la tempête faite de notes, soutenue par le chant génialement parfait et désincarné de Monsieur Joe, de petits passages saccadés, et le refrain. LE REFRAIN ! Le refrain, c'est le meilleur jamais entendu depuis... ba... depuis les travaux de monsieur Townsend (qui nous manque lui, d'ailleurs). Rien que ça. Le riff de la sixième minute lance la dernière partie du morceau avec une mélodie et un riff qui décalquent, qui entêtent, qui hantent. A la manière d'un Global Warming dans l'esprit. A la fin de ces presque 10 minutes (!), on arrive en vue d'Esoteric Surgery, monstre sombre et défoulant qui déroule toujours une de ces mélodies que pas grand monde ne pourrait sortir de nos jours. Vacuity envahit ensuite l'espace et se pose en tant que tube incontestable de l'album. Attention, tube gojiresque donc repoussant pour le commun des mortels mais pourtant irresistible pour quiconque s'y connait un minimum en musique saturée. Encore et toujours le chant vindicatif, les temps contrecarrés par les cassures rythmiques, bref un titre comme on voudrait que la scène française nous en ponde toute l'année. Et ça continue avec le vicieux Wolf Down The Earth, lancinant, ralentit a l'extrême lors de certaines phases afin de décupler sa puissance de frappe. Et enfin, le morceau titre, celui qui résume tout, celui qui contient en son sein tous les éléments qui font de ce Way Of All Flesh ce qu'il est, son essence. Dernières fessées assurées, un petit morceau atmosphérique clôt ce nouveau chapitre de l'aventure des landais. En résumé, que vaut ce The Way Of All Flesh ? Vous avez vu la pochette ? Vous savez quel est le groupe qui joue dessus ? Alors pourquoi poser cette question ? On fonce les yeux fermés, sûrs de se prendre une claque et on se la prend. Peut être moins forte que ce a quoi on s'attendait. Peut être moins marquée par le sceau du Death Metal aussi. Mais Gojira est le seul maître de sa musique et il en a une totale maîtrise que l'on ne peut qu'admirer de la part d'un groupe au final pas si vieux que ça. Le groupe assure donc son statut de maître, se permet d'évoluer et d'incorporer a son métal définitif des éléments qui lui permettront d'assouvir encore quelques âmes récalcitrantes a vérité. On se tait, et on applaudit.